Il la trouve ennuyante et hautaine,
Elle le trouve insupportable et je-sais-tout.
Lorsque le « Canadian », le train traversant le pays d'est en ouest s'immobilise en plein milieu des Rocheuses lorsqu'une tempête de neige impitoyable s'acharne la...
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Sa main atterrit sur sa joue. Une fois. Deux fois. Sept fois. Si ce n'est pas sa paume, c'est son poing. Si ce n'est pas son poing, c'est son pied. Ses bras relevés, elle se protège le visage. Ses yeux injectés de sang la fusillent, ses rires faussement joyeux transpercent le silence de la nuit tels des murmures menaçants. Il est exalté, ses pupilles sont autant dilatées que le trou qu'il a dans le coeur.
Jeudi 14 décembre Frairmont Jasper Park Lodge Jasper, Alberta Canada
Riley
Je fais un pas de recule en reconnaissant Arthur, une ancienne connaissance, disons. Je ne pensais pas le revoir, et encore moins ici mais il semblerait que la vie soit contre moi ces derniers temps. Son regard me toise, me détaille de haut en bas comme pour s'assurer qu'il ne se trompait pas. Si j'ai changé depuis la dernière fois que nous nous sommes vus, lui est toujours le même.
— Quelle surprise de te voir ici !, s'exclame-t-il sans se soucier que je ne parle pas. Qu'est-ce que tu fais à Jasper ? Nathan est avec toi ?, m'interroge Arthur en regardant autour de nous.
— Non, je suis toute seule. J'ai pris quelques jours de vacances, expliqué-je vaguement.
— Ça fait des mois, qu'est-ce que tu deviens ? Et lui, on ne l'a pas revu au boulot depuis une éternité, il n'a prévenu personne qu'il quittait.
Je tente de dissimuler la grimace qui déforme mon visage face à ses questions. Je reprends contenance du mieux possible, prends une grande inspiration et trouve le mensonge le plus plausible qui me vient à l'esprit. Qui n'est pas si éloigné de la vérité cela dit.
— Nous ne sommes plus ensemble depuis quelques semaines, avoué-je. Mais il a traversé une phase assez difficile, il a pris du temps pour lui loin du travail. C'est sûrement pour ça.
— Oh, s'étonne Arthur. Je suis désolé de l'apprendre, je n'en savais rien.
Je hausse légèrement les épaules, lui offrant un sourire pincé. Je m'apprête à le saluer pour m'extirper de cette situation qui me mal à l'aise mais il me devance.
— Je devrais peut-être le joindre, voir s'il a besoin de quoique ce soit, reprend-il.
Les yeux écarquillés, je secoue vivement la tête.
— Non !, paniqué-je. Enfin, je veux dire c'est gentil de ta part, mais il a changé de numéro après notre rupture, je doute que tu réussisses à le joindre, mens-je en le regardant dans les yeux.
Il opine du chef à son tour, un air déçu et désolé sur le visage alors que je retiens mon souffle. Je déglutis difficilement et m'empresse de lui souhaiter une bonne fin de journée avant qu'il ne m'assomme d'une énième question à laquelle je ne saurais pas quoi répondre.
