Il la trouve ennuyante et hautaine,
Elle le trouve insupportable et je-sais-tout.
Lorsque le « Canadian », le train traversant le pays d'est en ouest s'immobilise en plein milieu des Rocheuses lorsqu'une tempête de neige impitoyable s'acharne la...
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La neige tombe doucement à l'extérieur, créant un tapis scintillant sous la lueur de la lune. Elle regarde par la fenêtre. Derrière elle, les discussions fusent. La douce mélodie des chants festifs et les rires caressent ses oreilles. Elle se sent légère.
Jeudi 14 décembre Fairmont Jasper Park Lodge Jasper, Alberta Canada
Maximilien
Dans un silence religieux bercé par les conversations des autres clients du restaurant, Riley et moi mangeons. Je remplis d'une main mes cases de sudoku et profite de l'absence de stimulation. Voir Louis défoncé est bien trop déclencheur pour moi, il est une véritable pile électrique. Je suis incapable de le gérer lui et mes pensées tourbillonnantes en même temps. Alors tantôt, j'ai décidé de sortir. Les chalets de montagnes sont impressionnants, surtout en hiver. Mes parents en ont un proche de la ville, en Colombie-Britannique et je suis impatient d'y retourner. C'est là-bas que nous fêtons Noël chaque année.
Lorsque j'ai aperçu Riley sur le point d'aller manger, je me suis dit que l'univers – ou le destin, peu importe comment on l'appelle – me donnait la parfaite distraction. Quoi de mieux que de faire chier celle qui ne peut pas me voir en peinture ? C'est divertissant et en même temps, je ne suis pas seul. Alors je lui ai sauté dessus, ne lui laissant pas le choix que de manger avec moi, même si c'est dans le silence complet.
Concentrée sur son assiette, j'observe la jeune femme face à moi entre deux chiffres. Je me demande bien pourquoi elle est toujours sur la défensive, fermée à la moindre conversation. Ou alors, seulement lorsqu'il s'agit de Louis ou de moi. Je l'ai vue discuter plusieurs fois avec diverses personnes et elle ne semblait pas si agacée. Peut-être est-ce parce qu'on lui a bousillé ses talons l'autre jour ? Faut en revenir là.
Elle trie sa nourriture, jouant avec sa fourchette avant d'en prendre une bouchée. Elle doit sentir mon regard sur elle car elle lève les yeux vers moi. Puis, elle brise le silence :
— Je pensais que tu étais drôle et que tu avais toujours quelque chose à dire.
— Et je pensais que tu voulais être tranquille et manger dans le calme ? rétorqué-je un sourcil arqué.
Je dépose ma fourchette et m'installe au fond de ma chaise. Elle hausse les épaules.
— J'ai peut-être changé d'avis, explique-t-elle.
— Donc tu ne me détestes plus ? lui demandé-je en souriant en coin.
— J'ai jamais dit que je te détestais, je te trouve juste agaçant.
— Tu sais que tu l'es tout autant ? rétorqué-je.
— Ça fait mon charme.
Je plisse les yeux et retiens un rictus amusé. C'est à mon tour de hausser les épaules en guise de réponse. Elle n'est pas si désagréable. Enfin, si on enlève son caractère de merde.
