52.Pourparlers

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«—TOI!»

Stella semblait furieuse. J'avais eu du mal à la reconnaitre, au début, tellement son déguisement était bluffant. Elle s'était habilement maquillée pour durcir son visage, renforcer ses sourcils et avait même poussé le perfectionnisme en rembourrant son pantalon.

Mais ses yeux de biche la trompait. Je les avais assez vus dans le miroir pour bien les reconnaitre. Et avec cette expression, ce regard chargé de colère, de haine et de frustration, c'était encore plus évident.

«—Si on discutait, tous les trois? J'offre ma tournée!»

Je ressortis ma bourse de ma poche en la secouant un peu, avec le doux cliquètement plein de promesses des Perles. Stella s'avança vers moi, sans un mot ni un regard pour l'argent. Elle s'arrêta juste devant moi, avant de s'adresser à Cuddy, en ne me quittant pas des yeux.

«—Ferme la porte avec tout ce que tu as, rajoutes une table, un tabouret, j'en sais rien mais ne laisse personne rentrer ou sortir, Cuthbert.
—Non, Robin. Hors de question de se battre ici. Vous allez attirer les gardes et casser mon mobilier.»

Cette déclaration eut le mérite de me faire rire. 

«—Pas comme si c'était la première fois, pas vrai? Ca va te rappeler le bon vieux temps.
—Dégage d'ici, Namue. Disparais. Tu es une nuisance, une catastrophe ambulante, une très longue et fine épine dans le cul. Je ne barricaderai cette porte qu'une fois que tu l'auras définitivement franchie.»

Je secouai ma bourse.

«—Je pense que j'ai aussi de quoi te payer les meubles, à tout hasard. Et en plus, si je sors maintenant, on pourrait me voir. Ce qui serait bien embêtant pour tout le monde, tu crois pas?»

Ils n'avaient pas d'autre choix que de m'écouter ; j'avais réussi à les coincer tous les deux et ils allaient m'aider, de gré ou de force. Stella n'avait pas esquissé le moindre geste, le plus infime mouvement. Elle ne tremblait pas, ne trahissait aucune peur. Cette aura de calme et d'hostilité glaciale opérait un contraste impressionnant pour une nana qui ne l'était pas du tout.

«—Ecoute-là, Cuddy. Elle a raison. On ne peut pas la laisser partir et je pourrais largement te rembourser la casse, vu la taille de cette bourse.»

Stella continuait de me défier du regard. 

«—Mon fric.
—Je le prendrai sur ton cadavre, Namue.»

Elle avait annoncé ça de la voix glacée de la certitude, toujours dans le plus grand calme et la plus stricte rigidité. Elle était... Bizarre. Même pour moi. J'avais vraiment besoin d'eux et trop peu de temps devant moi. Il fallait que je garde mon calme. Maitriser les pulsions de la Corruption était un exercice difficile et penser à ma cible m'aidait à garder le contrôle.

«—Oh oh, madame a pris de l'assurance, à ce que je vois. Ca me plait. Ecoute, je peux te laisser l'argent, je m'en fiche. Mais en échange, je veux votre aide.
—J'ai une bien meilleure idée. Je te pète la gueule ici et maintenant, je récupère le pognon avant de te balancer dans un fleuve de lave avec une pierre autour du coup. Comme ça, on ne retrouvera jamais ton corps.
—Ce sont des mots d'amour ça, P'tit Cœur, sans doute pas les plus gentils.»

C'était bien ce que je pensais. Malgré mes provocations, elle restait parfaitement stoïque. Je voulais la pousser à bout pour l'évaluer, mais c'était une pure perte de temps. Elle avait une parfaite maîtrise d'elle-même. Elle avait changé. Je devais m'adapter en conséquence.

Comme une fille! [achevé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant