Il la trouve ennuyante et hautaine,
Elle le trouve insupportable et je-sais-tout.
Lorsque le « Canadian », le train traversant le pays d'est en ouest s'immobilise en plein milieu des Rocheuses lorsqu'une tempête de neige impitoyable s'acharne la...
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Elle le supplie. Il rit. Un coup de pied. Elle se recroqueville sur elle-même. Elle protège son visage. Il frappe à nouveau. Il ne laissera aucune marque. Sa peau restera aussi pure que la neige. Elle s'y est habituée. Il sait comment faire. Elle le laisse faire.
Samedi 16 décembre Prochain stop : Lake Louise, Alberta Canada
Riley
Je soupire. Je me lève, fais quelques pas, me rassoie. Puis, je m'allonge sur le lit, me redresse. Je suis incapable de ne rien faire, mais agir me demande trop d'énergie.
J'ai peur, j'ai honte, j'angoisse.
Je ne sais pas ce qu'il m'a pris de gifler Maximilien. Jamais je ne me serais imaginée lever la main sur quelqu'un, surtout pas moi. Je ne peux pas devenir comme lui. Je ne veux pas être un monstre.
J'ai fait mon possible pour éviter de le croiser ce matin et depuis je suis cloîtrée dans ma cabine par peur de l'affronter. Il a raison : je fuis. Et cette réalisation m'a tenue éveillée toute la nuit. Ce qu'il m'a dit a brisé quelque chose en moi et je lui en veux. Je suis en colère contre lui. Mais d'un autre côté, je sais que je l'ai cherché. J'ai tenu des propos tout aussi durs. À la différence que les siens étaient vrais et c'est ça qui me tue de l'intérieur.
J'ai été injuste et méprisante avec lui, et savoir ce qu'il peut penser de moi aujourd'hui m'affecte. Je ne veux pas être la méchante dans son histoire ni dans aucune autre. Si je dois être honnête avec moi-même, oui je veux être vue mais surtout aimée et appréciée. J'ai peur de me retrouver seule. J'en suis terrorisée et malgré moi je repousse tous ceux et toutes celles qui s'approchent. Comme si me retrouver seule par choix était moins douloureux que de prendre le risque d'apprécier une personne qui finalement me blesserait ou m'abandonnerait.
Je soupire une énième fois, mon coeur bat si vite et fort que ça me fait mal. Je redoute le moment où je vais devoir sortir de mon refuge ferroviaire.
Comme nous passons une autre nuit à l'hôtel, je prépare de nouveau mon sac avec mes affaires pour la nuit. En parlant avec un agent de bord l'autre jour, j'ai appris que nous aurons l'occasion de patiner sur le lac gelé demain et j'ai tout de même hâte. Je m'accroche à cette pensée en préparant une tenue confortable et pratique. Je tombe sur ma petite pochette en velours noir et hésite un instant avant de la récupérer. Je la glisse au fond de mon sac. Après tout, je me sens tendue et stressée, frustrée et tous ces adjectifs qui finissent en -é, alors autant être équipée.
J'attends que le train s'arrête complètement et patiente quelques instants avant de descendre à mon tour. Je scrute le quai pour m'assurer que Maximilien ou son ami ne sont pas là.
Enfin, je m'autorise à découvrir la petite gare du Lac Louise. Un bâtiment à la structure rustique qui s'harmonise à merveille avec le paysage montagneux qui se dessine autour de nous. Les murs en bois apportent une touche chaleureuse, conservant ainsi l'esthétique des anciennes gares. La neige recouvre les toits et les sentiers. Cet endroit devient encore plus pittoresque. Le délicat voile blanc souligne chaque détail architectural, ajoutant une touche de magie hivernale.