60.Apostasie (1ère partie)

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«—Dépêche toi, Raph!
—La dernière fois qu'une princesse s'est faite pourchasser dans un tunnel, ça s'est très mal terminé pour tous le monde.
—Ne la perd pas de vue!»

Je savais. Il fallait la rattraper. Sanae se préparait à faire un truc stupide, dangereux et inconsidéré. Dans la pénombre du tunnel qu'elle avait emprunté, je trouvai un escalier de pierre qui descendait dans les profondeurs de l'Académie.

«—Tim, tu sais où ça même?
—A la catastrophe. C'est un accès vers la salle Interdite!
—Y a quoi là-dedans?
—La Source. La magie primale elle-même.
—Attends, c'est pas le truc méga dangereux qui a créé la Corruption ou un truc du genre?»

Tim fut encore une fois dans l'impossibilité de se face palm. Je descendis l'escalier tournant le plus vite possible sans lumière, et je n'étais vraiment pas serein. Le tunnel était creusé à même la pierre brute. Heureusement, les parois en bas étaient recouvertes de champignons phosphorescents.

C'était toujours mieux que rien.

Bientôt, Tim toujours derrière moi, j'arrivai enfin devant une double porte massive, également en pierre. Elle était grande ouverte. Pas le temps de se poser des questions, je me précipitai dans la Salle Interdite et vers le secret le mieux gardé de l'Académie.

Ce fut seulement alors que je la vis. 

La Princesse Déchue se tenait sur une passerelle devant une sorte d'immense structure pyramidale. A l'intérieur, des millions d'étincelles multicolores semblaient y évoluer, vives et animées mais prisonnières. Les reflets projetés sur les murs étaient certes magnifiques mais leurs mouvements perpétuels donnaient le vertige. Contempler l'intérieur de la pyramide était à la fois hypnotique et addictif : c'était un petit miracle de création répété à l'infini.

La Source semblait être un morceau de ciel vivant, une sorte d'Etherium, avec une galaxie dedans.

«—Sanae, recule! C'est dangereux!»

Tim semblait au bout de sa vie. Je ne l'avais jamais senti aussi paniqué et effrayé. Je n'en comprenais pas la raison, la structure semblait paisible et inoffensive, voire rassurante.

La Princesse se contenta de l'ignorer d'un haussement d'épaules.

«—Dangereux ou pas, ça n'a plus aucune importance. Je n'ai plus rien à perdre.
—Dis pas ça. On est là pour toi.
—Je n'en doute pas. Vous me pensez affaiblie parce que je suis isolée.»

Le bras toujours tendu vers la Source, paume ouverte, elle semblait sur le fil de rasoir.

«—T'es pas seule, arrête de penser ça. Maintenant, recule, s'il te plait.»

Elle eut un petit rire sans joie, en secouant la tête.

«—On est seul quand il n'y a plus personne pour nous aimer. Et je ne me suis jamais sentie aussi seule que maintenant.
—Dis pas ça, y a plein de gens qui t'aime.»

Enfin je suppose. 

Elle se retourna pour me regarder, droit dans les yeux. Malgré la distance ses yeux me transperçaient.

«—Raph, m'aimes-tu?»

Le seul coup de foudre possible entre toi et moi, c'est l'electro-cute. Et ce sera à sens unique.

«—M'enfin, on se connait à peine, c'est un peu soudain.
—Tu m'as très bien comprise. Regarde moi et dis moi que je compte pour toi, que mon avis t'importe, que mon chagrin t'émeut, que ma tristesse t'affectes, que ma joie te comble. En bref, dis moi que tu m'aimes.»

Comme une fille! [achevé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant