46. Succession

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«—Tu es sûr?
—Positif. Elle est piégée et ne peut plus faire de mal à qui que ce soit.»

Tim m'avait enfin rejoint·e. Comme Namue me l'avait annoncé, je me serais sans aucun doute égaré·e dans ce dédale. La meilleure nouvelle restait toutefois que je n'avais pas fait tout ça en vain et que la traîtresse avait été interceptée. Tim m'avait conduit devant une porte en bois massif. J'étais très nerveux·se. L'avertissement des Mânes restait encore bien présent dans mon esprit.  Un truc ne tournait pas rond avec la Princesse.

J'avais bien tenté de tergiverser, mais Tim s'était montré très ferme.

«—Je te conduis à la crypte. L'endroit n'est plus aussi sécurisé qu'avant.
—Si il arrive quoique ce soit à ma frangine, je te promets, ça va chier.
—Mais non, elle est détenue dans un endroit, à l'abri. On ne touchera pas à un seul de ses cheveux.
—J'espère bien. Elle tient beaucoup à sa frange.»

J'étais tellement angoissé·e que je commençais à raconter n'importe quoi. Pas que je doutais de sa parole en particulier. Je n'avais juste aucune confiance en lui, tout simplement. 

Le moment était venu. Je posais mes deux mains contre les panneaux de bois pour les pousser. Seulement, les portes refusaient de s'ouvrir. Elles étaient comme bloquées, aussi immuables que les astres eux-même.

«—Ca veut pas s'ouvrir! Il y a un mot de passe, un mécanisme, un verrou ou un truc magique?
—Non. Tu es dans le mauvais sens, faut tirer, pas pousser.»

Je sentis mes joues me brûler et heureusement pour lui, le nounours s'abstint de faire un commentaire narquois. Enfin, pas avant que j'eus les mains prises.

«—T'avais pas remarqué les poignées en bronze?
—Ouais, ben chez nous, c'est écrit dessus. Et on ouvre toujours en poussant.»

Ce qui était le cas des issues de secours. Je n'aurais jamais pensé à ça concernant une crypte. Une tradition Minarii, sans doute, d'avoir des macchabées en cavale.

J'ouvrais tout grand les doubles portes sans aucun effort ni grincement. 

L'intérieur était exactement comme dans mes rêves, à quelques petits détails près. La pièce circulaire était plongée dans une semi clarté, grâce à un puit de lumière. L'endroit était paisible, les murs blanchis étaient décorés de fresques épiques et les cinq caissons décorés sobrement reposaient là, entre des colonnes serties de pierreries brillantes. 

J'avais beau être un peu effrayé·e par l'aspect un brin mortuaire de l'endroit, sa beauté était touchante. Rien de lugubre ou de macabre ici. Juste le repos, un temps mort entre deux chants de batailles, une trêve entre deux guerres.

«—Ou est-elle?»

Je me surpris à chuchoter. Sans trop savoir pourquoi, d'ailleurs, mais l'endroit se prêtait au respect et à la révérence. Elle aurait pourtant dû se trouver là où je l'avais vue : au centre de la pièce, sur l'estrade, dans le faisceau de lumière. La panique commençait à me gagner, cette fois.

«—Elle est ici, dans ce sarcophage.
—Attends, quoi??»

Il me désigna un grand coffret de pierre à dimension humaine.

«—T'es en train de me dire qu'elle est morte

J'avais hurlé, cette fois. Et perdu toute contenance.

Comme une fille! [achevé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant