Pas plus tard qu'avant-hier
nous parlions lavandières
aux prénoms d'nos garnd-mères
qui elles mêmes en hiver
où saison moins glacières,
dans l'eau vive des rivières,
des lavoirs peu couverts,
s'éreintaient pour ce faire.Frotter, laver, rincer...
Des battoirs pour fesser
le linge à décrasser
sur des boîtes à laver,
où les genoux usés
finissaient écorchés,
les mains congestionnées
par des gerçures craquelées.Des brosses durs de chiendent
telles des "guiros" rythmant
la montée des chuintements,
s'en allant et venant
sur l' tissu des vêtements,
d'un drap, d'un cardigan
qu'un morceau de savon blanc
bouchonnait en moussant,et c'est sur des brouettes,
toutes guillerettes ou muettes
qu'elles roulaient ces cuvettes
de lessive enfin faites.
Les étendre sur la crête
de fines cord'lettes champêtres
ou un bord de fenêtre
pour qu'le vent leur fasse fête.Il y'avait d'autres jours,
les mêmes presque toujours,
où bouillaient tour à tour
ce qui n'était pas de velours
mais cotonnade d'atours,
coton de tous les jours,
sur des feux de secours
qui demandaient bravoure.Un peu de bleu "guimet"
qu'on mettait en dernier
pour que les blancs ravivés
ensoleillent les journées
sur leurs calendriers
qui se voulaient chômés,
et dates endimanchées
où se volaient des baisers.Un quotidien d'avant
qui dès l'aurore venant
jusqu'au soir s'étitant,
accaparaient les gens
des labeurs harassants
qui nous semblent maintenant
comme des corvées de Titans
qu'aucun n'voudraient présent,puisqu'il y a des machines,
moins de corps qui s'échinent
sur des tâches qui laminent.
Qu' la vie est plus facile
grâce aux progrès utiles.
Avoir du temps futile,
des loisirs même puérils
mais enfin, vivre tranquille,et pourtant, bien nombreux
sont ceux qui cafardeux
regrettent ces temps rugueux,
s'affirment loin d'être heureux.
L'existence selon eux
s'endurcit peu à peu,
bien qu'nous ayons plus qu'eux,
qu'nous vivions bien plus vieux.D'autres maux au revers
des avancées hors-pairs,
des techniques si prospères
qu'on en oublie hier.
Un déni de naguère
faussant tous les repères.
Être dans la surenchère
à croire qu'on n'savait faire.
VOUS LISEZ
Des petits riens pour un tout
PoetryAu fil du temps, la vie vient à vous... Du beau à l'innommable, nous nous confrontons à elle, puis reste ce que nous en faisons.