Tu es pareil à moi,
noir et blanc de minois
qu'un rien met en émoi.
Au grand jamais sournois.
Le plus souvent en joie
quand blotti dans nos bras
tu sommeilles comme un roi.
Le roi de tous les chats.Tu t'étires sans un bruit
pour te jouer de l'ennui
des quelques rimes qui fuient
mon écritoire en buis.
Qu'on soit le jour, la nuit,
ton instinct reprend vie
et gare à nos souris
qui ne sont plus à l'abri.Ta patte en franc suspens,
le souffle dans les flancs
comme pour arrêter l' temps,
qu'ils soient des villes, des champs,
ces pauvres petits manants,
par tes griffes et tes dents
s'en iront tout pantelants
vers un repos sanglant.Ces proies mises en partage
que tu nous laisses en gage
de ton amour sans marge,
ces offrandes de bocages,
de divers autres pistages
déposées sans battage
sur un coin du dallage,
nous les glanons bien sagespuisque c'est ta nature.
Te perdre dans la ramure,
qu'on confonde la moirure
de ton épaisse fourrure,
pour qu'tu puisses à coup sûr
transformer tes captures
en pitance et pâture.
Etre un chasseur mature.Alors, en toute fierté,
la pupille aiguisé
sans avoir l'air flatté,
toutes les griffes rengainées
en douceur veloutée,
tu te laisseras aller
à quelques ports altiers
pour mieux te toiletter.Et qu'tes vibrissent scintillent,
que reluisent tes banderilles.
Tes ronronnements en trille
pour un rien, des vétilles,
feront de toi un drille
préférant la roupille.
Confiant tu t' recroquevilles.
Ici est ta famille.
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Des petits riens pour un tout
PoetryAu fil du temps, la vie vient à vous... Du beau à l'innommable, nous nous confrontons à elle, puis reste ce que nous en faisons.