21.Confrontation

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J'avais un plan en tête. C'était loin d'être le meilleur, mais il allait falloir s'en contenter. Toujours agrippé à moi, Tim essayait de m'encourager.

— On va droit dans la gueule du loup : on va se faire tuer!

J'ai bien dit qu'il essayait, à sa manière. Il était simplement très maladroit. On était enfin de retour à la cantine et comme je m'y attendais...

— Te revoilà enfin, Miss. J'ai failli m'ennuyer.

D'Ælin m'attendait dans la pénombre, avec une cohorte de zombies baveux et grisâtres. Le monstre imposant à la peau cendreuse et aux yeux vitreux me fixait avec un sourire plein de crocs. Pas très sur·e de moi, je sentais les frissons glacer mon épine dorsale et geler ma sueur.

— Tu n'as plus que tes zombies pour te défendre. Et je vais tous me les faire jusqu'au dernier.
— Mais je t'en prie, fais-toi plaisir, ils sont là pour ça!

Alors, une marée vaguement humaine déferla droit sur moi, renversant les chaises, les tables dans le chaos et la confusion la plus totale. Pendant ce temps-là, mon antagoniste se replia dans la zone d'ombre de la cantine, se dérobant complètement à ma vue.

Mais une chose à la fois. D'abord, les zombies.

— Besoin d'un coup de main, les gars? Ça tombe bien, j'en ai deux! On va réviser la physique ensemble!

Je distribuai les bourre-pif à la pelle, avant d'attraper une chaise comme bouclier en me faufilant entre les zombies pour approcher le plus possible de mon but. Mon plan était foireux mais ça, je le savais depuis le début. Je devais tenter malgré tout. Comme dit le proverbe routier, « plus c'est gros, plus ça passe». Si je parvenais à attirer toute son armée sur moi, je pouvais facilement m'en débarrasser, en un éclair.

Elle n'avait plus aucun moyen de pression sur moi, et c'était le moment de bien le lui faire comprendre. Je me sentai soudainement d'humeur très pédagogue.

— Le corps humain, même zombifié reste composé d'eau à 65%, et donc conducteur. J'ai besoin d'un volontaire!

J'attrapai la tête de mon assaillant le plus proche entre mes deux mains.

— Et ce sera le monsieur du premier rang : Elec-trop-CUTE!

Ce fut comme une guirlande de Noël, mais en beaucoup plus moche. Et moins festif, on n'allait pas se le cacher. Les zombies furent zébrés de proche en proche par ma foudre, paralysés sur place. Je n'osais pas y aller trop fort, bien que techniquement, les humains infectés ne craignaient rien. D'après Tim.

L'espace était assez confiné et les ennemis étaient assez tassés les uns sur les autres pour que ma stratégie fonctionnât. Ils s'écroulèrent tous en tas, comme un château de cartes.

— Un éclair de génie, si je puis me permettre. D'Ælin! Sors de là et viens te battre!

L'obscurité accueillit froidement ma provocation ; elle finit par me répondre d'un ton doucereux.

— Tu ne t'es pas demandé·e ce qu'il était advenu de tes amis si bruyants?
— Camille et cet idiot de Gab?

J'entendis un cri perçant de douleur. C'était Camille, sans aucun doute.

— Viens les chercher si tu l'oses.

D'Ælin éclata d'un rire strident aussi agréable à entendre qu'une scie électrique et la personne qui la subit.

Comme une fille! [achevé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant