Covid

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N'est-ce pas la vie qui vire
comme la mer se retire ?
Les volutes de la Myrrhe,
la corde pincée d'une lyre
s'étirant comme des spires ?
Au loin dans le zéphyr,
la regarder partir,
ne rien n'avoir à dire.

La suivre seulement des yeux
comme un pauvre amoureux
dans l' sillage d'un adieu,
la muse d'un malheureux
préférant d'autre cieux
pour charmer d'autres Dieux.
Ne plus faire comme on veut
et rester comme on peut.

C'est le feu des chaumes.
La fissure des rhizomes,
l'éclatement des atomes,
la mutation d'génomes
faisant d'nous des fantômes
pour nous vider les paumes.
Nous prendre jusqu'à l'arôme
de ce qu'étaient nos royaumes.

C'est bien la vie qui change,
une société d'rechange
pour un futur étrange.
Un avenir qui s'venge
capable de tuer nos anges,
nous pousse loin de la fange.
La détresse qui s'engrange
et noircit les louanges.

Ne plus avoir d'espoir,
plus personne en qui croire
puisque rien à prévoir,
qu' le tissus des mouchoirs
en attendant le mouroir
des morts de faim hagards,
comme au temps des barbares
assassinant sans gloire.

Et virevolte le virus
sonnant tel un opus,
comme jadis le typhus
errant jusqu'aux nimbus.
De laïus en corpus,
de chorus en hiatus,
les docs sont sans astuces
bien qu'ils soient tous focus.

Alors, force à la loi.
Ne plus avoir le choix,
aucune arme de combat
mais s'enfermer chez soi.
Nos envies sous cadenas,
respirer sous diktat
jusque dans nos pénates,
reclus dans nos casemates.

Les échoppes condamnées,
tous ces métiers damnés.
Ces hommes mis en apnées
que la mort guette bouche bée,
s'étouffer en nuées,
s'éreinter en pelletées,
mais qu'on empêche d'oeuvrer
comme s'ils étaient souillés.

Applaudir quelques uns,
les ignorer demain.
Recompter les défunts
et les pleurer en vain.
Prier Dieux et gardiens,
enrichir les souverains,
mais qu'ils sauvent nos destins
au travers d'un vaccin.

Et c'est la vie qui glisse,
reprenant ses malices
parce qu'il y a d'injustice
que dans nos propres supplices.
Nous aurons moins d'caprices,
oublierons les délices
tassés dans les coulisses,
verrons qu' tout est factice.

Des petits riens pour un toutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant