J'crois qu'si tu ne m'aimais plus,
mon coeur comme un pendu
balaierait le temps perdu.
Mon souffle au jour venu
comme une rivière en crue,
me quitterait suspendu
entre les âmes perdues
et les pauvres déchus.J'men irais prier Dieu,
signerais tous aveux
et demanderais un non-lieu
pour pouvoir faire d'mon mieux,
prendrais cilice et pieu,
louerais l'ordre des Chartreux,
apprendrais Saint-Matthieu
pour qu'on reste tous les deux.J'irais mettre des gris-gris
tout au fond d'notre lit,
jetterais mon âme flétrie
dans le tout premier puis,
invoquerais Erzulie,
bel esprit d'Haïti
issu de la sorcellerie
pour que rien ne soit fini.Je m'en irais au Diable
tout lui mettre sur la table,
je jouerais le jouable,
m'avouerais coupable
d'être comme mes semblables ;
Aussi faible et friable,
aussi peu aimable,
pour qu'il me donne du rab.Qu'on m'laisse te rechercher
sur les terres défrichées,
sur les mers déchaînées,
aller ici prêcher,
ailleurs pour rabâcher
quelques mots caressés,
quelques souhaits murmurés.
Aller et te trouver...Je m'ferais alors bateleur
t'appelant de tout mon coeur
sous des soleils tapeurs,
ou encor chat miauleur,
sous des pleines lunes en pleurs.
Mendier un peu d' bonheur
parti bien avant l'heure.Mais si tu n'm'aimais plus,
si tout était fichu,
c'est moi qui s'rait perdu
comme une espèce d'intrus
dans une vie superflue.
Rien n'me retiendrait plus
de m'abreuver d'cigüe
jusqu'à en être repu.
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Des petits riens pour un tout
PoetryAu fil du temps, la vie vient à vous... Du beau à l'innommable, nous nous confrontons à elle, puis reste ce que nous en faisons.