Non Roni... Je n'dors pas,
accroché dans nos draps.
Ne pas glisser plus bas,
se défaire de cette poix
qui nous plonge dans le froid,
nous brandit sur des croix
comme l'autre pauvre gars
qui ne fut pas plus qu'une proie.Il me vient des rancunes ;
Fièvres de mes veilles nocturnes
au zénith de la lune
quand on place aux tribunes,
le bilan de nos urnes.
Je ne crois en aucune
qui toutes sont opportunes
pour faire nos infortunes.Mon drapeau n'est pas noir.
Je n'ai pas ce savoir
qui est d'une autre histoire,
mais il nous faut revoir
l'esquisse des pressoirs
de certains charognards
qui nous laissent le pain noir.Ceux qui n'sont que vautours,
nous guettant aux détours
des discours de secours,
comme les putains d'Hambourg
mais aussi d'autres faubourgs
promettant plus d'amour,
pourvu qu'au second tour
on soit celui qu'on fourre.Non Roni... Je ne dors plus
bien que je me sente fourbu
dans notre couche, vaincu
sous les astres perclus
par tant de déconvenues
semées commes des obus,
pour laver nos vertus
et sauver nos saluts.Il me vient de la peine,
des transes qui me gangènent
comme des pensées païennes
ou le chant des sirènes,
sonnant comme des blasphèmes
venus d'autres totems
qui ne sont pas moins extrèmes
quelque soit leur emblème.Le peuple est dans la rue
mais c'est une chose prévue
pour ne pas dire convenue.
Les meneurs sans retenues
deviendront des lèches-cul,
calmés à coups d'écus,
peut-être même promus
jusqu'au prochain chahut.Les hommes sont corruptibles.
Il n'y a qu'à lire la bible ;
Trop à l'argent sensible.
Quelques autres faillibles,
faisant un tout nuisible
des états immiscibles
qui nous retirent le crédible
comme on ôte un fusible.De manif en manif,
rugissent nos cris plaintifs
dans des brouillards fictifs,
fumigènes invasifs
armant les combatifs
pour un futur festif.
Un avenir moins craintif
remplaçant les califes.Et la France se lamine
dans le bris des vitrines.
Le feu des mains crétines
à la cervelle bovine
qui sappent les vies chagrines
pour être dans la rapine,
pareilles à la vermine
sur des plaies assassines.Et nos vies s'endurcissent,
pliant sous l'injustice
des grands en exercices,
dont la quête directrice
est faite de bénéfice,
quitte à snober nos fils,
mépriser nos auspices
pour asseoir leurs délices.Ainsi repose le monde
depuis que la terre est ronde,
depuis qu'l'homme vagabonde.
Être homme à chaque seconde,
être au sein des rotondes,
le seul chef qu'on inonde
de vivats qui surplombent
la marche de ceux qui frondent.Tout ceci nous dessert,
nous oblige à des guerres
qui n'sont plus à refaire.
Demeurer sage et fier
n'est pas se laisser faire
ou ployer et se taire.
C'est même tout son contraire ;
C'est se rendre moins primaire.Faire du savoir une arme
pour éviter les drames.
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Des petits riens pour un tout
PuisiAu fil du temps, la vie vient à vous... Du beau à l'innommable, nous nous confrontons à elle, puis reste ce que nous en faisons.