Il la trouve ennuyante et hautaine,
Elle le trouve insupportable et je-sais-tout.
Lorsque le « Canadian », le train traversant le pays d'est en ouest s'immobilise en plein milieu des Rocheuses lorsqu'une tempête de neige impitoyable s'acharne la...
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Valises bouclées, elle sort de la chambre. Puis de la maison. Un dernier regard derrière elle, puis elle s'élance vers l'inconnu. Elle l'aime. Mais elle choisit de s'aimer, elle aussi. Et par amour, pour elle-même, elle s'échappe. Elle fuit. Elle se libère de la noirceur. Elle se fait la promesse d'une aube nouvelle.
Samedi 23 décembre Quelque part entre Kamloops et Vancouver Colombie Britannique Canada
Riley
Nathan est à bord du train.
Mon cœur, autrefois battant au rythme de l'aventure ferroviaire, s'emballe brusquement à la vue de cette ombre familière. Dos à moi, assis à une banquette de la voiture-bar, je le vois. Lui, mon ex-compagnon, le démon de mon passé, la figure des jours sombres que j'ai tant tenté d'effacer de ma mémoire depuis mon départ. La carapace de confiance que je me suis construite vacille instantanément, laissant place à une angoisse étouffante.
Nathan est à bord du train.
Je me répète cette phrase depuis que je l'ai reconnu. Je n'ai pas pu me tromper, c'est lui. Son tatouage dans son cou, ses cheveux coupés si courts, même le haut de son pull, je le reconnais, je sais que c'était lui. Est-ce qu'il est à bord depuis le début ? Impossible, comment aurait-il su ? Et je l'aurais forcément remarqué. N'est-ce pas ? Voilà que je me parle toute seule, je deviens cinglée. Mon coeur panique, mes jambes tremblent et mes doigts sont moites.
Ma respiration est saccadée, chaque inspiration devient une lutte contre la panique imminente. Mes yeux, fixés sur lui malgré moi, capturent chaque détail familier de sa silhouette, comme une descente rapide dans un abîme de souvenirs douloureux.
Je voulais simplement aller prendre un café, Maximilien est avec Louis et j'avais envie de profiter de la vue. C'est notre dernier jour à bord, encore une nuit et nous serons arrivés à Vancouver et le voyage sera fini. Mais j'ai rapidement fait volte-face avant qu'il ne me repère. Est-ce que c'est Arthur qui l'a contacté ? Qui lui a dit où me trouver ? Mais comment ? Pourquoi ?
Les paumes de mes mains deviennent moites, témoins muets de l'anxiété qui me submerge. Le moindre bruit dans ce maudit train résonne comme un écho menaçant, amplifiant mes craintes. Je suis terrorisée, le coeur au bord des lèvres, prête à rendre mon dîner de la veille.
La quête de sécurité me conduit instinctivement vers Maximilien, devenu mon roc au milieu de la tempête, littéralement. Je tente de me frayer un chemin à travers les wagons, les pas pressés, les yeux fuyant. J'ai si peur, qu'il me suive, qu'il ait senti ma présence. À chaque porte, chaque visage croisé, je crains de voir ses yeux accusateurs.
