Chapitre 18 : Malheur... que tu m'aimes...

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Personne n'osait plus faire le moindre geste, ou même prononcer la moindre parole. Le silence était total et oppressant. Quelques premières années faillirent tournés de l'œil, mais pas un seul élève n'était resté impassible, indifférent, face à l'image meurtrie de la Gryffondor. Ce petit corps si frêle, cette peau laiteuse et pâle désormais dévastée par les entailles d'où s'écoulaient en abondance le précieux liquide rougeâtre, et ce visage déformé par une étrange folie, une peur furieuse, et une immense détresse. La rage qu'elle crachait en déversant inexorablement les mêmes paroles était telle le venin d'un serpent qui piquait au vif le vieux directeur.

-Je n'en veux pas Vous entendez ?! JE N'EN VEUX PAS !

Elle finit par s'arrêter et porta une main à sa tête.

A la table des Serpentards, un élève reprit enfin ses esprits. Drago se leva soudainement et, d'un pas rapide, se dirigea vers Hermione. Il arriva à la hauteur de la jeune fille au moment même où ses jambes se dérobèrent pour la laisser glisser sur le sol. Il la rattrapa juste avant qu'elle ne touche terre, et, passant un bras sous son dos et un autre sous ses genoux, il la souleva délicatement. Alors, après un dernier regard noir pour l'assistance, il quitta la Grande Salle. Il s'arrêta au bout d'un court instant, la déposa doucement sur le sol, sortit sa baguette, murmura un sort afin de stopper l'hémorragie, et repartit rapidement. Il hâta le pas et parcourut hâtivement les couloirs, Hermione, toujours inconsciente, dans les bras.

Il ne la regardait pas. Il ne s'en sentait pas capable. Il n'arrivait pas à poser son regard sur ce petit corps de porcelaine, c'était étrangement trop dur. Quand il l'avait vu, devant les portes de la Grande Salle, ce couteau à la main, dégoulinant de ce sang qui souillait désormais la chemise blanche qu'il portait sous sa robe de sorcier entrouverte, Drago avait sentit ses entrailles se compresser durement. Cette étrange et violente sensation avait alors prit un sens lorsqu'une pensée s'était imposée à lui : quelqu'un d'autre que lui avait fait souffrir la Gryffondor, quelqu'un d'autre que lui avait fait perdre la tête à cette petite poupée qui n'appartenait pourtant qu'à lui.

Il arriva enfin à l'infirmerie, et déposa délicatement Hermione sur un des lits. Mme Pomfresh, ayant entendu les portes s'ouvrir, sortit de son bureau. Elle posa un regard investigateur sur Drago, avant que ses yeux ne se posent sur le corps inanimé de la Gryffondor.

-Merlin ! Que s'est-il passé ?

-Une réaction à laquelle nous aurions dû nous attendre et y être attentif, PomPom…

Drago se retourna et vit Dumbledore, les yeux brillants d'une étrange inquiétude, à l'entrée de l'infirmerie. Derrière lui, haletants, se tenaient Harry, Ron et Ginny, le visage empreint d'une inquiétude extrême. Les trois élèves regardèrent le directeur, d'un regard interrogatif, après avoir entendu sa dernière phrase. Harry fit un pas en avant, fixant le corps frêle de son amie.

-Que voulez-vous dire, professeur ? Pourquoi auriez-vous dû vous attendre à une telle réaction ?

-Je ne pense pas que ce soit vraiment le moment pour discuter de cela Harry. Vous, Mr et Miss Weasley devriez retourner à vos dortoirs. Vous également Mr Malefoy.

Les trois Gryffondors semblèrent alors prendre conscience de la présence du Serpentard, ayant oublié pendant un instant que c'était lui qui avait récupéré Hermione tandis qu'eux étaient encore sous le choc. Ron s'avança alors à son tour, la colère déformant son visage.

-Qu'est-ce que tu fiches ici, Malefoy ?! De quel droit te permets-tu de toucher Hermione ?!

-Tu semble oublier, Weasley, que si je n'avais pas été là, ta chère copine se serait effondrée au sol, et, puisque personne ne semblait reprendre ses esprits, elle se serait certainement vidée de son sang !

Souvenir d'une amnesiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant