Chapitre 3

159 29 9
                                    


Les jours défilent et une certaine routine s’est instaurée. Speedy, qui est sorti plus vite que prévu du coma, a surpris tout le monde en désirant venir chez moi, parmi nous, faire sa rééducation au lieu de filer dans un centre adapté.
Il m’a dit, un jour lorsque ma mère venait de lui administrer sa piqûre quotidienne, que je représentais le seul frère qui ne lui cassera pas les pieds vu que je suis le seul taiseux que comptent les Shadow Riders. Le truc, c’est que tous les Shadow Riders gravitent chez moi.
Il suit donc sa rééducation à la maison avec des professionnels que Hothead lui a envoyé, des connaissances du corps des Marines à la retraite. Speedy ne les apprécie pas trop, mais ce n’est pas le cas de son infirmière à domicile préférée. Ma mère a le chic de le faire rire aux éclats de bon matin et ça procure direct de bonnes ondes pour le reste de la journée. Un Speedy heureux égale un chapitre heureux.
Quant à Kim, elle reste dans les parages. Elle déambule au hasard dans ma propriété, le regard perdu dans des pensées qui la tourmentent grandement et la tiennent éveillée les nuits, si j’en juge les cernes qui ombrent ses yeux. Elle est déçue par Tina. Elle tente de la joindre inlassablement et ne s’inquiète plus de son absence de réponse, car elle-même est totalement décalée, renfermée, depuis le tournoi.
Et me concernant, les mauvais rêves ont ranimé des angoisses longuement enfouies en moi. Revoir et revivre en songe la guerre ramène inévitablement à la surface le rappel douloureux de la raison première qui m’y a mené. Je suis à nouveau torturé par la perte de mon père. Continuellement hanté par les souvenirs qui me reste de lui et qui commencent depuis quelques temps à devenir flous.
Apercevant Kim assise toute seule au milieu des herbes hautes, je décide de la rejoindre. Si elle est étonnée de mon approche lorsque je laisse tombée ma lourde carcasse à ses côtés, elle n’en montre rien.
— Je t’ai encore entendu cette nuit, m’apprend-elle.
Je renifle.
— Qui ne m’entend pas, déploré-je d’un ton las.
— Ton père te manque toujours autant, évoque-t-elle.
— Sa mort n’a jamais été résolue. Je ne sais pas s’il est mort en vain et ça me rend malade, lui confié-je.
— C’était un valeureux Marine, un frère de club incroyable et il t’aimait fort, concentre-toi davantage sur ses souvenirs-là. Seuls ceux-là doivent rester en mémoire et compter. Le reste n’a pas d’importance.
Ses paroles me touchent et font sens. Elles dénichent une part en moi qui a absolument besoin de trouver un certain réconfort. Je la regarde d’une tout autre façon. Elle paraît si blasée.
— Tu as beaucoup changé, lui livré-je.
Elle sourit furtivement et me jette un regard amusé sans rien répondre avant de porter son attention sur Speedy que Scar et Warrior aident à installer sur la balancelle présente sous le porche de l’entrée.
— Il est hanté par sa nouvelle image, dit-elle tout à coup. Il pense que personne ne sera assez fou pour s’attacher à lui maintenant qu’il est marqué à vie. Il ne sait pas combien il peut représenter la perle rare tant il est charmant. C’est un chouette gars qui pense avoir un physique ingrat et avoir tout perdu à cause de cela alors qu’il détient sûrement la personnalité la plus magnifique. J’espère qu’il en prendra rapidement conscience.
Je repose mon attention sur elle et l’analyse plus longuement. Elle finit par se lasser.
— Pose-moi ta satanée question, le taiseux. C’est franchement pas agréable d’être lorgnée de la sorte.
Je pouffe légèrement.
— Je n’aurais jamais pensé avoir à dire ça, mais ça fait plaisir de te réentendre parler de manière insupportable.
À son tour, elle s’esclaffe.
— Tu ne m’as jamais réellement appréciée, n’est-ce pas ? Tes regards mitrailleurs posés sur moi très fréquemment étaient assez éloquents.
— Faut dire que tu étais une sacrée casse-pied pourrie-gâtée.
— « Étais », hum, j’apprécie que tu tournes ça au passé. Ça veut dire que je le suis moins dorénavant et que je te suis devenu plus « tolérable ».
Je ris avant de lui demander :
— Plus sérieusement, Kim, qu’est-ce qui ne va pas ?
Elle ne répond pas, laissant ses yeux s’évader sur la ville en contrebas.
J’insiste :
— Depuis Sturgis, le tournoi et cette conne de 3K, tu es méconnaissable.
Elle finit par secouer la tête et arrache quelques brindilles sèches qu’elle triture ensuite entre ses doigts.
— Tout, lâche-t-elle finalement. Rien ne va plus. Je ne suis jamais à la hauteur. Je finis toujours par décevoir mon père. Je suis une fille insupportable qui harasse tout le monde, ma façon de penser, de réagir n’est jamais la bonne. J’ai toujours faux sur toute la ligne. Le pire, c’est que je fournis un effort incommensurable pour que tout le monde puisse m’apprécier, mais je ne récolte jamais ce que j’escompte réellement. Je suis qu’une petite peste et chaque trait pourri de ma personnalité me tue à petit feux.
Les brindilles finissent en petits morceaux qu’elle décapite les uns après les autres et forment un petit tas devant ses jambes pliées en tailleur.
— Speedy est passé à deux doigts de clamser, poursuit-elle, et ça m’a foutue une sacrée trouille à laquelle je ne m’attendais pas. Avoir dû fuir ma tente parce que ma meilleure copine et toi aviez le feu au con et à la queue m’a poussée à regagner sa tente et sa compagnie. Et c’est peut-être toutes ces heures passées à discuter avec lui qui m’ont permis de découvrir un autre aperçu de lui, de moi aussi, d’un quelque chose que j’ai aimé distinguer autant chez lui qu’en moi. Toutes ces nouveautés m’ont ouvert une autre possibilité d’avenir. Un chemin de plus s’est esquissé devant moi. Dois-je l’emprunter au détriment d’un autre ?
Elle abandonne les derniers morceaux d’herbes et se frotte les mains avant de continuer ses confessions.
— Et puis, il y a Tina. Ma sœur de cœur, la personne que j’ai de plus proche dans ma vie, dans toute mon âme avec mon paternel. Elle m’a laissée comme si je ne comptais pas. Mes sentiments pour elle sont contradictoires et je me déteste pour ça aussi.
— Pourquoi ?
Son regard affolé se pose sur moi.
— Parce que je ressens des choses que je ne devrais pas. Ce n’est pas digne d’une meilleure amie, d’une sœur. J’ai honte qu’ils puissent m’animer parfois. Je le lui ai déjà confié et tu sais quoi ? Elle ne s’est même pas offusquée. Lui confier que je l’enviais, la jalousais ne l’a pas énervée, mais peinée parce que cela l’a fait culpabiliser que je ressente ce genre de trucs déplacés. Elle s’en voulait que j’éprouve pareilles choses. Mais comment peut-il en aller autrement ? Elle est la fille parfaite pour un père. Elle est plus qu’à la hauteur. Elle ne déçoit jamais Hothead. Elle n’épuise pas tout le monde à force de sottises. Sa façon de penser et de réagir est toujours la bonne. Elle a toujours bon sur toute la ligne et sans fournir le moindre effort et est appréciée de tous. Elle est et reste toujours parfaite. Forte, courageuse, belle comme pas permis… Mais elle a fini par me laisser derrière elle faisant de moi qu’une ombre. Je me sentais comme ça : son ombre. Mais elle a toujours fait en sorte de me placer en avant parce qu’elle savait mon envie, mon besoin de briller, alors elle s’efforçait de me faire davantage étinceler pour une seule raison : me voir heureuse. Et cela sans se préoccuper d’elle-même. Je suis une amie horrible qu’elle ne mérite pas. Elle a sûrement eu raison de me laisser en plan. Mais te concernant toi, ça ne colle pas.
— Kim, l’avertis-je.
Elle s’énerve et attrape mes mains entre les siennes tout en gardant ses yeux devenus un peu fous et larmoyants fixés aux miens.
— Je n’en démords pas. Elle t’aime, Loner. Si tu savais le nombre d’étoiles qui dansait dans ses yeux lorsque je lui demandais de me parler de vous. Elle était tellement comblée de bonheur et de joie qu’elle aurait été capable de péter des putain de paillettes.
Voyant que je commence à m’agacer de la tournure que prend la discussion, elle lâche mes mains. Je tends un doigt entre nous dans un avertissement. Elle capte et se taire dans un silence qui lui coûte vu la grimace que lui cause de devoir ravaler la suite de ses paroles que je ne veux pas entendre.
— D’une : tu étais une fille insupportable. Peu importe la raison, tu étais une vraie chieuse. Mais la chose à retenir c’est que oui, on peut en parler au passé, et ça c’est un putain d’exploit. Tu peux me croire. Cette peste de fille est derrière-nous. J’aime beaucoup la version du présent, comme tout le monde. Donc, tu es désormais une fille intéressante que tout le monde apprécie sans qu’elle ne fournisse d’effort. Ce naturel-là est agréable et beau à regarder.
