Albane

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" T'es chié Prez, j' me la serais bien faite" soupira tristement  Brindille, s'asseyant à la table qu' Ange avait choisit pas très loin de la jeune pianiste.

Une lueur amusée dans les yeux, Ange regarda son sergent.
"Que se passe t il Brindille, tu lis dans les pensées maintenant".

"Ouai, rien qu'à voir ton air, tu va pas partager, allez sois chic juste un petit bout à sucer, Prez',  j' te laisse sa petite chatte à lécher, je prendrais juste un sein et le téton qui va avec, regarde comme elle est appétissante".

Albane sans savoir qu'elle était le centre de conversation des trois hommes s'installait sur le petit tabouret et soulevait le clavier.

"Mais t'es un vrai obsédé toi pas possible".

"Ha ouai je te rappelle la fois où tu as passé la nuit avec six nanas, c'est à qui broutait, suçait, léchait, et j'en passe".

"Calmez vous, pas de vagues,il faut se faire discret, on a encore beaucoup de kilomètres à faire et franchement cette pucelle n'est pas de celle que tu mets dans ton lit le premier soir, je doute finir entre ses cuisses".

"A quoi tu vois qu'elle est pucelle" ? Le regard de Nounours dévia sur elle.

"J'en mettrai ma main à couper".

"Dangereux ça,  on a besoin de tes deux mains et ne me dis pas que tu n'as pas envie de la baiser, tu respires la luxure, pour un peu tu ressemblerais à ce loup  dans ce dessin animé de je ne sais plus qui, la gueule ouverte la bave aux lèvres"

."Tex Avery, ignare".

"Quoi texaveri, d'où tu m'insultes, qu'est ce que c'est que cette langue".

"Prez pitié je peux le tuer, juste une fois".

Nounours s'était pris la tête à deux mains.

"Arrête tes conneries Brindille, regarde le type du comptoir, il a beau laver les verres son attention est dirigée vers nous, ce type n'a pas toujours fait ça, il n'est pas ce qu'il a l'air d'être."

L'attitude de Brindille changea du tout au tout, le guerrier était remonté à la surface, écrasant l'obsédé. Ses yeux noirs fixèrent Nick.

"A quoi tu vois ça"?

"Je ne sais pas, son attitude, sa façon d'être, ses tatouages il les camoufle, ce mec n'est pas une fiotte, il tient tête, ne reculera devant rien, on pourrait avoir des problèmes avec lui si on bouge trop et ce n'est pas le moment".
"Ok on se fait petit et on s'casse demain à la première heure".

Ils avaient rendez vous dans trois jours pour leur transaction. Ils allaient rouler encore toute une journée avec seulement les pauses nécessaires pour pisser et se dégourdir les jambes. Ils avaient hâte de laisser tout ça derrière eux et de retrouver leur Club où ils pourraient enfin prendre du bon temps bien mérité. Si tout se passait comme ils espéraient,  ils arriveraient tard dans la soirée du lendemain, prendraient le bateau qui avait ordre de les attendre pour les conduire discrètement sur l'ile où ils pourraient investiguer en douce pour s'assurer qu'il n'y avait pas de pièges,

Albane commença à jouer doucement, la musique se propagea aux quatre coins de la grande salle, envahit tout l'espace, imprégna chaque individu de la force de sa mélodie et laissa pantois les trois hommes.

"Merde alors qu'est ce que cette nana fait dans un trou pareil avec autant de magie au bout des doigts"..

"Ah parce qu'en plus d'être pervers t'es mélomane toi".

"Ouai Monsieur quand j'étais gosse on disait que j'avais l'oreille absolue".

Ange regarda Brindille comme s'il le découvrait, il savait de quoi il était capable dans la bagarre, il l'avait vu tuer à mains nu sans remords mais jamais au grand jamais il ne se serait douté qu'il avait un autre talent et qui plus est sans aucun rapport avec sa fonction. Il en apprenait toujours un peu plus sur ses gars et ce qu'il apprenait était quelques fois surprenant, déroutant. Tous n'étaient pas des abrutis de la gâchette ou des paumés échoués. La preuve en était.
Nounours le regardait d'un air ahuri...

."On en apprend tous les jours avec toi, bordel mais qu'est ce qui t'as conduit jusqu'à nous".

"Une longue histoire, mon frère, une très longue histoire"

Nounours regarda Brindille comme s'il lui avait poussé une carotte au milieu du front....la majorité des gars qui constituait le Club étaient des hommes que la vie n'avait pas épargnée, tous avaient plus ou moins un secret qu'ils enfouissaient bien profond mais de là à s'imaginer que le mec qui oeuvrait à ses côté depuis des années et qui était un tueur invétéré était en plus un mélomane sensible à la belle musique, là ça lui en bouchait un coin.

"Ben quoi j'nai pas le droit d'aimer les belles choses".

"La ferme tous les deux je voudrais écouter si cela ne vous dérange pas".

Et le Prez qui s'y mettait... bordel... il était temps de décaniller de ce patelin vite fait ou il allait retrouver ces deux là en costard cravate, pantoufles, ou je ne sais qu'elle connerie de l'homme-soumis avec bobonne lui servant sa soupe.

L'estrade était chichement éclairée, ce qui faisait qu'Albane jouait dans une demi pénombre qui ajoutait encore au mystère qui émanait de sa personne.

"Pas une fille pour nous ça, trop classe".

"La ferme, merde ".

Brindille jeta un coup d'oeil au mastodonte.

Nounours haussa les épaules et se concentra sur Nick qui arrivait trois assiettes dans les mains.

"C'est tout ce que j'ai les gars j'espère que ça fera l'affaire".

Pour faire l'affaire, pour sûr que ça allait faire l'affaire, les assiettes étaient remplies d'haricots rouges et de beaux morceaux de viande bien grasse baignant dans une sauce à l'odeur alléchante. Ouf pas de salade, pas de frites, pas de steaks mais un bon plat costaud qui colle aux tripes et vous nourrit, un plat de mecs quoi. Le fumet leur remonta dans les narines et ils n'eurent plus qu'une seule option, engloutir tout ça sans en laisser une miette. Ils se rendirent compte que cela faisait un moment qu'ils avaient faim, mais ils avaient mis leur fringale entre parenthèse à l'arrivée d'Albane.

"Une question chef, qu'est ce que cette beauté fait dans ce trou perdu avec cette magie au bout des doigts".

Brindille, la bouche pleine avait posé sa question envieux de comprendre .

Nick tourna la tête vers la jeune femme, soupira.

."Allez savoir, la peur de tout quitter, de partir vers un monde qu'elle ne comprendra peut être pas, qui peut savoir".

"Mouai, ben moi j'vous l'dis elle ferait des ravages"

Nick le regarda sans saisir ce que ce mec aux cheveux longs et à la barbe hirsute, qui avait l'air de ne pas s'être lavé depuis une semaine pouvait pigé à la musique, lui qui avait plus que surement dû tenir un flingue en main plus souvent qu'une guitare.... sans répondre il retourna à son comptoir.

La musique continuait de balancer ses notes dans l'espace restreint de la salle du bar perdu au fin fond d'une campagne austère.

Les clients commençaient à affluer...tous ceux qui se laissaient ensorceler par les airs mélodieux qui s'éparpillaient dans la chaleur palpable de ce soir d'été.

Albane était repartie le temps d'un instant, le temps d'une mélodie, le temps d'un rythme dans sa vie intérieur, dans son paradis où l'ennui n'avait aucune prise.

Nick ne s'occupa plus  des trois étrangers, il avait du monde qui attendait pour commander.

Ange remarqua qu'il y avait très peu de femmes. Grosse concentration d'hommes qui avait le regard braqué sur la silhouette élancée de la jeune femme. Ce qui se déroulait dans leur tête devait plus tenir du film X que du film à l'eau de rose, pour exemple les scènes visualisées dans son propre cerveau.

Sans le savoir Albane nourrissait les fantasmes de tous ces cutéreux à la famille bien pensante mais qui au fond d'eux même ne rêvaient que d'écarter les cuisses de la jolie brune pour aller donner un coup de langue sur une petite chatte bien sage.


La pianisteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant