55. Noces

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Trois ans. C'était tout ce qu'il m'avait fallu pour tout récupérer et gagner bien plus encore. J'étais dorénavant la souveraine incontestée de trois royaumes. Plus rien ne se dressait sur mon passage. Mes parents seraient si fiers de moi, s'ils étaient encore là pour me voir. 

Si j'avais pu choisir, ce serait avec toi que j'aurais aimé être. 

Ce n'était guère le moment de ressasser. Keros était mort à cause de ma faiblesse. Je devais l'oublier et me concentrer sur l'instant présent.

J'avais bien le droit de profiter de cette petite fête prénuptiale en mon honneur et de me relaxer enfin après tout ce travail accompli. Mes alliés étaient avec moi, et j'avais mes ennemis littéralement sous mes yeux. Enfin, il serait plus exact de dire qu'ils étaient tous à ma botte.

«—Tu me manges rien, Stella? Tu es une invitée de marque, après tout.
—J'ai pas faim, Majesté.
—Puis-je te suggérer ces délicieux petits fours? Tu devrais en gouter au moins un. C'est une tuerie.
—Puis-je à mon tour vous suggérer de vous étouffer avec?
—Allons bon, ne sois pas grincheuse. Mon petit cadeau ne te plait-il donc pas?

Elle portait désormais un ras-du-cou de velours Minarii, avec un petit cadenas dessus. Ma petite touche personnelle. Une manière discrète et élégante de lui rappeler qu'elle était ma prisonnière, puisque le tissu enchanté par mes soins l'empêchait d'utiliser ses pouvoirs.

«—J'aime pas la couleur.
—Tout sera bientôt fini. Alors ne gâche pas tout.»

J'avais bien sûr demander l'avis de mes followers pour le choix de ma robe de mariée. Je portais donc une robe courte (mais pas vulgaire) légèrement décolletée sans manche, des jambières et des gants du soir d'un blanc irisé cousus de fils d'or. Temuji s'était chargé de la communication, comme à son habitude. Il semblait un peu déprimé ces derniers temps, sans aucune raison. Il fallait le tenir occupé sans quoi, il retomberait sans nul doute dans ses penchants douteux.

Pour le moment, j'avais décidé de me prêter au jeu des photos, avec ma fiancée. 

«—Majesté, vous êtes splendide! Ce blanc nacré est tout simplement merveilleux : vous semblez habillée de lumière!
—Merci, Princesse. Vous êtes radieuse, vous aussi.
—Les tisserands Minarii sont de véritables artistes. En revanche, avez-vous vu ces invités, là-bas? Ils sont terriblement peu assortis. Et l'autre, au fond, comment s'est-il fagoté? Vous servez beaucoup d'alcool, tout de même, vous n'avez pas peur que tous le monde soit soûl? C'est mon mariage tout de même...
—Notre mariage, ma bien aimée.
—Oh, oui bien sûr... Qui avez-vous choisi pour l'orchestre? J'ai pris la liberté aussi de sélectionner quelques candidats pour l'adoption. Selon le protocole, vous vous en doutez. Mince, je ne sais pas si père vous a transmis la liste de m–»

Serin-li commençait déjà à me fatiguer. Alors que nous n'étions même pas encore officiellement mariées. Son babillage incessant me remplissait les oreilles et m'incitait à boire bien plus que de raison. C'était sans importance. Je me chargerai en privé de lui enseigner l'obéissance ainsi qu'à garder le silence.

«—Qu'est-ce qui vous fait autant sourire, Majesté?
—C'est vous. Je suis heureuse, voilà tout.
—Vous m'en voyez enchantée! J'ai oublié votre cadeau, Majesté! Je vais vous le chercher de ce pas!
—Mais faites donc, Princesse. Ne soyez pas en retard pour le spectacle.»

Enfin un peu d'air. Je reposai mon verre à peine bu. Elle m'avait déjà bien saoulée. Heureusement que des réjouissances étaient prévues sinon j'aurais été obligée de pratiquer moi-même l'exécution. Ce qui eut été dommage sur la mariée. Mais j'avais autre chose de prévu.

Comme une fille! [achevé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant