Roni mon amour...Un dimanche dans la brie,
t'en souviens-tu Roni ?
Matisse était d'sortie
effaçant le ciel gris
de son bleu assouvi.
Le cobalt de Henri
nous laissait tout pantois.Un beau Dimanche d'été,
en Août sur le papier.
Les blés étaient fauchés,
les coquelicots fêtés
par des peintres zélés,
rougissant les derniers
comme le reflet d'une bouche,
soulignée de retouches.Le 10 pour être précis.
C'est mon cœur qui l'écrit
parce que chez moi depuis,
la raison est transie,
préférant ton vernis
et d'autres friponneries.
Je ne veux pas me trahir.
Seuls comptaient tes sourires.Ce Dimanche dans la brie,
t'en souviens-tu Roni ?
Les tournesols fleuris,
tous les colzas cueillis,
nous attendions les pluies
pour nous rendre à la vie ;
Quelques averses de nuit
nées de nuages bénis.Cette eau comme le parjure
d'une saison sans mesure,
pleurée par la nature,
priée par les ramures
se faisant belle césure
de l'astre d'Épicure.
Une caresse de fraîcheur,
hiatus à la chaleur.Cette eau dont nous rêvions,
presqu'une incantation,
nous berçant d'illusions,
moi, marin en haillons
suant sur des galions
pour des terres sans fanions.
Des ondées pour combats
s'enfuyant à grands pas.Ce Dimanche dans la brie,
t'en souviens-tu Roni,
comme j'errais déconfit ?
Maraudeur racorni
bringuebalant mon ennui
dans des alcools maudits,
me rendant plus faraud
qu'un malicieux barbeau.J'avais l'destin chagrin,
dans l'vrac de mes quatrains.
Mes espoirs aux freudiens
à faire pleurer un chien,
levant la patte aux coins
de tous ces margoulins :
Le spleen s'accorde mal
avec le Gardénal.De la monotonie
à la mélancolie,
j'n'avais plus de sursis,
tricotant mes soucis,
en faire un ciel de lit
pour recouvrir ma lie.
Ne plus me faire courtois
pour n'être que grivois.J'errais de rue en rue
comme un vieil ours bourru,
limogé des vertus
de tous ces beaux faux-cul
jouant d'la plus-value
pour se croire parvenus ;
S'octroyer de grands airs
et être à découvert...Puis presque par hasard,
au hasard d'un boulevard,
tous deux aussi musards,
c'est là qu'avant le soir,
avant de crier gare,
je m'suis laissé avoir,
enroulant mes amarres
sur ce bout de trottoir.Était-ce dans les tarots ?
Au dos d'un ex-voto ?
Cette bise de renouveau
me traversant la peau,
sauvage comme des chevaux,
comme des buffles au galop
à épousseter mon cœur
de ses dernières rancœurs.Ce Dimanche dans la brie
qui a changé ma vie,
toi mon Iphigénie,
t'en souviens-tu Roni ?
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Des petits riens pour un tout
PoetryAu fil du temps, la vie vient à vous... Du beau à l'innommable, nous nous confrontons à elle, puis reste ce que nous en faisons.