TRAHISON

30. CONFRONTATION

Nina, Italie,Giannottola.

Je me lève, sentant la présence de mon ancien bourreau derrière moi. Je ne sais pas ce qu'il veut m'annoncer, mais je n'ai aucune envie de discuter avec lui. C'est seulement le regard d'Ivan qui m'a convaincu de l'affronter.

Mon esprit me torture, je repasse en boucle les informations que je viens de récolter qui se mélangent dans ma tête. Ezio a un frère d'une autre mère, Ben qui trahit son frère de cœur, Alvira anéantie par le fantôme de la personne qu'elle pensait connaître mieux que personne.

Finalement, chaque personne a des faces bien cachées, remplies de sombre secret qui explosent tout sur leurs passages. Apprendre que l'homme chez qui Ben m'a emmené est le frère de mon ancien tourmenteur m'a blessé, m'avoir caché une information pareille m'a mise en colère.

Mais la douleur que j'ai ressentie lorsque j'ai compris une infime partie de leurs histoires m'a bouleversé, bien que j'ai appris à maîtriser mes émotions, mon âme s'est encore plus brisée pour ces deux enfants torturés par leurs passés.

J'avance en direction du jardin, passant par la cuisine avant d'ouvrir la baie vitrée. Un vent d'air frais me caresse le visage, un long frisson se déverse dans mon corps et je me protège de mes bras afin de me réchauffer en ce mois de janvier.

Je m'assois sur la balancelle accrochée sur une branche d'arbre alors qu'Ezio reste debout face à moi. Je lis sur son visage une sorte d'angoisse, l'ambiance devient pesante au fur et à mesure que les secondes de silence défilent.

Je l'observe de haut en bas, vêtu d'habits simples, mais classe, ses cheveux et sa barbe ont poussé, des cernes plus grosses que ma tête sont apparentes sur son visage tiré.

Je me doute qu'il n'ait pas dû dormir beaucoup ces derniers mois, reconstruire tout un lieu sécurisé doit demander beaucoup de travail, mais il aurait dû anticiper l'attaque au lieu de se morfondre dans son enfer seul.

Il se racle la gorge, me faisant sortir de ma contemplation. Je scrute son regard et je sais qu'il essaye de lire en moi comme il a pu le faire auparavant, mais je suis un livre celé, vide, sans aucune émotion.

- Je ne sais pas par où commencer...

Un rire jaune sort de ma gorge avant de me relever maîtrisant de nouveau ma colère comme je le peux. J'ai une envie de lui coller une balle entre les deux yeux si fort que mes mains tremblent.

- Alors termine, je n'ai pas tout ton temps. Les affaires n'attendent pas, mais je ne t'apprends rien.

Il soupire avant de se placer devant moi pour m'empêcher de rentrer. Je me les gèle pour obtenir simplement un mur d'ennuis incapable de porté ses couilles comme il le devrait.

Un simple désolé pour commencer aurait été de bonne envergures, hors Ezio ne s'excuse jamais. Depuis mon arrivée dans leur monde, j'ai eu le droit à plusieurs facettes de lui, d'abord une douce et protectrice, puis celle violente et colérique. Désormais, je fais face à un homme paumé et stressé.

- Mais qu'est-ce qu'il t'a fait ?

Il baise la tête avant de passer une main sur son visage, il souffle, tourmenté par ses pensées autant que les miennes. Lorsqu'il ancre de nouveau son regard dans le mien, je dois blinder mon cœur afin de ne pas gâcher tous ces mois de travail à devenir une nouvelle personne.

Ses yeux sont brillants, son nez devient rouge à cause du froid, je lis dans son regard océan toute la sincérité qu'il n'arrive pas à exprimer. Il a mal, il me laisse entrer dans sa tête comme je l'ai toujours voulu depuis la première seconde ou je me suis réveillée à ses côtés.