Presque...

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Nous avons failli l'faire,
sommes sortis d'l'âge de pierre
debout, en clans grégaires,
avons vu l'âge de fer,
combattu dans les guerres
des Césars sanguinaires,
démis les rois d'hier
pour une république fière.

Les tranchés d'la première
qu'nos aïeux ont souffert,
les camps d'la toute dernière
bâtis sur des enfers,
les colonies de naguère
d'où montaient les colères,
ces hontes d'un temps primaires,
nous les avons faites taire,

avons franchi les mers,
dompté la Cordillères,
virevolté dans les airs
jusqu'à quitté la terre
pour des envies lunaires,
révé à l'univers
bien au'd'là des poussières
de notre étoile polaire.

Nous avons failli l'faire,
avions tout pour le faire,
le savoir de nos pères,
le courage de nos mères,
de quoi rendre nos chimères
un peu plus terre à terre,
être moins dans l'éphémère,
ne plus être adversaires.

failli être tous heureux,
comprendre enfin l'précieux
de ce qui est harmonieux,
en finir des rageux
et d'tous les autres haineux,
se défaire des fielleux,
mais nous n'pouvons pas mieux,
à croire que c'est un voeu pieux.

Malgré toute notre histoire,
ce qui fait notre mémoire,
les promesses illusoires
des chants de nos victoires,
les regrets d'nos mouchoirs,
les veuves vêtues de noir
et les jours de pains noirs,
L'homme est sans purgatoire.

De mémoire sélective,
nous savons ses dérives,
sa prédation nocive
parmi tous ses convives,
nous laissant dans l'qui-vive.
Que voguent les récidives
des grandes douleurs massives !
Ques les communs survivent !

Et si rien n'à changé
à vivre en viager,
disons la vérité ;
Comme des esclaves piègés
devant toujours payés
pour à peine respirer,
nous sommes tous mal menés.
Du moins, mal gouvernés.

L'élite contre nous tous
pendant qu'elle fait carousse.
A nous toutes les secousses
d'une existence qui tousse.
Il y a ceux qui s'trémoussent
et les pauvres qu'on détrousse.
L'eau douce qui nous émousse
et pour toujours nous pousse

à être dans l'espérance,
même si viennent les carences.
Nous nous devons violence
pour cette fichue croissance,
augmenter les cadences
et souffrir en silence.
Accepter la patience
quelqu'en soient les instances

et au lieu d'nous unir
pour un meilleur avenir,
nous n'faisons que trahir,
honnir et démolir,
amener nos frères au pire,
jalouser l'autre. En rire.
L'important est de nuire,
de se montrer et jouir.

Nous n'sommes plus les victimes
d'un système qui opprime,
mais complice d'un régime
qui nous tire vers l'abîme
en refusant l'estime
du respect qui anime
nos volontés ultimes,
d'encor croire au sublime.

Des petits riens pour un toutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant