Loner
L’aube fait son apparition et teinte un ciel dégagé d’une couleur blanchâtre à l’horizon avant de passer à l’aurore qui offrira un panel de couleurs saumonées. L’air est frais. Il sent la rosée déposée durant la nuit sur les plantes poussant à l’état sauvage qui dégagent de doux effluves. C’est agréable.
Je ne me lasse jamais de me lever tôt pour partir courir et emplir mes poumons de cet air pur tout en contemplant le lever du jour. Je dors peu ces temps-ci, mais cela ne m’empêche pas de ne pas déroger à mon habitude.
Bien que nous nous soyons couchés tard, Warrior, Scar et moi sommes déjà en place, dans une ancienne cabane tombant en ruine, afin de pouvoir être présents lors de l’arrivée imminente de quelques membres des 3K.
Dumbo les suit à distance en s’assurant qu’ils ne fassent pas de détours sur la route dans l’objectif de retrouver certaines personnes avant de parvenir à Sturgis. Une fois qu’ils seront là, il foncera au clubhouse se reposer autant qu’il le souhaite avant de se replonger dans les affaires de notre chapitre, parce qu’il nous représente devant la loi en tant qu’avocat du club.
Certains frères derrière les barreaux attendent son retour avec impatience afin qu’il puisse se charger à nouveau pleinement d’eux et de leur sentence qu’il doit à tout prix éviter qu’elle ne s’alourdisse.
— Alors Kim a sauté sur Bonnie, répète Warrior semblant ne pas en revenir.
Brawler m’a envoyé, avant de se coucher, son compte rendu de la fin de soirée de la veille. J’y ai appris le bordel qu’a semé la fille de notre président au XGirls, notre club de nichons, sans que cela me choque vu le personnage. Il m’a également informé de l’heure à laquelle Tina a laissé son connard d’étudiant. Elle ne s’est pas attardée et c’est ce que je préfère retenir.
Scar se marre et lui lance :
— Ça t’étonne vraiment ?
— Honnêtement, ouais ! J’avais pensé qu’elle ne lui causerait pas en l’ignorant totalement, pas qu’elle lui foute sur la gueule. Ranger doit être dans un de ces états, s’amuse-t-il.
— C’est sûr, acquiesce Scar en jetant un œil à son portable.
J’ai le temps d’apercevoir le nom de l’expéditeur du message : Mary. Je me demande ce qu’il fout encore à patienter. Il est fou de cette meuf, mais ne souhaite peut-être pas se l’avouer. Ouais, un peu comme moi.
Des moteurs en approche coupent cours à notre discussion et la tournure de mes pensées. Nous nous abaissons et attendons de voir s’il s’agit bien d’eux. Des centaines de milliers de deux roues sont attendus ici, donc autant ne pas nous réjouir. Mais, quelques secondes après, nous sommes heureux de constater qu’il s’agit bien de nos cibles.
Nous les laissons filer vers la ville et attendons l’arrivée de Dumbo. Ce dernier apparaît à son tour.
Warrior sort de notre planque et lui fait signe.
Nous le rejoignons tandis qu’il coupe son moteur après avoir emprunté le petit sentier qui mène jusqu’à notre position.
Heureux de revoir enfin des visages familiers, ses frères, il nous donne une grosse accolade à coup de tapes dans le dos mêlées à nos rires.
— Putain, ce que c’est bon de vous revoir, mes frères ! s’exclame-t-il l’air vraiment lessivé. Je suis mort.
— Ouais, ben ne te réjouis pas vite , il te reste encore sept heures de route pour rallier le club, lui dit Warrior.
Dumbo lève les mains en l’air.
— Eh mec, laisse-moi ronquer la journée tranquille et je décollerai en fin d’après-midi, espèce de barbare ! réplique-t-il. Je mérite bien ça, non ?
— Et pas qu’un peu ! lui lancé-je en lui pressant l’épaule. Mais d’abord, fais-nous un rapide topo concernant ces enfoirés d’extrémistes. Il y a du nouveau ?
Je comprends qu’il y en a seulement à l’expression qui se peint sur son visage de blondinet. Dumbo a autant le physique d’un mec class, comme un avocat avec son allure un peu guindée avec une ressemblance à s’y méprendre avec le Cooper de Sex life (série sur Netflix que regardent Kim et Tina, d’après une de leur discussion que j’ai pu suivre), que celui d’un mauvais garçon.
Évidemment, il ne tire pas son patronyme de ses oreilles, elles sont on ne peut plus collées, mais bel et bien à son métier d’avocat. Ce dernier l’amenant à écouter les merdes dans lesquelles sont noyés quelques Shadow Riders en s’évertuant à les en extirper aux yeux de la loi. Autant le dire, ce n’est pas une mince affaire.
— Je peux vous en parler parce que j’ai déjà mis le prés’ au courant. Vous voyez le révérend O’Connell ?
— Le prêcheur de l’Oregon ? avance Warrior.
— Ouais, confirme sinistrement Dumbo. Ce mec a plusieurs casquettes. Révérend en Oregon aux yeux de tous, mais également bras droit du gouverneur Keepers, ainsi que recruteur invétéré de nouveaux partisans à travers le pays. Je n’ai jamais vu un mec aussi actif que lui. Et vous savez qui est copain-copain avec le gouverneur Keepers ?
Je secoue la tête tandis que Warrior grogne en montrant les dents dans un rictus mauvais :
— Jefferson.
— Exact ! acquiesce Dumbo en pinçant la bouche.
J’interviens :
— Je vous suis pas.
— J’avoue que moi non plus, renchérit Scar.
— De quel Jefferson on cause ? ajouté-je.
— Duncan Jefferson, précise gravement Warrior.
Scar réagit en me flanquant une tape dans l’épaule :
— Donc tu avais raison, me dit-il. Tu as toujours sous-entendu qu’il s’agissait-là d’un merdier mêlé à la politique.
Je hoche la tête.
Warrior en fait autant avant de déclarer :
— Ranger et Hothead le pensaient aussi. Tout comme Le vieux et moi. Cela nous paraissait logique. On ne peut pas s’en prendre à un groupe aussi réparti que le nôtre sans un appui venant de beaucoup, beaucoup plus haut. Là où ils ne craignent pas de répercussions parce qu’ils se trouvent tout bonnement au sommet de la chaîne avec tout un tas de personnes de loi leur mangeant dans la main.
Scar s’esclaffe dans un reniflement atterré :
— Duncan Jefferson. Rien que ça ! Putain, j’arrive pas à croire qu’un salopard tel que lui vise la présidentielle avec de fortes chances de remporter la place number one du pays.
Il ne dit pas faux. L’extrême droite est une menace grandissante aux États-Unis. Elle est réelle. Disons que l’arrivée au pouvoir du président Donald Trump en 2017 a changé le paysage politique américain.
Cette présidence non conventionnelle a été caractérisée par des événements sociaux hors du commun, illustrant une polarisation grandissante au sein des États-Unis. Des groupes et milices, plus extrémistes les uns que les autres, ont fait une percée dans les sphères politiques et sociales, adoptant des discours controversés et parfois haineux.
Il n’y a qu’à voir les manifestations comme celle de Charlottesville en 2017 et du Capitole deux semaines avant l’inauguration du président Joe Biden, en janvier 2021, qui témoignent de la présence de ces nouveaux groupes d’extrême droite pour réaliser l’émergence de cette idéologie dans la population américaine.
À travers nos recherches, nous avons commencé à établir un plan sur lequel apparaît un certain nombre de personnes liées aux 3K. Tous, sans exception, défendent la suprématie blanche et certains sont affiliés à des groupes néonazis. Ils se préparent à une guerre raciale. Aussi ils visent nos positions à travers le pays afin de couvrir la majeure partie des États-Unis.
Ils nous renversent, ils prennent notre place, ils établissent leur putain de plan d’extrémistes et tentent enfin de prendre le monopole de tout un pays. Ils ont pris leur temps et maintenant ils commencent à agir en s’en prenant à nous, le groupe le plus puissant américain. Dans quelques années, durant la campagne et les élections présidentielles, Jefferson aura de grandes chances de prendre place à la Maison Blanche.
Hors de question, putain !
Ça n’arrivera pas.
Ce que je suis heureux que Tina ait surpris ces trois gars dans ce bar miteux. Cela nous a permis de prendre les devants. Nous avons déniché une grande partie de ces groupes à travers le pays. Nous connaissons leur nombre, leur tête, leur position. Le plus fastidieux est d’établir l’arbre généalogique principal de chaque membre de chaque groupe. Une mission aussi éreintante que presque impossible, voire inimaginable à faire, parce qu’elle semble ne pas avoir de fin.
Mais cela nous garantit un point de pression sur chaque membre qui compose chaque groupe. Aussi nombreux qu’ils puissent être, nous restons plus importants en quantité qu’eux. Désormais, chaque MC de Shadow Riders du pays est penché de près sur cette affaire à grande échelle. Lorsqu’un de nos MC n’est pas dans la région d’un de ces groupes, un de nos clubs support l’est, alors il prend la relève à notre place.
Ranger et Hothead ont entretenu un échange à travers lequel notre président national a proclamé que c’était désormais l’affaire de tous chapitres.
Nous sommes partout. Nous avons des yeux partout. Les 3K peuvent être commandités par le révérend O’Connell, appuyé par le Gouverneur Keepers qui, lui-même, agit sous les ordres du grand Jefferson, nous serons en place pour les contrer et les mener jusqu’à la tombe.
Ils ont un tas de pourritures soumis à leur cause dans les rangs de la police, des tribunaux… Pas un souci. Nous sommes des frères de guerre, des frères d’armes. Nous connaissons beaucoup de monde aussi et qui sont liés à nous « à la vie, à la mort ».
Frères jusque dans la mort.
Ces vétérans, faisant ou non partie d’un MC, ont dans la poche tout un tas de personnes également. Nous savons contre qui nous devons combattre et sommes prêts.
Seulement, reste à retrouver les régulières disparues. Les attaques ont cessées parce que nous avons été alertes et que nous ne permettons à aucune régulière ou fille de Shadow Riders, de se déplacer sans escortes. Cependant, nous ne sommes pas à l’abri d’un guet-apens. Nous restons vigilants face à un ennemi qui ne parvient plus à avancer comme il l’aurait dû.
Warrior lance :
— Ils vont se servir de la neutralité qu’offre la bike week qui règne à Sturgis durant cet événement pour nous chercher.
— Peut-être que non, réplique Dumbo dans un haussement d’épaules. Ils ne sont pas censés savoir que nous sommes au courant, ne l’oublie pas.
Pas d’accord, le sergent d’armes agacé se frappe la poitrine d’un poing et le contre en déclarant :
— Je connais ce genre d’énergumènes et crois-moi, ils vont participer à tous les événements organisés durant la bike week. Ils vont tenter de nous écraser dans chaque épreuve. Leur façon de nous faire manger la poussière comme ils rêvent de le faire à travers leur espoir fou qui n’est rien d’autre que du vent. Ces petites merdes vont rencontrer un mur face à eux et ils ne parviendront jamais à en escalader ne serait-ce qu’un petit mètre. Quelles bandes de mauviettes ! Ils ont oublié à qui ils osent s’en prendre : à des putains de rois !
Scar et Dumbo explosent de rire alors que je regarde simplement notre sergent d’armes avec amusement. Putain de bourrin impulsif !
— Ah merde ! Bordel, j’avais oublié combien tu peux montrer ta veste de speakeur de guerre, se bidonne Dumbo. Où est l’étendard ?
— Quel con ! s’exclame Scar à travers son rire.
— Peut-être un con, mais le roi ! Je suis toujours le premier. Je remporte tout ! déclare Warrior sans modestie, trop lancé dans sa voie du « je suis le plus fort ! ».
Il attise davantage notre hilarité tandis que je reconnais n’avoir jamais vu de mec aussi arrogant que lui.
— Arrête, ne le chauffe pas, lui conseille Dumbo les yeux larmoyants d’avoir trop ri. Il va se lancer dans sa victoire d’avoir conquis Nancy.
— Aucun mec n’avait de chance de l’avoir, elle n’a vu que moi, se vante le sergent d’armes. Qui ne verrait pas ça ?
Il lance cela en prenant une position de culturiste exposant un ensemble de muscles impressionnants, c’est vrai. Warrior est une armoire à glace avoisinant les deux mètres et pesant un peu plus de cent kilos. Et il n’a pas un pète de graisse. À contrario, il a la grosse tête. Je pense qu’il l’a pris dès la naissance ou qu’il est tout bonnement né avec.
— Bordel, toutes ces p’tites bites pouvaient aller se rhabiller, énonce-t-il dans un rire tonitruant tirant un peu vers la névrose.
— T’es cinglé, mec, déclare Scar en secouant la tête tandis que Dumbo tire une moue hilare.
Je les interpelle en me dirigeant vers l’emplacement où sont cachées nos bécanes.
— Allez, hâtons-nous de retourner en ville. Les prospects surveillent désormais les 3K et il est temps de faire croire à notre arrivée devant ces enfoirés.
— C’est parti ! lance Scar en m’emboîtant le pas.
Nous passons la journée sur Main street, sous nos stands cette fois-ci montés sans problème, pendant que nos prospects sortent des camionnettes du club que Warrior et Prankster ont conduites jusque-là en venant, avec remorquées leur bécane, tous nos produits dédiés à la vente.
Parmi ceux-là, toute une panoplie de couteaux que j’ai créée, mais également des fringues à l’effigie de notre club ou en rapport avec le monde des deux roues, des pin’s, des patchs, pièces de motos, ainsi que le stand où Speedy et d’autres frères assureront le custom de bécanes pour ceux qui seront intéressés.
Dumbo a rejoint Prankster dans le camping dans lequel nous allons crécher durant tout l’évènement et Scar garde un œil sur le stand, non loin des nôtres, des 3K. Ces connards ont même poussé le bouchon jusqu’à nous saluer comme si de rien n’était. Feindre une certaine politesse reste compliqué, mais essentielle pour ne pas qu’ils nous soupçonnent d’être au courant de leur projet.
Toutefois, nous sommes connus pour être sans pitié, alors nous pouvons nous permettre d’être égal à nous-même en affichant un masque pas difficile à prendre, vu qu’il fait partie de nous, de notre personnalité, d’une froideur aussi extrême que leur idéologie à la con.
Un des prospects nous perce les oreilles en venant de raccorder son portable aux baffles présentes devant chacun de nos stands. Warrior me rejoint et tombe dans un siège à côté du mien tout en me tendant une bière que je m’empresse d’accepter.
Il fait une chaleur à crever.
Skinny lance « For whom the bell tolls » de Metallica et c’est comme si rien d’obscur ne nous tournait autour tels des putains de vautours. Mais cela me ramène immanquablement vers l’Afghanistan et tout ce que j’y ai vécu.
Warrior, silencieux, semble également perdu dans ses pensées. Pas compliqué de les deviner, elles sont similaires aux miennes. Et lorsque le passage “Take a look to the sky just before you die, it is the last time you will ” retentit, je ne peux m’empêcher d’imaginer les 3K à la place de soldats. Les paroles s’adressent désormais à eux et hurle la seule chose qu’ils remporteront à la fin de cette guerre à laquelle ils se préparent pour nous exterminer.
Un monde impressionnant fourmille déjà autour de nous, prêts pour demain le grand jour. De la musique s’échappe de tous les autres stands comme des nôtres. Main street est animée, mais pas que. En effet, le Sturgis Rally promet une semaine d’évasion et cela englobe toute la région environnante. Ce n’est pas seulement vivre entre biker, mais bien s’imprégner de toute l’atmosphère des États du Grand Ouest américain.
Traverser les grandes plaines, croiser des bisons et saluer les présidents du Mont Rushmore, tout cela fait aussi partie du voyage. C’est plus de cinq cent mille personnes venant du monde entier se réunissant pour partager leur passion de la moto, principalement de la marque Harley Davidson, et participer aux différentes manifestations telles que rallyes, défilés, concerts, concours de burgers, de tatouages, de moustaches et de barbes, et bien d’autres…
C’est un concentré d’Americana pur jus qui plaira aussi bien aux novices de l’Amérique qu’aux aficionados purs et durs. Mais tout d’abord, pour ceux n’ayant jamais vu une Harley voler, c’est le moment idéal avec le saut de Cole Freeman au-dessus de Main street en guise de cérémonie d’ouverture demain. Un vrai show à l’américaine.
Ces dix jours offrent aussi l’occasion d’assister à la mythique rivalité des belles américaines que sont : Harley Davidson et Indian Motorcycles ! Les deux géants se livrent bataillent depuis plus d’un siècle déjà, et Indian ressuscité en 2011, se fait maintenant la part belle dans ces concentres…
Tout le monde trouvera de quoi s’occuper, touristes comme membres de MC, avec tous les concours présents, notamment celui de custom, mais où est également organisés des tournois de poker pour assurer le show. On pourra participer aux runs en journée et aux concerts en soirée, pour ressentir toute la ferveur que suscite cet événement, et graver ces moments inoubliables dans nos mémoires.
Sturgis, c’est un peu la mecque des bikers, un pèlerinage dans les montagnes sacrées des Black Hills pour tout biker qui se respecte. Mais, bien sûr, ce qui fait la réputation de Sturgis, c’est son ambiance, ses bars et son bike show. Ici, le custom est roi.
J’observe tout ce nouveau monde débarquer avec le smile et les yeux pétillants.
Sur la route, l’approche du rassemblement se fait sentir. En venant la veille, j’ai réalisé que les voitures faisaient place aux motos, de plus en plus de motos… Plus d’un demi-million de motards sont en train de converger pour rejoindre la bike week tant attendue. De quoi se mettre dans l’ambiance avant notre arrivée à bon port.
Un instant unique et fort.
— Vise un peu ça, me souffle Warrior en désignant un point de l’autre côté de la rue sur la droite.
Je me concentre sur ce qu’il m’indique avec discrétion. Un homme. Il paraît distingué, mais vu qu’il traîne avec les 3K, cela nous apprend son opinion sans avoir à la chercher.
Je détourne le regard en portant ma bière à la bouche.
— C’est qui ? lui demandé-je.
Il continue de se siffler sa binouze comme si de rien n’était en reniflant.
— Ce putain de révérend O’Connell, m’apprend-il. Tu n’imagines pas la ferveur avec laquelle mes poings me démangent de les laisser s’abattre sur lui jusqu’à lui offrir son dernier souffle et combien mon flingue me brûle l’échine de ne pas le laisser le fumer sur place.
— Tu m’en diras tant… Un révérend ici, on aura tout vu.
— Il vient simplement s’assurer que quelques-uns de ses pions sont bien en place avant de foutre le camp avant le commencement officiel de la bike week. Regarde un peu ce militant d’extrême droite faire semblant de bénir les motards qu’il croise. Quel cirque, putain ! C’est à mourir de rire.
— Pas quand on sait ce qu’il prêche vraiment.
— Me lancer à sa suite discretos pour le saisir une fois en dehors de la ville me paraît envisageable. Je le séquestrerai et le pousserai à me livrer, sous la torture, l’emplacement des régulières disparues ou alors, dans le pire des cas, la position où repose leur corps, dit-il dans un grognement.
— Mon frère…
— T’inquiète pas Loner, je ne suis pas né de la dernière pluie. C’est une envie que j’ai bien du mal à dissimuler tant elle me picote. Mais le faire suivre par un de nos prospects pour le garder à l’œil me semble nécessaire et plus garanti.
J’approuve d’un signe de tête et Warrior siffle un prospect après quoi il lui ordonne de filer le révérend multifonction. Rasséréner de savoir une des têtes haut placée de nos ennemis sous haute surveillance, je passe un appel à notre président. Je lui apprends les dernières nouvelles et il m’assure qu’il va aussitôt joindre un de nos chapitres dans l’état voisin pour que leur président donne l’ordre à l’un de ses prospects de rejoindre le nôtre. Cela permettra d’assurer une relève nuit et jour de la surveillance du révérend.
Je lui demande quand il compte venir à Sturgis.
— Nous sommes en train de boucler nos sacoches. Les bécanes sont prêtes à partir. Il est quinze heures. Nous décollons d’ici une demi-heure, le temps que je joigne Hothead, qui est déjà en route, et Darell pour qu’il foute un prospect en soutien au nôtre. Nous devrons être là aux alentours de vingt-trois heures.
— Vous croiserez Dumbo sur la route. Il est en train de dormir. Il m’a dit qu’il décollerait vers dix-sept heures. Il est pressé de rentrer et retrouver sa régulière.
— Il m’en a informé. Lana l’attend impatiemment. Nous ferons une pause quand nous nous tomberons dessus. Il parviendra au club vers minuit, les filles l’attendront.
— Qui ça ?
C’est vrai, qui d’autre que Lana, sa charmante régulière, peut l’attendre ?
— Kim et Tina.
— Elles ne viennent pas avec vous ? m’étonné-je le cœur battant.
— Elles viendront avec Hothead. Il les rejoint à notre chapitre tard dans la soirée. Ils décolleront tous ensemble tôt demain matin pour Sturgis. Enfin, Tina a déclaré que notre cher Dumbo méritait un bon repas de retour au bercail sans compter que Freegun revient aussi. Lana était aux anges, on sait combien la bouffe et elle font mauvais ménage. Elles viennent de partir avec Brawler faire quelques courses. Ice et Maverick les accompagnent également. Je crois qu’elles ont embarqué Mary avec elles. Cette fille est une perle. Scar devrait se magner le cul. Je ne sais pas ce qui le retient d’en faire sa régulière.
— Il aime trop les cons, lancé-je en le faisant marrer.
— Comme nous tous, mais il va s’en mordre les doigts s’il continue comme ça. Le fait qu’elle ait baisé avec quelques frères à ses débuts dans le club, ne devrait pas être un frein. On ne juge pas chez nous. Chacun est libre.
— Je ne pense pas que ce soit ce qui le retienne.
— L’engagement ? Ouais bah on doit bien si coller un jour où on le sent plutôt bien si on ne veut pas finir seul. Faut pas réfléchir, faut foncer. Putain, ça fait partie de notre devise ! Il devrait le savoir mieux que quiconque ce con ! Elle ferait une excellente régulière. Je lui en toucherai un mot quand nous serons avec vous. Le bien-être de mes gars est primordial pour moi.
Je ricane.
— Je serais curieux de connaître son avis.
— Il sera sans aucun doute con, comme lui ! se marre-t-il. Allez, à ce soir, mon frère.
— À ce soir, Prés’.
Je rapporte l’heure d’arrivée de Ranger à Warrior et Scar tandis que Prankster revient du camping après avoir enfin tout préparé concernant l’emplacement de tous les Shadow Riders du pays qui viendront y dormir durant ces prochains jours. Pas une mince affaire de caser tout le monde, mais nous avions déjà réservé à l’avance. Chose bonne à faire vu le monde fou qui vient ici.
D’après son expression, cela n’a pas été une mince affaire et cela me fait rire intérieurement. Un maigre prix de consolation pour devoir le supporter jusqu’à ma mort en tant que frère. Prankster me casse toujours les noises avec sa grande gueule. Enfin, ça reste un brave gars, jeune et foufou, ce qui explique sa lourdeur parfois quand il s’amuse à nous chambrer.
Après avoir un peu bavardé, je retourne à mon habitude de taiseux et mon esprit en profite pour penser à Tina. Elle aussi ferait une excellente régulière. La plus parfaite que l’histoire des bikers n’ait jamais connue. Cela ne fait aucun doute.
La voudrais-je à l’arrière de ma bécane ?
Une vision parfaitement définie d’elle dans mon dos, les cheveux au vent voletant dans tous les sens en offrant une sublime vue sur son cuir avec inscrit « Propriété de Loner » suffit à faire naître des nœuds dans mon ventre.
L’imaginer ensuite à mes côtés dans la vie de tous les jours : en train de nous défier sur mon parcours sportif, faire notre footing ensemble, elle : cuisiner comme elle semble aimer bien le faire, moi : en train de forger, arriver ensemble au club quand nous devons nous y rendre… Cela me paraît si simple.
Facile.
Et cela dénoue automatiquement les nœuds d’angoisse ayant commencé à se former en moi.
Cela suffit à sceller son destin.
Je ne la laisserai jamais à un autre que moi. Ça c’est certain ! Même si je sais qu’elle va tout faire pour me faire vriller. Bien qu’ivre de colère contre elle, je ne la laisserai jamais me filer entre les doigts. Son goût, son odeur, tout est resté ancré en moi. Maintenant que j’ai commencé de la déguster, je ne pourrai plus jamais m’arrêter.
Elle est à moi.
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Shadow Riders #Bewitching biker's girl & #In Turmoil
RomantizmTina, fille du président international des Shadow riders aux U.S.A., fonce jusqu'au chapitre du Montana avertir le père de sa meilleure amie qu'un danger rode concernant le MC qu'il préside. Sur place, elle va finalement opter pour passer sa coutumi...