La pianiste

Rencontre

Il nettoya le bar, finit de ranger la vaisselle  qui trainait ça et là, vérifia ses commandes, retourna dans sa cuisine pour préparer une petite collation, il ne leur accordait plus aucune  attention, les considérait comme des clients normaux....mieux valait  faire dans la discrétion et ne pas être trop curieux.

Les trois hommes au comptoir sirotaient leur bière et  discutaient  entre eux sans lever la voix. Il les laissa à leur conversation sans chercher à intercepter quelques mots qui auraient pu le mettre sur une quelconque piste, cela ne l'intéressait pas, il devait seulement faire en sorte que la soirée se passe bien car Albane n'allait pas tarder à arriver.

Albane.....putain, il l'avait oubliée...Il allait devoir redoubler d'attention car dès qu'elle aurait franchit la porte elle allait devenir une proie. Le danger guettait. Albane était trop belle pour échapper à leurs regards et s'ils la voulaient tous les trois, cela ne poserait aucun problème pour eux.Il savait comment opérait ce genre d'hommes, ils étaient capable de se partager une fille toute une soirée, chacun la prenant par tous ses trous sous les yeux de ses comparses,  n'hésitant  pas à fourrer une femelle comme ils disaient devant un public enivré, excité et intéressé.
Il se rappela certaines soirées avec ses lieutenants le temps qu'il avait été à la tête de son Club, cela se terminait toujours en orgies monstrueuses avec pour conséquences des lendemains houleux. Il leur fallait en moyenne deux jours pour récupérer mais il fallait aussi assurer la sécurité du Club au cas où il y aurait eu intrusion et ces moments pouvaient être lourds de conséquence mais tant qu'il avait été président il n'y avait eu aucune perte à déplorer.

Ces trois là tout costaud qu'ils étaient ne savaient pas à qui ils avaient affaire.

Il regarda l'heure sur l'horloge qu'Albane avait un jour fabriquée quand elle était enfant, presque dix huit heure, elle allait arriver d'une minute à l'autre, plus le temps de lui dire de ne pas venir.

Tournant la tête, il s'aperçut qu'Ange le regardait.

"Un problème"?

"Pas que je sache".

Pourtant le regard qui le  scrutait en disait long sur ce qu'il pensait. Il suivait les tatouages qu'il n'avait jamais caché. Certains avaient été redessinés pour  masquer  leur signification mais sous l'oeil aguerri d'un expert étaient ils vraiment cachés.

"Oh putain, Prez, vise un peu".

Ange se retourna.

Albane était entrée.

Dans sa petite robe au tissu fin qui galbait à merveille ses seins elle était à tomber.

"Putain j'vais m'la faire".

"Tu ne feras rien du tout t'as compris".

"Mais Prez regarde moi ce morceau, ce corps de pute, sa cha......

Le bruit qu'ils entendirent derrière eux les firent se retourner comme un seul homme, des débris de verre jonchaient le comptoir et Nick menaçait Brindille un tesson à la main.

Ange sortit son arme qu'il déposa sur le verre brisé.

La tension montait.

."Calmez vous ils ne la toucheront pas, c'est votre fille ?".

"Ouai et tout costaud que vous êtes, je n'hésiterai pas à vous estropier, si vous touchez à un seul de ses cheveux, vous êtes morts compris".

Ange fut surpris du courage de l'homme qui osait les menacer, il fallait en avoir dans le pantalon pour brandir ne serait ce qu'un canif sous leur nez.

"Ça va, ça va on a compris, on est pas là pour faire des histoires ok, rangez ça, mes gars ont la gâchette facile et ce serait plus que dommage qu'il arrive quelque chose à cette jolie petite chatte."

Pas consciente de ce qui venait de se passer, Albane s'approchait et fronça des sourcils quand elle vit les dégâts occasionnés.

"Que se passe t il, Nick un problème" ?

Ses yeux d'un bleu translucide parcoururent le groupe qui se tenait devant elle.

Elle ressentit le climat tendu qui se dégageait d'eux, tourna la tête vers le fond du bar, les quelques clients attablés regardaient tous dans leur direction, elle aurait presque pu dire qu'ils étaient sur la défensive et ce qu' Ange s'était dépêché de ranger sous son blouson ressemblait bien à une arme.

"Nick" ?

"Non ma belle, tu peux aller jouer".

Après un dernier coup d'oeil aux trois hommes, elle fit le tour du comptoir en regardant les débris que Nick nettoyait, déposa un baiser sur sa joue et se servit une limonade.

"Vous n'êtes pas de la région n'est ce pas" ?

 "Non Mam'zelle on est d'ailleurs".

"Et il est où cet ailleurs ? ".

"Plus haut Mam'zelle".

Sa voix douce titillait un endroit que Brindille savait gourmand. Il aimait dévorer, croquer, déguster tout ce que les jolies demoiselles savaient si bien cacher.

Le coude sur le comptoir et le menton dans la main il la regardait d'un oeil pervers.....il la voyait bien entre lui et son Prez la queue de Nounours dans la bouche, oh oui putain qu'est ce qu'il aimerait......une tape derrière la tête le fit basculer en avant.

"Arrête de rêver tu veux".

"Oh Prez ne me dis pas que tu n'te la ferais pas".

Heureusement que Nick avait poussée Albane plus loin pour lui parler.....ses paroles ne furent pas entendues.

Elle revint vers eux un verre à la main.

"Vous devez être fatigués, Nick tu peux préparer quelque chose à manger, s'il te plait j'ai eue la paresse de cuisiner".

"Bonne idée ce ne sera pas de refus non plus, si vous pouviez nous préparer un petit encas, patron".

Nick lui jeta un oeil noir auquel Ange répondit par un sourire tout à fait innocent si l'on peut qualifier d'innocent le sourire d'un biker de son genre.

"Je vais voir ce que j'ai en réserve, installe toi et vous, prenez une table".

"Vous voulez manger avec nous Mam'zelle ? ".

"Non merci je vais jouer".

"Elle va jouer, mais jouer à quoi"?

"Ce que tu peux être con quand tu t'y mets, du piano elle va jouer du piano".

"Ah parce que toi tu le savais".

"Ouai Mossieur, j'ai des yeux moi pour voir et ce que tu vois là sur l'estrade c'est un piano".

"Ok ok, pas de souci elle aurait pu jouer à autre chose que du piano si tu vois ce que je veux dire".

"Mais vous ne pouvez pas la fermer tous les deux, je vous signale que nous devons repartir demain à la première heure, on fera comment si on termine derrière les barreaux".

"Mais Prez ne me dis pas que tu n'as pas envie de la baiser, on pourrait se la faire à trois, un devant, un derrière, l'autre dans cette petite bouche si pulpeuse qu'on a envie d'y faire entrer quelque chose".

La bouche en coeur, son sergent d'armes mimait une petite gâterie...qui aurait pu croire que cet homme qui faisait le pitre était en fait un redoutable guerrier qui décidait de comment faire sur le terrain secondé par son "enforcer", son garde du corps....à eux deux ils valaient une armée entière et pouvait faire de gros dégâts....dangereux n'avait plus de signification pour eux.
Les laissant là à se chamailler comme des gosses, Ange se dirigea vers une table tout en regardant Albane s'approcher du piano.

Ce soir son lit ne serait pas vide.