Rappelle-toi de ce frère
venu de la lumière
tel un chat de goutitière,
d'une Marie si peu fière,
d'un Joseph si solaire
pour faire de nous ses pairs,
des hommes porteurs d'amour
sur les terres alentours.La parole fut de fer,
semant de nombreuses guerres
pour n'laisser qu'en viscères,
les hérétiques pervers
sur les sentiers de l'enfer,
privés de toute prière.
L'évangile sans détours
pour des versets d'amour.Depuis, combien de morts
au nom de l'oxymore ?
Combien d'amas de corps
pour un Dieu bien retors
nous escroquant encor ?
Tous nous museler de mors
qu'en chevaux bien dréssés,
nous nous laissons passer.Frères contre frères haïs
par millions ont péri
sous des psaumes enhardis,
par la main d'érudits
qui pour être nantis
ont romancé la vie :
- Le peuple se rebelle ?
rendons-le plus fidèle.Le devoir de mémoire
fait partie de l'histoire...Rappelle-toi ce Génois,
marin et vice-roi
à la barre des trois mâts,
la Nina, la Pinta,
la Santa-Maria,
bravant tous les climats
de la mer des Antilles
pour la belle de Castille.La conquête fut sans foi.
Les hommes changèrent de lois,
pillant comme Attila,
violant à tour de bras,
saignant tous les trépas
écorchés tels des rat,
sous le feu des flotilles
crachant sur des familles.Les hommes pliaient au fouet,
bêtes de somme, bêtes de trait
privés à tout jamais
du moindre des respects,
mourant sur des gibets
sans même un faux procès ;
Sonnaient les heures d'entraves
pour des millions d'esclaves.Indiens et africains
vidés du sang carmin
par des monarques craints,
avides de caisses, d'écrins
emplis de leur chagrin
pour élever des souverains.
Malheur aux colorés,
Dieu vous a oublié.Le devoir de mémoire
fait partie de l'histoire...Rappelle-toi cet allemand ;
Ce peintre sans talent
au brassard rouge sang
orné de traits cinglants.
Symbole de noirs tourments
dépassant l'entendement.
Oubliès les poilus
pour des deuils en surplus.14, c'était avant.
On repartait un temps.
La dernière du moment
comme on disait souvent.
Faire reculer Satan.
Soldat ou partisan,
ne pas être vaincu
mais chasser ces intrus.Toute une constellation.
Pas moins de six millions.
Pour la petite addition
c'est plutôt le grand plongeon.
Des charniers à foison
ébranlant chaque nation...
Et que dire de Staline,
une autre âme assassine ?Au son du pas de l'oie,
l'aigle sur les pavois,
la route pour la Shoa
s'assombrissait d'effrois
quand les trains en convois
stoppaient à Treblinka.
Les collabos jugés
et certaines femmes rasées.Le devoir de mémoire
fait partie de l'histoire...Plus jamais ça dit-on,
une espèce d'injonction,
l'hexamètre du "non"
dont on tire des leçons.
La rosette du veston
qui absout les bouffons,
mais tous les lendemains
effacent tous les chagrins.On promet... On oublie,
puis tout se reproduit ;
Les autres sont l'ennemi
qu'on va laisser sans vie.
Un fils ou un mari,
mais que meurt cette chienlit.
Revient les appétences,
les instincts de violence.Voilà l'homme d'aujourd'hui,
plutôt maudit qu'instruit.
Bien sûr, pas tous ainsi
mais la plupart sans fruit,
préférant l'hallali
des veneurs réunis,
parce qu'au loin des meutes,
ils ne sont que des pleutres.Je n'ai plus de larmes
pour le son des armes,
plus vraiment d'états d'âmes
pour le feu de vos flammes,
plus d'amour au programme
pour toutes vos haines infâmes.
Je ne vous vois pas de haut
mais je vous tourne le dos.Le devoir de mémoire
fait partie de l'histoire,
une autre forme d'opium,
mais je n'aime plus les hommes...
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Des petits riens pour un tout
PoetryAu fil du temps, la vie vient à vous... Du beau à l'innommable, nous nous confrontons à elle, puis reste ce que nous en faisons.