Il la trouve ennuyante et hautaine,
Elle le trouve insupportable et je-sais-tout.
Lorsque le « Canadian », le train traversant le pays d'est en ouest s'immobilise en plein milieu des Rocheuses lorsqu'une tempête de neige impitoyable s'acharne la...
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Il s'éclipse quelques instants. Puis revient avec deux flûtes de champagne. Elle en saisit une. Un toast est levé. Leurs verres s'entrechoquent, une promesse échangée. Une vulnérabilité partagée. Quelques gorgées pour sceller ce pacte d'un avenir partagé.
Mercredi 20 décembre Quelque part entre Banff et Kamloops Colombie Britannique Canada
Maximilien
Dans le halo tamisé de la cabine, les échos des confessions de Riley persistent encore, mais une connexion nouvelle s'est tissée. Je me doute que révéler son passé n'a pas été facile. Je suis en colère, même enragé de savoir qu'elle a vécu tant de détresse et que personne n'a été là pour elle. Lorsqu'elle m'a confié pour son frère et sa mère, je me suis demandé si elle avait eu quelqu'un auprès d'elle comme j'ai eu Louis. Je comprends aujourd'hui que non, ni pour traverser son deuil, ni une épaule sur laquelle se reposer avec cette relation toxique et violente qu'elle a fuie.
J'ai compris le personnage, j'ai compris pourquoi elle est comme elle est. Pourquoi elle se protège autant, elle se tient à distance de ceux et celles qu'elle juge comme un danger potentiel. Cette femme est forte, elle vécu de la merde toute sa vie et pourtant elle rayonne. Je la garde dans mes bras, imprégné d'une compréhension silencieuse, ressentant le poids de la vulnérabilité partagée. Le silence qui a suivi les révélations a été comme une trêve, une pause réparatrice. Je l'espère du moins.
La tempête de neige à l'extérieur montre doucement des signes d'apaisement, représentative de l'atténuation des tensions à l'intérieur du train. Les rugissements du vent s'atténuent pour laisser place à un calme naissant. L'immobilité forcée du train s'apprête à céder devant la possibilité d'un nouveau départ. Si la tempête cesse, nous pourrons sûrement repartir bientôt.
Couchés, au chaud sous la couverture, ce contact, chargé de réconfort, est comme une promesse silencieuse d'être là dans l'obscurité et dans la lumière. Je me suis attachée à cette femme, et j'espère que la fin de notre voyage ne signera pas la fin de cette relation naissante quelle qu'elle soit.
Le regard de Riley se lève pour rencontrer le mien, et dans cette étreinte visuelle, un accord tacite naît. La cabine, témoin silencieux de ses confessions, devient le théâtre d'une connexion profonde qui émergent des cendres de la douleur partagée. Ses prunelles retrouvent peu à peu une certaine lueur. Elle est si belle, et les traces invisibles qui abîment son âme la rendent si précieuse.
« Mesdames, messieurs. Nous avons le plaisir et le soulagement de vous annoncer que nous devrions être finalement aptes à repartir d'ici les prochaines heures. Une équipe de soutien technique est en chemin. Nous devrions pouvoir nous remettre en route dans la nuit. Restez prudentes et prudents. Nous vous tiendrons informé.es. »
