24.Aveu

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J'avais très mal dormi. Ce serait mentir que d'affirmer que le seul responsable en était Tim et ses ronflements. Même si ça n'aidait pas. Il dormait assez peu et j'avais renoncé à savoir ce qu'il faisait de ses nuits. J'ai pensé que c'était bien mieux pour moi.

La fatigue était devenue mon lot quotidien, et je ne pouvais compter que sur les week-end pour me reposer. Et c'était très long. La journée au lycée s'annonçait de nouveau compliquée avec l'incompréhensible cours de math, l'indéchiffrable cours d'histoire (littéralement) et le pire, le cours de physique-chimie. J'avais survécu à quatre tentatives de meurtres, j'aurais dû me sentir en confiance. Et pourtant quelque chose me perturbait. Je me sentais observé.

«—Salut, Raph.
—Oh... Salut, Max.»

C'était pas dans ses habitudes d'arrêter de bouder aussi vite quand on s'engueulait. Je n'allais pas m'en plaindre : s'il y avait bien un moment ou j'avais besoin de soutien, c'était maintenant.

«—J'me sens bizarre aujourd'hui. Comme si j'avais oublié un truc super important. C'est pas ton anniversaire, par hasard?
—Non. Si tu veux quand même me faire un cadeau, je ferai un effort pour l'accepter.
—Très drôle.  Et j'ai revérifié, on avait rien de particulier à réviser, à part la physique.»

Et merde. J'ai complètement zappé ça, avec tout ce qui s'est passé. Mais y a malgré tout un truc bizarre.

«—Dis, qu'est ce que tu te rappelles de la journée d'hier? Juste comme ça, pour un test.
—Mouais. Bien sûr. Attends, laisse moi réfléchir.»

Il fit mine de réfléchir, en se frottant le menton, les yeux au plafond.

«—Alors, on a eu un monstre qui a attaqué l'école, mais on s'en est sorti et tout a été réparé pour qu'on puisse retourner normalement en cours. Ca te va?»

Je suis resté frappé de stupeur quelques instants. Mon taux de stress grimpa dangereusement.

«—Euh, pas vraiment, non.
—Et c'est moi qui est trop "premier degré". T'es pas en forme toi. D'habitude, tu réagis pas comme ça aux blagues.
—Faut croire que c'est pas mon jour. »

Je devais tout de même savoir, au moins pour calmer ma crise d'anxiété.

«—Mais sinon, la journée d'hier?
—Il ne s'est rien passé, on a été en cours, normal, tu as été en sport te faire martyriser et moi, dispensé. Une journée ordinaire, bien ennuyeuse.»

Il avait réussi à me faire peur. Et j'avais toujours cette sensation d'être observé, sans que je sache par qui et pourquoi. J'étais en train de devenir parano ou quoi?

«—Raph, je sais pas ce que t'as encore foutu hier pour me poser la question, mais Charlotte te regarde comme si tu avais tué son chien. Je sais pas ce qu'elle te veut –non, tourne pas la tête!– mais vu sa tronche, je parie que ça va pas te plaire du tout.»

J'avais bien sûr aussitôt regardé la fille qui me fixait avec insistance. Je n'arrivais toujours pas à comprendre comment j'avais pu ne pas la remarquer tout de suite. Il faut dire aussi que j'avais trop pris l'habitude de la dévisager et que je ne voulais pas passer pour un mec bizarre. 
Ce n'était pas ce qu'on pourrait appeler un «franc succès». 

«—Bizarre, où est Camille? Tu l'as vue?
—J'en sais rien moi, comment veux tu que je le sache?»

Pourquoi elle était pas avec ses copines de d'habitude à discuter? Il avait dû se passer un truc, c'était pas normal. Au bout d'un moment, Max interrompit mes pensées.

«—Ah si, elle est en train de discuter avec ce con d'Enzo et sa bande. C'est bon arrête de stresser pour cette histoire de nounours moche, je suis à peu près certain qu'elle a complètement oublié cette abomination. J'aimerais pouvoir en dire autant.»

Comme une fille! [achevé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant