9.Apprentissage

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— Pas très malin d'avoir activé la stase. Plus rien après ça ne pourra te sauver de ce qui t'attend. Ni lui, d'ailleurs.

Elle pointa un doigt aussi long que crochu dans ma direction. Ce qui était bizarre. La stase s'était déclenchée toute seule.

— Tim...? Qu'est ce qu'elle veut dire, là?
— J'ai rien fait, moi! On est prisonniers dans le champ de stase. Comment toi tu as fait ça?

La Camille Corrompue laissa tomber son bras trop long et ramassa le médaillon par terre. Elle le regarda quelque instant avant de refermer son poing dessus. Quand elle desserra ses longs doigts, il n'en restait plus que des morceaux.

— Où est-elle? Sors de ta cachette Miss, ou je les tuerai tous les deux... Lentement.
— Comment ça, «où elle est»? Tu viens de bousiller son médaillon!

Le monstre poussa un glapissement de frustration et se jeta sur Tim, ses longs ongles dans sa direction. C'est alors que je compris. Enfin, ça aurait été difficile de ne pas comprendre que Miss était là, quelque part en moi et qu'elle attendait de faire son entrée. Ou sa sortie, c'est selon.

Encore une fois, mon corps réagit plus vite que mon cerveau. L'expérience était vraiment désagréable d'ailleurs, même si sur le coup, cela s'avéra être une initiative aussi salvatrice que bienvenue. Tim cramponné contre moi, j'esquivai l'assaut brutal du mob en sautant sur le côté.

— Tim!
— C'est ta faute! Tu as fait n'importe quoi et on ne sait même pas où sont les Mânes!

Ce n'était pas vrai. Les Mânes de Miss n'avaient pas disparu. Je le savais en mon for intérieur et je le compris alors même que j'esquivais la première attaque. Avec la même certitude que la conséquence d'une chute libre.

— M'engueule pas! Elle s'est glissée en moi quand j'ai touché le collier! Mais elle veut pas sortir!

La Cam-monstre s'arrêta net et me dévisagea de ses yeux laiteux.

— Il ne me reste plus qu'à t'ouvrir en deux, alors.
— Pourquoi elle est plus futée que l'autre?
— Peut-être parce que je le suis?

Coincés dans la stase, dans un couloir du bahut, il était bien inutile de préciser qu'on n'avait nulle part où se cacher. Nulle part où fuir non plus.

Miss si t'es là, qu'est ce que je dois faire?

— J'ai compris Raph! Tu ne voulais pas des pouvoirs de Miss : tu fais un blocage, c'est tout!
— Attends... Quoi?!
— Alors comme ça, on a honte de se montrer dans son bel uniforme de l'Égide, Miss?

Elle éclata d'un rire strident, du genre l'alarme du réveil. Celle de 6:00 du matin, que tout le monde adore.

D'un geste vif, elle me frappa de toutes ses forces dans l'estomac. Poing fermé heureusement. Ses ongles auraient beaucoup plus de dégâts.

— J'aime attendrir ma viande. Je voulais me battre contre elle, mais si elle ne daigne pas se montrer, autant en finir.

J'étais au sol, à moitié sonné, le souffle court. Elle posa son pied sur mon thorax et se mit à appuyer.

— Tim...

Décidément, jamais là quand on en avait besoin. De toute façon, qu'est ce qu'il aurait bien pu faire?

— Raph! Si c'est l'uniforme qui te bloque, tu peux changer ça avec ton imagination! Pense à ce que tu veux porter!
— Urgh... Tu demandes à un garçon d'imaginer une tenue pour une nana? Il va se passer quoi, à ton avis?

Comme une fille! [achevé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant