Des petits riens pour un tout

Après ma mort

Demain je serai mort
et je t'aimerai encor,
loin de ces belles amphores
que je faisais trèsors,
des cigares de ténors
que je fumais à tort,
loin d'tous mes artifices
qui ne sont que cilices.

Demain je serai mort
et je t'aimerai encor.
Mon âme quittant ce corps.
Carcasse de vieux cador
pour les hauts miradors
où les Dieux sont pléthores.
Vers un Eden d'abscisses,
un enfer de supplices...

Demain je serai mort
et je t'aimerai encor,
au fond de toi dés lors
à pleurer nos remords,
à mendier des reports
pour conjurer le sort,
mais relis la notice ;
La vie est prédatrice.

Demain je serai mort
et je t'aimerai encor,
au temps qui s'évapore
sans bruit, presqu'inodore.
Doucement, sans effort
pour nous foutre dehors,
saisir tous nos délices
et nous mettre hors service.

Demain c'est tout à l'heure
quand se figera mon coeur
jeté aux moissonneurs.
Dépouille aux éboueurs
parce qu'au bout du compteur
il ne reste que des leurres,
alors que sans détour
toujours bat notre amour.

Demain c'est tout à l'heure
quand se figera mon coeur
fauché dans ce bonheur
boudant les fossoyeurs,
mais l'heure est au malheur :
- Qu'entrent les confesseurs,
  que je crie mon amour
  Avant la fin du jour !

Demain c'est tout à l'heure
quand se figera mon coeur.
Epargne-toi les pleurs...
Je suis prêt, n'ai plus peur.
Garde-moi ta chaleur
sur ton sein salvateur,
qu'un baiser pour secours
m'apporte ta bravoure.

Demain je serai mort
et je t'aimerai encor.
Demain c'est tout à l'heure
quand se figera mon coeur...
Je t'aime... Je t'aime... Je t'aime...
Je t'aime... Je t'aime... Oui, je...