CHAPITRE VINGT-TROIS : L'ENTERREMENT DE LA JOURNALISTE

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Dix jours après le meurtre de Lucy et l'annonce de la grossesse de Jane à leurs parents, l'enterrement de sa sœur se déroulait un dimanche du mois de mai dans un cimetière de New York.

Au loin, assis sur un banc de couleur marron, Jefferson observait Jane qui vêtue de noir était debout en compagnie de ses parents autour du cercueil de sa défunte sœur la pleurait.
Plus tôt dans la journée, Jane lui proposait de l'accompagner jusqu'au cimetière mais il déclina.

La dernière fois que Jefferson avait mis les pieds dans un cimetière c'était lors de l'enterrement de sa grand-mère et rien que d'y penser une grosse peine apparue dans son regard.

Il essuyait du revers de la main la petite larme qui coula sur sa joue.

Aujourd'hui Jefferson s'interdisait de pleurer, surtout pour cette journaliste.

Le visage de Lucy te hantera jours après jours comme celui de Michelle Peterson ou encore de Warren Parker, Jefferson, déclara sa conscience.

Le cercueil en terre, la cérémonie touchait à sa fin et Jane s'excusait auprès de ses proches pour rejoindre son compagnon.

***

En l'apercevant, Jefferson Gold se redressa du banc et marchait vers elle. Ses bras ouverts l'attendaient pour la réconforter mais Jane l'ignora. Jane Pink était d'humeur glaciale.

— Jefferson. Mes parents veulent te rencontrer, suis moi, déclara-t-elle d'un ton sec.

Soudain Jefferson déglutissait, pourquoi voulaient-ils le rencontrer ? Il n'était pas prêt à les affronter, pas aujourd'hui. Que devait-il leur dire?

— Pourquoi veulent-ils me voir ? Lui demanda Jefferson après une minute de silence.
— Ils veulent connaître le père de mon enfant. Et ne t'en fais pas, ils ne te mangeront pas. Ce ne sont pas des cannibales, chéri ! Assura-t-elle en souriant.

Le visage décomposé par la peur, Jane lui tenait la main pour le rassurer. Ainsi, main dans la main, les amoureux retournèrent dans le cimetière.

***

Devant la pierre tombale de Lucy Pink, se trouvait les parents de sa compagne, Bruce et Billie. Bruce était un grand homme barbu aux longs cheveux roux, aux yeux noisettes et des taches de rousseurs marquaient son visage.

Billie était brune aux cheveux longs.
Contrairement à son ex-mari, ses yeux étaient verts.

— Monsieur et madame Pink, je vous présente mes sincères condoléances suite au décès de votre fille, Lucy, prononça Jefferson timidement.
— Oh, tu dois être... Jefferson, n'est-ce pas ? Enchanté, je m'appelle Bruce, dit le barbu en lui serrant vigoureusement la main.

Sa main était dur comme l'acier.

— Oh mon dieu... je n'arrive toujours pas à le croire, ma pauvre chérie, elle qui était si douce, si gentille, si intelligente, pleurnicha Billie.

Jefferson s'apprêtait à la réconforter quand Jane lui lança un regard noir.

— Excuse-moi, je ne me suis pas présentée.
Je suis Billie, l'ex-femme de Bruce, reprit-elle en le regardant dans les yeux. C'est donc lui, le père de ton futur enfant ? Demanda Billie à sa fille.
— Oui, c'est bien lui, maman, confirma Jane.

***

Avant que la nuit tombe et que chacun doivent retourner dans leur hôtel ou chez soi, Bruce et Billie les invitèrent à dîner dans un restaurant pour fêter l'heureux événement qui viendrait dans les neufs prochains mois puis pour faire un dernier adieu à leur fille cadette, Lucy.

— Trinquons ! À vous deux pour le merveilleux cadeau qui arrivera bientôt et à nôtre Lucy qui se là-haut veillera sur nous ! S'exclama Bruce en levant son verre de champagne.
— J'espère que ce sera une petite fille, rigola Billie.

Leurs coupes trinquèrent et le dîner se déroula dans une ambiance conviviale, bienveillante, chaleureuse et nostalgique lorsque Billie évoquait des anecdotes sur les sœurs Pink.

Durant le repas, Jefferson apprit qu'en étant plus jeune, Jane pratiquait du Hip-hop ou encore qu'avant de devenir journaliste Lucy souhaitait faire une carrière de photographe et que leur rêve commun était de faire le tour du monde. Quant à lui, il leur parlait rapidement de sa famille sans mentionner la carrière de son père ainsi que ses rêves qu'il avait plus jeune.

— Haha, qui n'a jamais rêvé d'être astronaute, me direz-vous ? Je pense que chaque homme désire aller dans l'espace, blagua Jefferson Gold.
— Au fait, tu ne nous as pas donné ton nom de famille, pourquoi donc ? Quel est-il, lui posa subtilement Bruce.

Jefferson faillit avaler son repas de travers parce qu'il ne s'attendait pas à cette question.

— Tout vas bien mon amour ? Lui demanda Jane, inquiète. Vous le mettez dans l'embarras avec toutes ces questions, rétorqua-t-elle en s'adressant à ses parents.

***

Il s'excusait de sa réaction et leur indiquait seulement le nom de famille de sa mère.

— Jenkins... ce nom me dit vaguement quelqu'un, annonça Billie. On dirait celui de mon ancienne amie, Hanna !
— Hanna... Hanna Jenkins. Mais bien sûr, elle était dans ma classe avec un certain Henri... Je n'arrive plus à mettre de nom dessus, ça me reviendra, affirma Bruce, convaincu.

Était-ce possible qu'ils parlent de ses parents ?

Je dois sûrement me faire un film, oui ça doit être ça, il existe des milliers d'autres personnes qui se prénomment comme cela, se dit Jefferson. Tout à coup, il se levait, prétextait une envie pressante et quitta la table.

Dans les toilettes, il passait sa tête sous le robinet.

— Ressaisis toi Jeff ! Allez, marmonna-t-il.

***

Pendant ce temps, Jane et ses parents reprirent leur dîner.

— Qu'a-t-il ? Avons-nous dit quelque chose qui ne fallait pas, s'inquiéta Billie.
— Maman, tout vas bien. Jefferson n'a simplement pas l'habitude d'être au centre de l'attention, assura Jane en souriant.

Immédiatement, Jefferson revenait près d'eux en se tenant le ventre puis s'assit à côté de sa copine.

— Pardonnez-moi, mon plat avait un peu de mal à passer, dit-il en souriant.
— Ah bon ? Pourtant la cuisine est excellente, répliqua Jane.
— Mon amour, je n'ai jamais dit le contraire, lui répondit-il en l'embrassant doucement sur la joue.

Billie semblait émue face à la scène.

— Bruce, regarde les, ne sont-ils pas mignons ? J'ai l'impression de nous voir à leur place, affirma celle-ci d'un ton mélancolique.
— Maintenant il faut espérer que cela dure, riposta Bruce.
— Maman, papa. Pour l'instant, cela fait cinq mois que nous sommes ensemble et nous sommes très heureux, certifia Jane.

Je crois que tu as oublié de préciser qu'il a tué ta regrettée sœur, lui rappela sa conscience.

— Je peux le confirmer, nous sommes très heureux, répéta celui-ci.

Ce n'est pas comme si tu manipulais cette pauvre femme depuis des mois, pas vrai, Jeff, lui informa sa voix intérieure.

À la fin du repas, Jefferson Gold suggérait de payer sa part mais Bruce refusa en lui disant que ce serait pour une autre fois.

Y'en aurait-il une autre ? Jefferson ne le pensait pas. Cela risquait d'être compliqué s'il se faisait incarcérer. Peut-être que la prochaine fois qu'ils se retrouveraient, ce serait à la naissance de l'enfant, pire encore, au tribunal.

JEFFERSON GOLD (1ER jet) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant