6 - Alliés et ennemis

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Je m'avance dans la direction indiquée et j'aperçois Kim Koenig qui m'attend dans une encoignure de porte.

— On fraternise avec l'ennemi et fuit devant les alliés ? me demande-t-il d'une voix neutre.

— Hum... j'avoue que cela peut ressembler à ça, dis-je.

Techniquement, nous sommes alliés aux moines puisque c'est notre religion. Mais ils ne sont pas censés être dans les limes qui est le territoire à garder qui nous est dévolu. Et depuis mon plus jeune âge, on m'a écarté dès qu'un religieux se présentait au castel alors cela m'a semblé naturel de partir. Je reste perplexe sur le bien fondé de ma conduite.

— Il semblerait que la meute ait eu le dessus, commente Kim Koenig. Très bien.

Je me retourne et vois que les deux gardes tirent les trois moines du café.

— Très bien ? Ne devrions-nous pas les soutenir ? demandé-je incertaine de la conduite à tenir.

— Tu t'enfuis en aidant un membre de la meute à s'échapper et maintenant, tu voudrais les soutenir, tu ne manques pas d'air ! s'exclame-t-il en riant.

Il rit, c'est rare les rires chez mes proches et j'apprécie beaucoup mon maître d'arme pour cela.

— Plus sérieusement, dit-il en vérifiant autour de lui que nous sommes seuls. Les activités que nous avons effectuées aujourd'hui, rendre visite à ma famille pour ma part et récupérer un colis pour la tienne, pourraient être mal interprétées. Officiellement, nous maintenons l'ordre dans les limes. Nous ne fraternisons pas. Et il n'y a pas de moines non plus. Nous n'avons pas été prévenus de leur présence, ce qui signifie qu'ils voulaient garder leur mission secrète. Avec leur disparition, plus personne de l'Église ne sait que nous sommes là.

— Hum. me contenté-je de dire.

Je ne sais trop comment réagir. Je découvre que l'on agit à l'insu de l'Église et me demande, pour la première fois, pourquoi je dois toujours me cacher quand un de ses représentants vient. Un malaise à cette pensée m'envahit.

— Tu es blessée ?

— Ce n'est pas le mien, dis-je, amusé de cette réplique d'épopée.

Il y a juste quelques gouttes de sang sur ma tunique. Je ne me souviens pas que mon opposant ait saigné, peu importe. Kim se met à me palper avec délicatesse pour vérifier mes blessures.

— Kim, je t'assure, je n'ai rien ! dis-je en m'écartant. Et c'est grâce à toi ! Tu avais vérifié qu'il n'y avait pas de grand méchant en ville avant que nous venions. Et tu étais d'accord, tu espérais même, je pense, qu'il y ait quelques jeunes fous pour me provoquer et me donner de l'entraînement. je me trompe ?

Il pousse un soupir.

— Oui, c'est vrai. Cependant, quelque chose se passe ici. Plus nous nous éternisons dans cette ville et plus le danger semble augmenter, il est temps que nous partions

La Meute des Barbelés [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant