La pianiste

La pianiste 47

Parlons un peu de ce Manoir qui semble destiné à  détenir  entre ses murs de sombres machinations. Cette grande bâtisse est presque aussi importante que tous les acteurs de cette histoire qui a commencée il y a bien des années en arrière.

 Immense construction qui se dresse fièrement au fond d'un sous bois, au milieu d'un jardin laissé à l'abandon, elle est remarquée un jour par un homme à la recherche d'un lieu assez grand pour accueillir de nombreuses  personnes. Cet homme a une idée en tête depuis pas mal de temps et voudrait la voir se concrétiser le plus rapidement possible. Il  se renseigne sur la propriété qui va devenir malgré elle le témoin de la dépravation humaine, il a les moyens et ne va pas lésiner sur les dépenses. Cet  homme à la sexualité débridée, débordante et exubérante va rameuter tous ceux qui comme lui recherche autre chose que l'amour sous les draps le soir à la lueur d'une bougie. Vous l'aurez compris cet homme recherche des moments d'extases plus violents les uns que les autres et notre beau Manoir allait en être le spectateur.

Tout fut mis en marche, la machine fut bien huilée et elle put démarrer sans problème pour que  des personnages haut  placés puissent  se livrer à toutes leurs perversités en toute tranquillité.

Tout ceci eut un nom, en l'honneur de celui qui lui avait fait découvrir ce monde, " L'Ordre de Sade", une seule loi était appliqué, pas de sang,  pas de mort enfin dans la mesure du possible.

Au fil des années ce qui était  appelé L'Ordre de Sade grossit et les adeptes moyennant cotisation arrivèrent à la porte attiré par le miel de la perversité...tous ces braves gens développaient un syndrome, celui de la déviance, bien ancrée au fond d'eux même.

Les murs de notre Manoir eurent à rougir plus d'une fois de tout se qui se passa dans toutes ses pièces, ils étouffèrent des pleurs, des cris, des hurlements, grognements et autres soupirs tant de plaisir que de déplaisir, car il faut bien avouer que tout ce qui se passa dans le secret de cette bâtisse ne se fit pas avec tous les consentements.

L'imagination de son propriétaire était sans limite, il acheta donc les  petites propriétés attenantes. Toutes avaient un passage secret qui aboutissait à une grande salle voutée d'où repartaient des couloirs qui vous faisaient ressortir à l'extérieur, ces couloirs étaient reliés entre eux par d'autres passages qui pouvaient vous faire circuler d'une propriété à l'autre sans jamais sortir, vue de haut cela aurait pu faire penser à une gigantesque araignée avec pour corps le Manoir lui même. Combien de jeunes femmes suivirent ces couloirs sombres, nues, bâillonnées pour aller satisfaire devant une assemblée les exigences lubriques de tous ceux présent, encapuchonnés et masqués. Son âme était souillée.

L'Ordre réussit à rester secret au fil des années qui passèrent....il traversa des périodes sombres où tout se calma doucement.le Manoir dû abriter les envahisseurs, fut saccager, piller, oublié, son propriétaire ne s'étant jamais marié, il n'y eut pas d'héritier. Magnifique et imposant, il resta ainsi fermé, abandonné, se remettant de tout ce qu'il avait enregistré dans ses murs et s'il avait pu délivrer au monde le quart de ce qu'il avait entendu le monde aurait crié au scandale. Il eut la chance d'être racheté au dernier moment car sa survie ne tenait plus qu'à un fil. Remis au gout du jour, il entendit de nouveaux  la vie parcourir son intérieur mais il réalisa bien vite que décidément il n'était destiné qu'à servir d'abri aux pervers et à leurs manigances. Des dossiers furent retrouvés, des notes furent découvertes et son nouveau propriétaire repartit sur les traces à moitié effacées mais pas tout à fait disparues de tous ses prédécesseurs.

Nick sans le savoir avait racheté plusieurs dizaines d'années plus tard l'une de ces petites propriétés qui avait été le témoin de tant de débauches et se retrouvait à circuler dans un de ces couloirs secrets dont le sol avait été foulé par tant de pieds nus avec un gang  de bikers pas très réputé à la recherche de sa fille enlevée par une bande de dégénérés qui, s'il leur mettait la main dessus n'allait pas faire de vieux os.