Son père l'avait installé sur son monstre d'acier alors qu'il n'était encore qu'un bébé, ne sachant pas marcher. Coincé entre ses deux parents, il avait respiré l'air du vent. A partir de ce moment tout avait pris un autre tournant. Il avait grandi entouré de bécanes comme d'autres grandissent entourés d'animaux familiers. Il avait respiré ce parfum si particulier, cette odeur appelée liberté. Neige, vent, pluie, rien ne l'arrêtait pour profiter de ces moments sauvages fait de complicité qu'il partageait avec sa machine. Il avait grandit dans le parfum si suave de l'essence et la musique des pots d'échappements. Leurs ronronnements, leurs rugissements avaient bercés son enfance. Son premier cadeau d'adulte à quinze ans, sa moto.... Son meilleur ami, sa moto.... Son confident, sa moto... ses secrets d'adolescent... sa moto, il ne vivait que pour elle... il n'y avait rien de plus beau que son engin, véritable monstre de fer et de chrome. Les femmes elles mêmes n'avaient pas ce privilège beauté à ses yeux... n'étaient pas son premier choix... aucune n'avait droit à ce regard enflammé, si singulier qu'il portait sur les courbes harmonieuses de celle qui lui était indéniablement fidèle.Il voulait baiser, il y avait les femmes du club..... mais il n'avait pas encore trouvé celle qui aurait le privilège de s'assoir à l'arrière et de se serrer contre lui. Et franchement il ne la cherchait pas non plus.
Son dos commençait à le faire souffrir, ses bras devenaient lourds, ses compagnons ne devaient pas être en meilleur état....cela faisait plusieurs heures maintenant qu'ils chevauchaient leurs bolides, ils avaient roulés sans un arrêt pour arriver au plus vite à destination.
Ils descendaient de Belgique, plus précisément d'Anvers où leur MC était situé et se dirigeaient sur la Corse pour une transaction. Il y avait d'autres moyens de transport beaucoup moins fatigant pour un si long voyage mais un biker sans sa moto n'était pas un biker n'est ce pas et sans leur engin ils se sentaient tout nu, à "oilpé" comme le disait si bien Brindille. Le plaisir était là malgré la distance et la raison pour laquelle ils descendaient si loin. Le trajet était long mais la communion entre ces hommes et leurs machines en valait la peine. Cela leur paraissait insoutenable, voir impossible de les laisser derrière eux comme une maîtresse abandonnée, délaissée. Ils préféraient souffrir et ce qui arrivait quelques fois mourir....de toute façon elles faisaient partie de leur vie, les représentaient, étaient un prolongement d'eux mêmes. Arriver en voiture, en bateau ou en avion n'aurait été en aucun cas représentatif de leur fonction. La moto montrait ce qu'ils étaient, qui ils étaient et impressionnait et un biker à pied autant ne pas y penser.
Leurs activités n'étaient pas liées à la promenade du dimanche pour admirer les beaux paysages qui défilaient au rythme d'une vitesse limitée, non, elles étaient dirons nous plus intenses, plus jouissives, plus intéressantes vue d'un certain angle, plus excitantes et beaucoup, beaucoup plus dangereuses que de se retrouver sur une autoroute pour aller pêcher la sardine dans le lac d'à côté ( ça c'était les paroles de Brindille )...sardines dans le lac, mouai pas sûre qu'il en trouve mais bon il n'avait jamais été vérifier et y avait il seulement un lac, grande question....ils étaient le "un pour cent", celui qui ne respectait rien ni personne à part les frères de leur MC.
"Angels of God" traduisez "Anges de Dieu"... ironie pour montrer qu'ils se foutaient des bien pensant, car d'anges ils n'en avaient même pas les ailes. Pour voler ça ils volaient mais attention, ils volaient à ras des pâquerettes à la vitesse de leurs moteurs. Ils savaient ce qu'ils volaient, à qui ils le volaient mais toujours les pieds sur terre et le cul sur leurs selles. Leur devise "valait mieux être un biker mort qu'un biker privé de sa liberté". Ce qui en disait long sur les moyens employés pour ne pas se faire prendre. Enfermés, privés de cette liberté tant prisée, ils savaient qu'une fois derrière les barreaux ils mettraient des années avant de sortir et de retrouver leurs frères tant leur casier judiciaire avait de rallonge et ça il en était hors de question.
Les membres de leur Club étaient ce que les bourgeois, les bien pensant appelaient, des marginaux, hommes et femmes ne supportant pas les dictats de la bonne société, n'arrivant pas à obéir et à entrer dans les cases toutes faites que leur proposait ladite société si prompt à vous formater....ce n'était pas pour rien qu'ils étaient ce un pour cent, celui qui vivait en marge de cette civilisation si merveilleuse à entendre toutes ces bonnes gens. Ils la rejetaient avec tout le mépris qu'elle leur inspirait. Ce n'était pas des tendres et mieux valait ne pas avoir affaire à eux. Ils appartenaient à cette race d'hommes qui réglaient leurs problèmes eux mêmes, qui vivaient en dehors des lois et qui faisaient couler le sang si nécessaire, mais toujours en toute discrétion, jamais en première ligne.
Ils filaient donc sur cette route à vive allure en cette fin de matinée sous un soleil de plomb. Les jours précédents n'ayant pas été de tout repos, la fatigue commençait à se faire sentir. Ils arrivaient sur les Ardennes et décidèrent de s'arrêter pour reposer leurs muscles endoloris. Ils reprendraient la route plus tard après quelques heures de sommeil bien méritées.
Mettant les gaz ils accélérèrent à fond se moquant éperdument des limitations. Les quelques automobilistes se trouvant sur la route ce jour là virent passer trois fusées vrombissantes.
Leur arrivée dans ce petit village tranquille, perdu au fin fond de cette campagne paisible ne passa pas inaperçue.
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La pianiste
Actionelle joue du piano dans le bar de Nick son beau père jusqu'au jour où..... Il arrive sur sa moto.....et où elle disparait....