Elle ricane légèrement, puis hoche la tête.
— De deux : Vouloir être parfaite ne fait pas de toi une mauvaise personne, mais quelqu’un qui cherche à se bonifier et plaire. Il n’y a pas de mal à ça. Ta meilleure pote l’a compris facilement sans s’offusquer parce que tu n’as pas un fond mauvais. Ce n’étaient pas une jalousie et de l’envie méchantes, mais quelque chose que tu espérais devenir sans penser des trucs horribles sur ta meilleure amie. Visualiser une image que l’on souhaite devenir, n’est pas mauvais, faire des coups tordus, ça oui, mais tu n’as rien fait de tel. Rassure-toi, tu es tout à fait normale.
— D’accord, souffle-t-elle.
— De trois : T’être rapprochée de Speedy est une bonne chose si tu trouves qu’il t’aide à te sentir mieux et te faire sentir à l’aise ou en osmose en sa compagnie. Tout ça, c’est à toi de voir. Tu as raison, c’est un nouveau chemin qui s’est ouvert devant toi et si ça fait sens en toi, alors tente de l’emprunter. Et je dois te confier que je suis très fier de toi, de t’être autant occupé de lui en restant à son chevet à l’hosto. On te doit tous une fière chandelle parce que nous sommes tous conscients que ça l’a énormément aidé. Alors merci pour ça.
Elle accueille mes paroles dans un petit sourire.
— De quatre : Moi, ça ne compte pas. Elle a fait son choix et c’est assez dur pour moi, Kim. Je ne souhaite pas en parler. C’est compliqué. Tout part en couille dans ma tête, dans ma vie et il me faut à tout prix me concentrer pour m’en sortir parce que ça ne se voit peut-être pas de l’extérieur, mais j’ai gravement sombré. Alors, s’il-te-plaît, ne m’en dis pas plus. ça m’aidera à me relever.
Elle se mordille les lèvres avant d’accepter, mais Kim reste toujours un peu de l’ancienne Kim, c’est-à-dire têtue.
Elle se relève et s’époussette l’arrière-train, puis déclare avant de me laisser seul :
— Elle n’a jamais aimé Ghost. Pas d’amour, mais d’amitié. L’amour de sa vie c’est bel et bien toi, andouille. Fais ce que tu veux avec ça, mais fallait que je t’assure cette vérité. Je suis la mieux placée pour pouvoir avérer une telle chose.
En quelques phrases, Kim vient de redonner naissance à l’ensemble des doutes qui m’assaillent jour et nuit.
 
L’heure suivante, je tue quelques heures à la forge. Ça me procure le vide que je recherche urgemment quand je cogite beaucoup trop. Aujourd’hui ne fait pas exception. Surtout après ma discussion avec Kim.
Brawler me rejoint une fois avoir terminé une tâche pour le club. Il se trouve que comme moi, il est assez maussade ces derniers jours. On pourrait croire que ce prospect sous ma responsabilité, calque son humeur sur la mienne.
Je fronce les sourcils quand je le surprends à battre le fer chaud de manière acharnée. C’est comme s’il déversait toute sa haine à peine contenue dans chaque coup contre l’acier rougeâtre.
Je ne décide d’intervenir qu’au bout de quelques minutes afin de lui éviter de se blesser. Son front est en nage, son visage aussi rouge que le métal après cet exercice en guise de défouloir.
— Un tour sur le parcours avec moi, ça te dit ?
Il lâche le marteau et le pose sur l’enclume à ses côtés, puis s’essuie le front d’un geste du bras. Sa respiration est saccadée et il ouvre la bouche à plusieurs reprises sans pour autant me livrer une réponse.
— Allez, on fait une pause, décidé-je.
Sans ne rien dire, il me suit tandis que d’un signe de tête je lui indique l’arrière. Les frères se trouvent devant chez moi, entre la forge et la maison, l’autre côté de la forge reste toujours désert ce qui est idéal pour péter les plombs librement sans public ou apprécier la solitude.
Brawler n’attend pas une seconde et fonce sur une pile de vieux pneus sur laquelle il poursuit de passer ses nerfs. Merde, c’est qu’il en a plus gros sur le cœur que ce que je croyais.
Je n’interviens pas. Je préfère me rouler une cigarette – mauvaise habitude que j’ai repris depuis le départ de Tina, je me déteste aussi pour ça. Je regarde les volutes de fumée s’échapper de ma bouche et disparaître dans l’air pendant que les grognements rageurs du prospect nous entourent. Ces derniers laissent place à l’épuisement et un certain harassement.
Lorsqu’il juge bon, après un dernier coup de pieds dans le caoutchouc, que c’en est assez, j’interviens. 
— ça va mieux ?
Il soupire en portant ses mains sur les hanches et fixe le sol caillouteux devant lui.
— Pff, ça n’ira jamais mieux.
J’arque un sourcil pour interrogation.
Il vient finalement s’installer à mes côtés sur le vieux parquet qu’offre la terrasse arrière extérieure. Faudrait que je pense à le rafistoler, me dis-je en évaluant une des planches surélevées et une autre trop voilée pour pouvoir y marcher dessus. L’ensemble étant beaucoup trop fané à mon goût, mais bon, après tout il ne s’agit là que de l’arrière de ma forge.
— J’ai recroisé ma mère, me dit enfin Brawler.
Je sais qu’il a traversé des trucs plutôt moches niveau familial, mais il n’en parle pas tellement. Les rares fois où il y a fait allusion n’étaient qu’après des soirées un peu trop arrosées au MC. Ça lui arrivait de lâcher quelques bribes de paroles sur sa situation, ce qui m’a aiguillé au fur et à mesure que cela arrivait.
Il n’en reparlait jamais le lendemain, donc je laissais couler. S’il regrettait ou ne se sentait pas prêt à en discuter c’est qu’il jugeait bon garder ces choses-là pour lui seul, point. Mais, je me languissais secrètement qu’il laisse un peu ce mur qu’il a durement bâti s’effriter. Notamment pour se libérer enfin de la charge que représentent les problèmes qu’il a pu rencontrer ou qu’il rencontre toujours à l’heure actuelle. Il est bon de se confier parfois.
Mon esprit se représente aussitôt ma mère en pensant cela.  
— Le nouveau mec qu’elle a depuis un certain temps… Je rêve de l’étriper, m’avoue-t-il dans un grognement hargneux. C’est déjà arrivé. Je lui suis tombé dessus à plusieurs reprises, mais va savoir pourquoi elle continue à rester avec lui alors qu’il la martèle de coups. Il la traite comme de la merde, et elle lui trouve toujours des excuses. Bien entendu, d’après elle, c’est moi le problème et non lui parce que j’interviens dès que je vois les ecchymoses sur elle.
Je pince les lèvres. C’est pas nouveau d’entendre ce genre de confessions.
— Je sais parfaitement qu’elle n’est pas la mère de l’année, mais c’est ma mère. Qu’est-ce que je suis censé faire ? Je dois lui tourner le dos une bonne fois pour toutes parce qu’elle n’a pas pris son rôle de maman au sérieux ?
Je hausse les épaules en écrasant ma clope sous la semelle d’une de mes pompes.
— ça dépend de quel genre de mère on parle, lâché-je.
Il renâcle avec un air de mépris clairement affiché.
— Le genre : « Je ne suis pas mère ».
— Dans ce cas, ça craint. J’imagine qu’elle ne se rappelle de toi que lorsqu’elle est à sec. Fric, drogue ou autre.
Il ne répond pas, mais dévie son regard hanté de moi. Donc, j’ai bien présumé.
Je pose une main sur son épaule et regagne son attention.
Ses yeux fixés aux miens, je lui déclare :
— Pense à toi, Brawler. Tu ne peux pas sauver quelqu’un qui ne veut pas l’être. Tu ne peux pas mener ce genre de combat quand la personne qui doit le relever n’en ressent aucune envie. Tracer ton bout de chemin à toi sans regarder derrière ne fait pas de toi une mauvaise personne ou un mauvais fils, dans ton cas. Alors tu es en droit de lâcher prise et de tracer ta route. Si jamais, un jour, ta mère nourrit des regrets et fait un pas vers toi en toute sincérité, alors à ce moment-là seulement tu pourras envisager de lui offrir ton soutien ou pas. Ce sera à toi de décider. Mais ce n’est pas aujourd’hui.
Il ne dit rien durant les quelques secondes qui filent après mes paroles, puis finit par hocher la tête.
Je me penche vers lui en veillant qu’il me regarde bien quand je lui rappelle :
— Tu n’es plus seul. Tu as une famille. Nous sommes ta putain de famille et t’as désormais un tas de frangins.
— Je ne suis encore qu’un prospect. Je n’ai aucune garantit d’avoir trouvé ma place, même si dans mon cœur je l’espère plus que tout.
— Arrête ton char, tu sais parfaitement que tu as mérité nos couleurs. Tu es l’un des nôtres.
— Entièrement d’accord, déclare une voix derrière nous.
Ranger.
— D’ailleurs, je dois aussi organiser la réunion concernant le vote de ton admission chez nous, lui dit-il.
Je me retourne vers le prospect et lui adresse un clin d’œil auquel il répond par un regain d’énergie à travers un fin sourire.
Je m’intéresse à nouveau à mon président après m’être levé imité par Brawler.
— Du nouveau ? lancé-je.
Il acquiesce.
— Réunion dans ton salon, m’informe-t-il.
Je laisse la forge à Brawler en m’assurant que notre petit échange lui a été bénéfique et rejoins l’agitation qui règne à l’intérieur de ma baraque avec tous les frères réunis. Le vieux, mon grand-père, râle après mon saleté de clebs, car ce dernier vient de manquer le faire tomber en dévalant entre ses jambes. Dans un coin, Scar et Warrior sont morts de rire vu qu’ils sont à l’origine du jeté de balle vers lui.
Un peu d’amusements avant les choses sérieuses ne fait jamais de mal, mais bon sang, c’est le putain de bordel chez moi… Je lance un regard désespéré vers le ciel avant de refermer dans mon dos, comme si mon père pouvait me voir et rire à mes dépens.
Tout le monde trouve une place et ma mère et Kim foutent le camp, ravies de s’éloigner de ce qu’elles nomment comme une troupe de machos – sans cerveaux, ajoutent-elles pour certains. Oh, elles ne partent pas loin vu notre situation, mais le brasero à l’extérieur fait amplement l’affaire quand aucun frère ne s’y trouve avachi.
Ranger frappe dans ses mains tandis que Hothead apparaît en dernier et s’installe à ses côtés sur un des tabourets qui ont été traînés jusqu’au salon.
— Les plans de reconstruction du MC et de ceux de l’Oregon, de l’Idaho et du Dakota sont terminés. Ils vont donc être rebattis. Merci aux assurances qui n’ont pas fait traîner ni aux autorités en constatant qu’il s’agissait bien d’actes criminels, mais qui s’en moquaient comme d’une guigne et donc n’ont pas retardé nos affaires en ne s’y intéressant tout simplement pas.
Hothead ricane suivi de beaucoup d’entre nous. C’est pas nouveau que les flics ne peuvent pas tellement nous blairer.
— Une bonne chose qui se met en place, résume Ranger. Ensuite, les choses un peu plus sérieuses, bien que du point de vue de Loner celle-ci était sans doute la plus importante vu qu’il se retrouve avec nous tous sur les bras.
Scar et Warrior éclatent de rire comme les débilos qu’ils sont. Je leur adresse un doigt d’honneur qui décuple leur hilarité. Speedy, installé dans un coin du canapé, tente de rire sous cape afin d’alléger la douleur que lui procure son amusement.
— Encore une fois, Loner, merci de prendre sur toi.
J’arque un sourcil à son attention l’air de dire : Tu veux que je redresse mon majeur ?
Ce dernier sourit en coin, puis se râcle la gorge en reprenant son sérieux.
— Les deux prospects chargés de filer le révérend O’Connell et les autres de surveiller le club qu’a déniché Loner le mois dernier, ont du nouveau. O’Connell est en lien avec tout un tas de clubs illégaux : sexe, drogue et j’en passe. Et oui, toujours entouré de gens fantastiques : des enfoirés d’extrémistes que nous avons pu identifier au fur et à mesure des clichés qui nous ont été transmis. Nous sommes en mesure d’établir un joli tableaux et relier l’ensemble de ces cons sur une carte mondiale. Deux régulières ont été aperçu après la fermeture du club non loin de Sturgis, un soir. Les frères du Dakota sont sur le coup.
— Enfin, souffle Rambo à quelques heures de faire l’ouverture du X-Girl.
— Oui, c’est pas trop tôt, mais y’a une colle et une sacrée, reprend Ranger.
Tandis que tout le monde retient sa respiration, il déclare sombrement :
— La merde qui nous est tombée dessus vient forcément de chez nous.
Une exclamation de dégoût et de stupeur s’abat dans le salon.
— Vous vous imaginez bien que depuis tous ces jours, Hothead et moi avons passé au peigne fin toutes les possibilités qui auraient pu nous griller. Aucune n’a retenu notre attention, alors nous en avons conclu qu’une taupe est forcément dans nos rangs.
Une agitation règne aussitôt dans la pièce.
— Du calme, mes frères ! Je n’accuse aucun d’entre vous de faire ami-ami dans notre dos avec ces connards de 3K, mais un Shadow est bien à l’origine de ce foutoir. On nous a vendu.            

Shadow Riders #Bewitching biker's girl & #In Turmoil Où les histoires vivent. Découvrez maintenant