Chapitre 31 : L'épopée - Le bonnet d'Ange

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Alors que la lumière du soleil couchant embrase le ciel, Ange monte et descend des arbres comme s'il marchait sur le sol. Ses pieds nus paraissent adhérer à l'écorce.

Il est bien plus jeune que dans les chapitres précédents. Jusqu'à présent, l'épopée se déroulait dans l'ordre chronologique. Autre chose surprenante, alors que le camp est complètement défriché, il se trouve ici dans une clairière.

— Plus vite, crie Luau.

Il relaie les paroles du sorcier assis à côté de lui et emmitouflé dans une couverture rapiécée.

La présence du mentor du garçon confirme que la scène se situe avant, car il n'apparaît plus dernièrement. Je suppose qu'il est décédé.

Ange s'exécute. Il court, il s'élance de branche en branche et redescend le long du tronc. En quelques enjambées, il escalade une plante-cloche, ces grandes herbes noires et hautes de plusieurs mètres, surmontées d'une grosse boule rouge. Il saute pour se poser sur le dôme brillant d'un arbre-lampe, ces sortes de verrues orangées sur pieds translucides, il rebondit sur sa voisine, puis la suivante pour parvenir à une tige qui ploie sous son poids. Il saute deux, trois fois, prenant de plus en plus de hauteur et avant que son tremplin ne se brise, il empoigne une... herbe-épée ! Non, sur le point de s'y couper la main, il réalise son erreur et exécute un tourné-boulé. Il atterrit maladroitement sur le sol, mais repart d'un bond. Il parcourt ainsi tous les arbres entourant la clairière transformée en terrain d'entraînement.

— Reviens ici tous les jours, dit Luau après un échange avec le sorcier.

Ange hoche la tête, avant de saisir un côté de la chaise pendant que Luau fait de même, ils transportent ainsi leur mentor jusqu'aux baraquements sans passer de barrière ni rencontrer de gardes.


Morgane

Quelque chose n'est pas normal. Je respire, aspire à pleins poumons l'air chargé d'irthe provenant de la fenêtre ouverte au-dessus de mes cheveux, et j'oublie mes réticences.


Le soleil est à présent un peu plus haut que dans la scène précédente. Ange parcourt son chemin arboré encore plus vite. Il a gagné en souplesse aussi et n'hésite pas à se balancer de branche en branche avec agilité. Quand il atterrit, après une nouvelle cabriole, devant Luau et le sorcier, celui-ci soulève la couverture qui réchauffe ses genoux, dévoilant un bonnet. Ange l'enfile. Son visage se crispe alors.

— Je n'entends plus rien, je ne vois plus rien, dit-il en l'enlevant précipitamment.

Son souffle est plus court que d'ordinaire.

— Remets-le ! lui intime le sorcier. Tu vois et tu entends comme n'importe qui, c'est tout. Ce bonnet te coupe de tes pouvoirs, de ta connexion avec la Madrée.

Ange s'exécute et s'élance pour monter le long d'un arbre comme il en a l'habitude. Il tombe.

— La madrée crée ses propres règles et tu ne peux plus les suivre, dit le sorcier. Tu dois pouvoir te débrouiller sans. Luau va t'entraîner à te battre au sol, savoir te défendre avec tes mains et tes pieds, esquiver les coups et riposter. Tu vas commencer à la dure, et on verra ensuite comment tu peux améliorer ses techniques avec tes pouvoirs. Tu pourras ainsi compter sur tes réflexes et ton instinct autant que sur la Madrée.

— Est-ce que tu sous-entends que celle-ci puisse se tromper ?

— Non, je sous-entends que nos ennemis sont l'Église et que leurs ancêtres sont venus du ciel dans des oiseaux de fer. Ce fer qui t'isole de la Madrée.

Luau s'avance :

— Allez, au travail !


Morgane 

Mes pensées sont vides. Du bout des doigts, je parcours un à un les petits morceaux de roches entremêlées de fils de fer et de textile de mon bonnet. Est-ce le même que celui d'Ange ? Je cherche l'écran pour apercevoir son angle dépasser de l'étagère, ce qui me plonge dans la confusion la plus totale.

Quand Rugar surgit dans ma chambre, je ne réagis pas.





***Ce chapitre et le suivant sont très courts. J'ai hésité à les fusionner avec un autre. Finalement, je préfère le publier tel quel et je verrai à la relecture ce qu'ils deviennent. Comme d'habitude, n'hésitez pas à commenter !

La Meute des Barbelés [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant