Cela faisait combien de temps maintenant qu'elle était là à attendre que l'on s'occupe d'elle, qu'on lui témoigne un sentiment d'empathie, un geste gentil. Combien de temps à attendre dans une pièce qui ne s'éteignait jamais, après être restée si longtemps dans l'obscurité. Ce qui en résultait une impression de ne jamais pouvoir fermer les yeux et de ne jamais avoir la possibilité de se reposer pleinement...encore que la notion de repos quand vous êtes emprisonnée est loin d'être la bonne formule...Elle remontait bien la couverture sur sa tête mais cela ne suffisait pas. Les journées étaient longues et son espoir d'être retrouvée s'amenuisait de jour en jour, elle n'était plus certaine de pouvoir revoir son père adoptif et celui qui pour un soir avait voulu la mettre dans son lit. Epuisée, angoissée, abattue, elle refusait de devenir un corps abandonné, oublié dans un coin.
Elle passait des heures à repenser à tout pour ne rien oublier, à essayer de se souvenir mais elle s'apercevait que cela la fatiguait mentalement.
Le bruit des targettes que l'on manipule la tira de sa somnolence.
Etait ce déjà l'heure du repas ?
Venait on la libérer ?
Le temps pour elle n'avait plus rien de significatif, il avait perdu de son importance. D'habitude c'était quand elle jouait qu'elle en perdit la notion, emportée par sa musique. Elle se rappelait, elle s'envolait sur les notes que ses doigts faisaient naître. Un sanglot monta dans sa gorge quand elle pensa à son piano. Elle le réprima aussi sec.
"Tiens le coup, surtout ne flanche pas ".
La petite voix dans sa tête lui donna le courage de se relever et de regarder les deux arrivants. Encore des cagoulés décidément ils vivaient avec ça en permanence sur le crâne.
"Debout".
L'ordre cingla, sec.
Tiens ils parlaient, elle avait fini par croire qu'ils étaient muets. Doucement elle se leva et se tint devant eux le plus droite et le plus digne possible dans sa nudité.
L'un des hommes sortit une espèce de lanière épaisse qu'il lui passa autour du cou....son premier réflexe fut de reculer, et de porter les mains à ce morceau de cuir indésirable qui lui blessait la peau. Il l'avait vraiment bien serré, mais il lui attrapa brutalement les poignets et toujours sans un mot les lui lia dans le dos tandis que l'autre sortait une laisse qu'il accrochait au collier.
En quelques secondes elle se retrouva réduite au rang d'animal, ils la tirèrent hors de sa cellule et ils remontèrent un couloir jusqu'à un escalier qui les mena dans un grand hall où elle fut prise directement en charge par deux femmes qui les attendaient droites comme un i les jambes écartées les mains dans le dos. Elles étaient complètement nues, une espèce de boule entre les lèvres qui les obligeaient à rester la bouche ouverte ce qui entrainait un écoulement de bave sur les côtés. Leurs seins étaient percés de petites tiges reliées par une chainette à laquelle pendait une autre chaine plus longue qui se perdait entre leurs cuisses.
Elle les regarda avec surprise, jamais de sa vie elle n'avait vu un tel tableau et elle en eut froid dans le dos. Alors c'était donc ça qu'elle allait devenir, un corps sans âme tout juste bon à obéir. Elles durent si reprendre à deux fois pour la faire avancer en tirant sur la chaine. Le choc la submergeait, la noyait.
Et toute cette scène se déroulait dans un silence total, aucun bruit ne filtrait de derrière les portes en face d'elle, elle se résigna à les suivre. Comment faire autrement.
Les deux femmes l'emmenèrent dans une grande salle de bain tout de blanc carrelée...la lumière plus vive et plus crue la fit cligner des yeux. Elle fut poussée vers la grande baignoire qui se trouvait au milieu de la pièce.
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La pianiste
Actionelle joue du piano dans le bar de Nick son beau père jusqu'au jour où..... Il arrive sur sa moto.....et où elle disparait....