prologue

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CETTE HISTOIRE NE M'APPARTIENT PAS

Elle courait.

Le plus vite possible. Aussi vite que le lui permettait sa respiration saccadée, ses muscles endoloris, et, surtout, ses pieds nus.

Il fallait qu'elle quitte la forêt dans laquelle elle se trouvait. Pour l'instant, elle préférait ignorer les branches qui la griffaient, ainsi que les brindilles et les cailloux qui s'enfonçaient dans la plante de ses pieds.

Enfin, au bout d'un moment qui lui parut interminable, la végétation se fit moins dense et elle finit par apercevoir une route. Elle s'y précipita. Pas un lampadaire n'éclairaient la route, seule la lune diffusait une douce lumière apaisante. Elle dut encore marcher quelques temps sur la route qui semblait ne mener nulle part. Mais soudain, au détour d'un virage, elle fut aveuglée par des phares et ne distingua plus rien... et encore moins la distance qui restait au conducteur pour arriver jusqu'à elle...

Tony Dalle roulait rapidement, chantonnant au rythme d'un jazz. Il était heureux car il savait que, dans quelques heures, il pourrait serrer dans ses bras sa fille et sa femme. Il revenait d'une conférence sur l'architecture où il avait présenté les plans d'une ville fonctionnant entièrement à l'énergie renouvelable. Sa prestation avait été très bien accueillie et il avait été félicité par nombres de personnalités. Malgré tout, il était pressé de rentrer chez lui. Mais s'il roulait vite, c'était plutôt dû à l'anxiété qui le prenait chaque fois qu'il devait traverser une forêt sur une route non éclairée.

Il l'aperçut soudainement.

Il fonçait droit sur elle.

Il appuya immédiatement sur le frein, priant intérieurement. Et enfin la voiture s'arrêta.

Juste devant elle.

Il fallut une bonne minute à Tony pour se remettre de ses émotions et calmer les battements de son cœur. Il ouvrit finalement la portière et sortit de la voiture.

-Mademoiselle ? Est-ce que ça va ?

Elle ne le regarda pas, ne répondit pas, elle se contentait de fixer la voiture. Tony ouvrit grand les yeux et réalisa que la réponse à sa question ne pouvait être que négative.

La jeune fille qui se tenait devant lui était entièrement nue, dévoilant un corps meurtri, couvert de bleus, de coupures, et sali par la boue et la poussière. Ses longs cheveux bruns étaient également dans un état épouvantable, complètement emmêlés en une touffe où se côtoyait cheveux, brindilles, et feuilles. Elle devait avoir à peu près 17 ans et Tony ne put s'empêcher de penser à sa propre fille du même âge.

Il alla chercher la couverture qu'il gardait toujours sur la banquette arrière et s'approcha doucement de la jeune fille qui eut un mouvement de recul.

-Doucement... Je ne vous veux aucun mal... Il faut que vous mettiez cette couverture pour vous couvrir sinon vous risquez d'attraper la mort.

Tony esquissa un nouveau mouvement et, ne voyant aucune réaction, lui posa la couverture de façon à couvrir entièrement le corps frêle de la jeune fille. Elle frissonna légèrement au contact de la douce chaleur que répandait la couverture mais ne fit pas un geste pour la retirer.

-Ne vous en faites pas Mademoiselle. Tout va bien maintenant. Vous êtes en sécurité. Comment vous appelez-vous ?

La jeune fille leva enfin les yeux vers Tony. Ses grands yeux chocolat le regardaient avec un tel désarroi qu'il en eut le souffle coupé. Elle finit par répondre d'une voix faible.

-Je... je ne sais pas comment je m'appelle... Je ne me souviens pas.

Souvenir d'une amnesiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant