Voici les nouveaux gavroches,
des boulons plein les poches,
pas plus âgès qu'des mioches,
rôdaillant leur galoches
la tête pleine de reproches,
le coeur plein d'anicroches,
déjà dans la décroche
de tout c'qui s'effiloche.Cette descendance perdue.
Juste des sirops de la rue
dont on a confondu
la transmission de vertus
et le copinage profus,
parce qu'il était exclu
qu'on les corrigeât plus dru
quand c'était le bienvenu.En faire des enfants rois.
Leur laissser tous les choix,
leur donner tous les droits.
Les mettre au-dessus des lois.
Ceci en toute bonne foi
pour que demain ils soient
sur la meilleure des voies.
Les hisser au delà.Cette envolée d'moineaux
devenue noirs corbeaux,
lézarde de leurs maux
les cieux dégorgeant d'eau
comme des éclairs ribauds,
dégainant leur couteau
la rage dans les naseaux
par manque de certains mots.Mots économisés
pour ne pas les vexer.
Ceux d'un autre passé
que l'on pense dépassés.
Ceux d'nos anciens ainés
si souvents méprisés.
Restés dans nos fièrtés.
Nier nous être trompés.De quoi avons-nous l'air
aujourd'hui sans repaire ?
Avoir tué père et mère
en ayant cru mieux faire ?
Formaté notre chair
à être libertaire ?
Dégueulé nos colères
en fuyant nos travers ?A tout vouloir donner
nous les avons dupés,
peut-être abandonnés.
Fais d'eux des écorchés
à peine civilisés,
si peu humanisés,
lâchés dans leurs plongées
comme un mal infecté.Les voilà dans l'décor
cherchant famille dehors
ou autres réconforts.
Espérer plus encore,
d'autres destins sans torts.
trouvers quelques supports,
ne plus se sentir mort,
se réveiller plus fort.oui, ce sont des voyous,
des tombeurs de tabous
capables de beaucoup
pour voler quelques sous.
Libres de tous garde-fous
n'ayant que du dégout,
mais s'rappeler avant tout
qu'ce sont nos gosses à nous.Ils sont nos lendemains
mais comment faire sans rien ?
Comment tendre vers le bien
quand on a que ses poingts
pour mériter son pain,
ne survivre qu'à l'instinct
et n'être certain de rien,
pas même de son turbin ?Nous leur avons appris
à être des malappris,
les avons peu instruits.
Sans respect pour autruit,
gangrénant leur fratrie
pour en faire des junkies,
ne plus être dans le circuit,
être pour tous la chienlit.De quoi vivre dans la peur,
mais nous sommes les semeurs
de ces nombreux malheurs.
Vouloir l'argent et le beurre,
cracher sur les valeurs,
nous ont plombé le coeur,
rendu peu rédempteurs
pour n'être qu'accusateurs.N'être solidaires de rien,
surtout pas d'ces vauriens
qui n'sont pas tous chrétiens.
Encore des crèves-la-faim
et autres traînes-patins
venus d'un peu plus loin
profiter de nos soins,
mais nous n'y pouvons rien.Mélanger les problèmes
et nourrir les extrèmes
pour cacher les oedèmes
d'une vérité trop blême.
Véritable blasphème,
nous obligeant sans schème
à supporter ces chaînes
mises en forge par nos gênes.La société va mal
à rendre ses derniers râles
dans le sang des cabales
qui nous rend animal.
Sommes-nous tous des chacals,
des être de peu de morale
au nombril si spécial
qu'on ne cesse d'en faire l'ovale ?Ne plus tendre aucune main,
se fermer au chagrin.
Traiter par le dédain
et continuer sans frein.
Rester sur nos matins,
garder le quotidien
mais dites-moi sans écrin ;
Qu'est-ce que sera demain ?
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Des petits riens pour un tout
PoetryAu fil du temps, la vie vient à vous... Du beau à l'innommable, nous nous confrontons à elle, puis reste ce que nous en faisons.