La vie passe

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Mais comme la vie est loin,
restant de moins en moins
à la portée de mes poingts
pour s'éloigner plus loin,
sans plus de mise au point,
nous faisant tous témoins
d'un présent mal en point
qui nous laisse dans l'besoin.

Jeune, on se veut plus vieux,
vaillant et insoucieux.
De l'espoir plein les yeux
et des rêves contagieux.
Des chimères pleins les cieux
et quelques voeux curieux
faisant que les audacieux
s'opposent aux prétentieux.

Tous dans la fleur de l'âge,
on bouillonne d'une même rage,
se souhaitant hors des cages
pour prendre tous les virages,
gravir tous les barrages
de cet immense voyage
avec pour tout bagage,
le coeur plein de courage.

Le pas est à son aise
face aux premières falaises.
Trop peu de conseils apaisent
qu'on prend pour des fadaises,
préférant à ces braises
tous les feux des fournaises.
A chacun sa génèse
pourvu qu'elle nous déniaise.

De sentiers en chemins ,
de ravins en destin,
les années sans dédains
additionnent les matins
de joie ou de chagrin.
Peu importe le déclin
nous tirant vers la fin
d'un immuable refrain.

Certains rechignent un peu
d'être juste un peu plus vieux,
le corps juste plus rapeux
et le sourire rugueux.
Le regard cafardeux.
Se mettre à croire en Dieu.
Préparer ses adieux,
le coeur tout plein de noeuds

quand d'autres sont terre à terre,
sans lorgner vers hier.
Se vouloir l'allure fière,
encor passer l'hiver.
Se moquer du cimetière
parce que tous les bréviaires
sont d'un goût bien amer
lorsqu'on veut encor faire.

Moi, ma tendre Roni,
que tout ça soit fini,
en rien je suis ternis
même si ça fait fouillis.
C'est simplement la vie
qui craque sous le vernis
mais qu'on soit désuni,
j'enrage tel un banni.

Je sais déjà ta peine,
toi ma jolie Slovène
qui à en perdre haleine,
m'aime toujours et m'aime.
Ta peine devient la mienne ;
Un chagrin qui s'égrène
au jour le jour sans gêne,
m'abattant comme un chêne...

Des petits riens pour un toutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant