14.Bribes (v0.3)

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«—S'pèce de p'tit con!»

La baffe était partie comme une balle de tennis. Heureusement que Stella n'était pas une force de la nature, elle m'aurait arraché la tête. Elle compensait par une extrême violence et une colère rentrée assez impressionnante.

«—Je t'ai cherché partout! Et c'est quoi, ce post it merdique, là? Je suis responsable de toi! Responsable, bordel! Ca inclut aussi -et surtout- les conneries que tu fais!
—Déso, fallait qu-
—M'en fout! Ca m'intéresse pas! La mère a appelé et j'ai du baratiner parce qu'elle voulait te parler!
—Ah.»

Je ne croyais pas possible de la rendre encore plus énervée qu'elle semblait l'être déjà, mais elle en avait encore sous la pédale. Elle braqua sur moi des yeux tellement étrécis que je ne discernais presque plus ses pupilles derrière les fentes de ses paupières.

«—Comme tu dis. Ah.» 

Elle se rapprocha d'un pas, baissant un peu la voix, mais continuant de me fixer de ses yeux de panda. Ce qui arrive quand on a pas de mascara waterproof.

«—Je lui ai dit que tu étais parti prendre des nouvelles de cette fille dont j'ai oublié le nom.
—Camille.
—Bref. Elle a dit qu'elle appellerait ses parents ce soir, alors faut que nos versions soient raccords, sinon ça va pas bien se passer. Et crois moi, personne n'a envie de ça.
—Mais j'la connais même pas, moi, c'te fille! C'est même pas une amie.»

Et surtout, j'avais qu'une envie : pioncer. Deux options s'ouvraient à moi : affronter Stella, la mettre tellement de travers qu'elle allait se renverser, risquer une punition pour moi, elle et aggraver le moral de ma mère. Ou alors, me rendre chez Camille. Le dilemme était cornélien.

«—Bon, ok, j'y vais. Hum... Merci, je suppose.
—De rien, j'espère. Ah, une dernière chose, avant que tu partes. Et on ne reparlera plus de ça, quoiqu'il arrive. Quand tu utilises le PC, vide l'historique, passe en privé, j'en sais rien. J'veux pas savoir ce que tu fais de tes soirées et maman s'inquiète déjà assez comme ça.  Ca va bien cinq minutes les conneries.»

De nouveau, j'étais dans la rue, fatigué, abasourdi et dans le brouillard. La source du brouillard démarra en trombe alors que le feu passa au vert. Au bout d'un moment, les questions se mirent à pleuvoir dans ma tête. Comme des coquillettes dans l'eau chaude.

Calixte... Je haïssais ce prénom. J'avais déjà eu affaire à un Calixte en primaire, et il me tapait dessus. Coïncidence?

«—Tim? Comment il nous a trouvé? Il peut me tracer?
—Mais non, toi il peut pas. Mais Miss, on dirait qu'il peut.
—Et comment t'en es sûr? Le prends pas mal mais j'ai l'impression que t'es dépassé, toi aussi.
—Tu t'es pas demandé pourquoi je mangeais du gingembre?
—Le seul truc que je me demande, c'est quelle recherche Google t'a bien pu faire pour mettre ma frangine dans c't'état. Elle était en plein flashback du Viet Nam.
—C'était pour t'aider, avec ta transformation et... Disons que c'est partit en sucette. 
—En sucette?
—... Et puisque tu le demandes, le gingembre me permet de me camoufler magiquement. Il n'est pas venu te chercher toi, tu étais transformé. Donc par élimination, si je puis me permettre, ce ne pouvait être que Miss.
—Faut vraiment que tu répares ce médaillon, sinon, j'vais être dans la sauce. »

Ce qui était déjà un peu le cas, on allait pas se mentir.

«—Pourquoi la stase ne s'est pas déclenchée? Si les pouvoirs n'en font qu'à leur tête, ça va me compliquer la vie.»

Comme une fille! [achevé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant