La pianiste 13

584 21 1
                                    

Elle se relève en tremblant. Il allait encore lui falloir  se dénuder devant ces hommes qui lui faisait si  peur....Et si pris par une envie subite, l'un d'entre eux désobéissait et la violait, puis faisait disparaitre son corps dans le décor, tout à cette idée elle panique tellement que ses jambes se mettent soudainement  à trembloter sans qu'elle puisse les contrôler.. C'est plus fort qu'elle, c'est  nerveux, elle n'arrive pas à maitriser ses muscles qui sont pris de  spasmes... elle est épouvantée à l'idée de ce qui va suivre.

Elle se répète que bientôt ce ne sera plus qu'un mauvais souvenir,  qu'elle va être sauvée, que Nick et Ange vont  la retrouver rapidement.

L'homme l'attrape par le bras sans ménagement et ils longent un long couloir sombre, chichement éclairé....tout ce décor ressemble à une vieille prison désaffectée ou encore à un hôtel abandonné, un hôpital peut être aussi. Il  passe une porte et le contraste est saisissant,  elle cligne des yeux devant de l'agressivité la lumière. Enfermée dans l'obscurité depuis trop longtemps, ses yeux ont perdus l'habitude de la clarté.

Après quelques instants elle s'habitue doucement à ce retour à la normale....la salle de bain ressemble à une salle de bain banale, classique, avec baignoire, douche, toilettes, carreaux blancs, serviettes, papier...mais alors pourquoi la laisser crever dans ce trou à rat alors qu'il y a toutes les commodités possibles pas très loin, elle serre les poings et grince des dents, elle se promet de chercher quelque chose qui lui serait utile en cas d'évasion.

"Tu as dix minutes pour te pouponner".

Perdue dans ses pensées, elle en avait presque  oubliée où elle était. Fermant  la porte, il s'adosse au chambranle.

"Sortez".

"Pardon".

"J'ai dis sortez, je ne risque pas de m'échapper donc vous n'avez aucune raison de rester là".

"Et si je veux rester là".

"Alors je me plaindrais à celui qui veut m'acheter, je lui dirai que vous m'avez reluquée pendant ma douche, c'est aussi simple que cela et je doute que cela lui plaise de savoir qu'un sous fifre à deux balles  ose poser le regard sur sa marchandise".

"Attention ma jolie ne joue pas trop avec nous, il pourrait t'en cuire".

Elle n'en mène  pas large, mais risque le tout pour le tout et stupéfaite et satisfaite, elle voit  l'homme saisir la poignée de la porte et sortir. Elle regarde autour d'elle. La pièce est claire et propre et c'est  évident que si elle compte trouver quelque instrument ou outil pour s'enfuir elle va être déçue. Carrelée, blanche, il n'y a en tout que deux serviettes près du lavabo, un savon pour se nettoyer le corps et certainement les cheveux. Plus, il n'y a  pas. Elle s'engouffre dans la cabine sans porte, actionne l'eau, savourant déjà le contact chaud avec sa peau maltraitée... heureuse de se doucher mais déchante vite sous la froideur du jet qui déferle brutalement  sur elle. C'est  froid. Elle saute de côté surprise, regarde si elle ne s'est  pas trompée de robinet mais non c'est   un mélangeur donc  pas de problèmes. Sauf que si, il y en a un de problème et de taille, il n'y a  pas d'eau chaude, l'eau n'est   pas à proprement parlé glaciale mais  pas tiède non plus. Ils ont vraiment un souci avec l'eau chaude. Elle y va doucement pour habituer son épiderme à la température et au bout d'un moment s'aperçoit que ce n'est pas aussi difficile que ça, ce n'est pas aussi réconfortant mais c'est mieux que rien. Elle se frotte énergiquement pour enlever la crasse qui colle à sa peau et savoure cet instant où elle peut enfin retrouver un semblant de dignité. Elle se lave les cheveux qui restent un tantinet rêches, normal... ce n'est que du savon....passent ses doigts entre les mèches pour les démêler puis se sèche consciencieusement en pensant au réduit dans lequel on va la reconduire. Elle regarde autour d'elle histoire de voir s'il n'y a pas quelque chose à prendre mais non même pas une serviette sèche en plus qui aurait pu lui servir de couverture.

Elle a à peine terminée que le type à la cagoule entre sans préambule avant qu'elle ne fasse ses petits besoins.

"Je n'ai pas fini,  laissez moi encore deux minutes s'il vous plait".

Elle se dit qu'en étant aimable elle pourra peut être l'amadouer. Il  la regarde soupçonneux. Mais  que pourrait elle  pourrait bien trouver en deux minutes pour s'évader, il n'y a qu'une seule issue, la porte par où il est entré et qu'il surveille, aucun objet dont elle peut se servir pour l'agresser.

"Ok mais magne toi".

Elle se précipite sur les toilettes. Uriner est  facile enfin en temps normal quand vous n'avez personne qui vous surveille mais là elle doit attendre un petit peu avant que sa vessie ne se décoince. Mais  pour plus elle coince,  elle a un mal de ventre de chien dû probablement à la peur, l'enlèvement, la malbouffe, elle se force pour se soulager, se nettoie, actionne la chasse d'eau, se précipite  dans la douche pour une petite toilette intime et attend qu'il revienne...plus de deux minutes passent, elle rabat le battant des toilettes, s'assoit et attend.

A peine assise la porte s'ouvre.

"Allez la princesse retour dans tes quartiers".

Elle en aurait pleuré de dépit, mais elle se retient, elle ne montrera pas sa faiblesse, elle le suit dans ce couloir lugubre et se retrouve de nouveau dans son palais de traine misère. Elle  reste un moment debout au milieu de ce nul part à se demander si elle reverra un jour la lumière extérieure puis retourne sur sa paillasse où elle s'allonge, l'odeur du savon sur sa peau la réconforte. Elle secoue la tête en s'apercevant de ce petit détail, si peu de choses auxquelles se raccrocher.


La pianisteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant