Elle vient comme une comptine ;
Tonton-Tatie-Tantine !
une ritournelle gamine
qu'on aime et qu'on décline
aux récrés, la cantine.
Tonton-Tatie-Tantine,
que nos frimousses taquinent
entre lait et tartines.Elle vient comme une chanson ;
Quelques couplets, un pont.
Un refrain, des flonflons
qu'on chantonne par tronçons,
sifflote comme un pinson
parce qu'on l'a tout du long,
qu'elle vous rappelle un nom,
des douceurs, un frisson.Elle part comme un cantique ;
quelques versets bibliques
pour les plus liturgiques.
A peine quelques chroniques
pour tous ceux qu'le "mystique"
rend bien plus que critique,
pour ne pas dire caustique.Elle ? C'est seulement la vie.
Celle qu'on raille aujourd'hui
comme une poignée d'roupie
jetée avec mépris
au vagagabond sans lit,
avalant quelques mies
et dormant sous la pluie,
sans un regard pour lui.Cette vie intemporelle
qu'on pense être éternelle
en s'oubliant mortelle.
Juste un passage frêle
semé de miel, de fiel,
nous menant à la stèle
de c'qui sera le ciel
d'un repos naturel.On use jusqu'à l'usure
à en noircir l'azur,
le futur qu'on censure
comme des êtres immatures
qui, à tout ce qui est pur
répondent par des injures
sans avoir la mesure
du mal que l'on bouture.On balaie ses valeurs
comme de mauvais payeurs,
mais voulons par ailleurs
nous réserver le meilleur,
avoir l'argent du beurre,
sa crème et ses teneurs
sans avoir la pâleur
de n'être qu'abuseurs.On économise tout,
ses sentiments surtout
comme s'il était tabou
d'baisser ses gardes-fous,
d'avoir des rendez-vous
et dire sans arrière-goûts
à ceux qui sont pour nous
qu'on les chérit beaucoup.On se maltraite soi-même
à toujours être extrême,
s'inventer des problèmes
jusque dans les phonèmes
de nos plus beaux poèmes,
faire de tout des dilemmes
qui nous amèneront blêmes
sous des champs d'chrysanthèmes.Toujours êtres dans l'urgence
à en perdre le bon sens.
Être dans l'excès des sens
jusqu'à la défaillance.
Se plaire dans l'insolence,
parfois la suffisance
en boudant l'échéance
de quelques déchéances.Nier la décrépitude
d'une vieillesse souvent rude,
repue d'incertitudes
vêtue de solitude
d'où remonte l'inquiètude
d'être celui qu'on élude,
d'être dans la servitude
proche de la "finitude".L'heure des regrets est là,
des remords que voilà.
Voir pour une dernière fois
la fleur des beaux Lilas,
le jaune des Mimosas
en apparat de gala,
en tenue de loufiat
et partir loin là-bassans n'pouvoir réparer.
Revenir sur les ratés
et les secrets cachés.
Se les faire pardonner
sans n'pouvoir se racheter.
Oublier être athée
pour se mettre à prier.
Se laisser à pleurer.Tonton-Tatie-Tantine !
Elle nous quitte en sourdine
sur ses grands airs de spleen
et tant-pis pour les ruines.
On sait tous qu'elle chemine,
cette toute petite comptine
en se faisant mutine.
Tonton-Tatie-Tantine...
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Des petits riens pour un tout
PoetryAu fil du temps, la vie vient à vous... Du beau à l'innommable, nous nous confrontons à elle, puis reste ce que nous en faisons.