33 : JOURNAL INTIME

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Ezio, Italie, Giulianello.

Après avoir terminé ma cigarette et fait un pacte avec mon frère, j'ai regagné la chambre de Nina le cœur un peu moins lourd qu'avant.

Lorsque je franchis le pas de sa porte, je la retrouve comme je l'ai laissé, profondément endormie, ses lèvres pulpeuses sont légèrement ouvertes, une jambe s'échappe de la couverture et quelques mèches de ses cheveux tombent sur son visage.

Je m'approche d'elle fascinée par le spectacle qu'elle m'offre avant de dégager son visage, je m'approche un peu plus d'elle puis dépose un doux baiser sur son front.

Alors que je recule, je heurte sa table de chevet me provoquant une panique absurde. Malgré le bruit, elle ne semble pas se réveiller lorsque je l'observe pour mon plus grand soulagement.

Je me retourne prudemment prêt à me changer, mais je bute dans un carnet vert. Je m'abaisse pour le ramasser et l'observer avec intérêt. C'est un carnet vert de taille moyenne avec des lys dessinés dessus.

Je l'ouvre délicatement et mon cœur rate plusieurs battements quand je me rends compte qu'il s'agit de son journal. Ma conscience me dicte de le reposer tandis que mon instinct me hurle de le lire.

Pratiquement plus de la moitié du carnet est taché à l'encre noire, d'autres en rouge. J'essaye de comprendre ce système de couleur, et lorsque la lumière s'allume dans mon cerveau, j'ai mal.

Les pages à l'encre noire ont l'air de signifier des souvenirs heureux dont elle se souvient de sa vie d'avant. Les pages à l'encre rouge, sont celles qui me donnent envie de vomir tant les mots couchés sur ce papier me font mal.

Je referme le carnet, puis tire un plaid pour m'asseoir dans le fauteuil dans le coin de la pièce.

Je m'installe, vérifiant qu'elle dort toujours profondément avant de me lancer dans une lecture qui risque de m'anéantir pour le reste de ma vie.

Journal de Nina, encre rouge.
Cher journal,

Sais-tu ce que c'est de vivre sans l'amour parental ? Sais-tu ce que c'est de se demander constamment pourquoi nous sommes venues sur terre si c'est pour qu'on nous assomme de coups de couteau en plein cœur à chaque fois qu'on pose les yeux sur moi avec désintéressement ?

De toujours faire passer les autres avec soi-même jusqu'à oublier si tu existes réellement ? De finir par accepter le cours misérable de ta vie ? De ne jamais avoir reçu un amour sincère d'une personne sans intérêt autre que pour lui-même ?

De commencer à te voir de la même façon que les gens de décrire jusqu'à te détester ? Sais-tu à quel point j'ai mal ?

Quand tu apprends que ta vie n'est que mensonge, que tout est une mise en scène, que tu es seulement un pion dans la partie de plusieurs personnes pour leurs propres réussites.

Tu sais, parfois, je me dis j'aurai pu partir loin de cet enfer qu'est ma vie, réussir toutes mes tentatives, réussir à trouver un semblant de paix dans les tornades de ma vie qui ravage absolument tout sur son passage déchirant mon cœur qui était déjà en miette en fine poussière.

Espérant qu'un jour, je me réveillerai en pensant que pour une fois quelqu'un s'intéresse à moi, sans rien à attendre en retour, seulement pour un petit peu d'amour, une seule petite seconde.

J'ai perdu espoir, je deviens l'ombre de moi-même au fil des jours qui passe, j'ai mal.

Je ne cesse de m'imaginer chaque soir, avant de dormir dans cette chambre qui n'est pas la mienne, une vie tranquille, avec mes parents, des amies, mon chien et surtout avec le sentiment d'être aimé pour la personne que je suis réellement.

TRAHISONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant