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le lendemain, 20 janvier 2015

Il était 17h moins une et les élèves du collège Condorcet s’étaient quelque peu endormis. Mais une légère musique, comparable à celle d’une berceuse, sembla soudain les réveiller. Ce fut alors, en quelques minutes, le branle-bas de combat général. En effet, même si la sonnerie stridente avait été remplacée par une douce musique, elle n’avait rien perdu de son effet. A 17h01, les premiers élèves se trouvaient déjà dans le hall et pressaient la surveillante d’ouvrir la porte.
À l'étage supérieur, dans la salle 103, Sheila était en train de ranger ses affaires. Ce jour-là, elle allait abandonner Pythagore et Thalès avec plus d’empressement que d'habitude. C’est qu’elle ne voulait pas être en retard pour son premier rendez-vous avec M.Delseny ! Elle se hâta donc de quitter l’établissement.
Sur le bord du trottoir, elle ouvrit un petit morceau de papier où avait été griffonné l’adresse du détective. Elle consulta rapidement sur son portable la façon la plus rapide de s’y rendre et marcha vers la station de métro. Elle arriva à 17h31 devant l’immeuble et sonna à l’interphone. C’est une voix de femme qui lui répondit :
— Oui ?
— Bonjour. Je suis Sheila Delaire. J’ai rendez-vous avec M.Delseny.
— Oui je vous ouvre. Deuxième étage, aile droite, n°204.
— Merci.
Sheila entendit le déverrouillage de la porte. Elle monta à pied jusqu’au deuxième et emprunta le couloir de droite. Sur la porte du n°204, un écriteau doré confirmait qu’elle se trouvait bien chez le détective Delseny. Elle sonna. Une femme d’une cinquantaine d’années lui ouvrit.    
— Bonjour mademoiselle, entrez je vous en prie…
— Merci. Vous êtes la secrétaire de M.Delseny ?
— Plutôt sa femme en fait, répondit-elle en souriant. Avec mon mari on habite ici mais il a aménagé une partie de l’appartement pour son travail.
Sheila observa rapidement les lieux. C’était un petit hall d’entrée qui donnait sur deux portes : l’une sur laquelle on pouvait lire "bureau'' et l'autre qui devait mener à l’appartement privé du couple.
À cet instant la première porte s’ouvrit et laissa sortir le détective.
— Ah mademoiselle ! J’espère que vous allez bien. Venez, je vous accompagne jusqu’à mon bureau…
— Vous voulez une tasse de café mademoiselle ? demanda gentillement sa femme.
— Non merci c’est gentil.
Sheila suivit le détective dans le bureau. C’était une pièce assez exigüe mais décorée avec goût. Delseny s’installa derrière son bureau et invita la jeune femme à s’asseoir en face de lui.
— Déjà Mlle, j’espère que je ne vous ai pas trop surpris hier avec mon offre ?
— Un peu quand même. Ce n’est pas tous les jours qu’on reçoit une proposition comme celle-ci, répondit-elle en souriant.
— Oui c’est vrai. Mais comme je vous l’ai dit, je tiens beaucoup à cette affaire.
— Ah ?
— Oui… mais nous en parlerons plus tard. Concentrons-nous plutôt sur le présent et venons en aux faits. Brahms m’a fait un résumé de l’affaire mais il y a quelques points que j’aimerais éclaircir avec vous. Si comme le dit l’inspecteur, votre frère s’est bien enfui auriez vous une idée de l’endroit où il pourrait se trouver en ce moment ?
— Non je ne sais pas du tout. En fait, il y a tellement d’endroits possibles où il aurait pu se rendre. On a grandi à Paris, il connaît la ville comme sa poche. Il pourrait se trouver n’importe où.
— Oui je vois. Mais tout de même pourriez vous me faire une liste de ses lieux favoris, ceux où il avait l’habitude d’aller ou l’adresse de ses amis ?
— Oui je peux faire ça.
— Très bien. J’aimerais aussi en savoir un peu plus sur votre frère. Il a exactement 27 ans c’est ça ?
— Oui, il a deux ans de plus que moi.
— Et il a toujours été sujet à des troubles de ce genre ?
— Non jamais. C’est ce qui m’a surpris. C’est arrivé il y a huit mois environ. Au début, on pensait que c’étaient de simples stress dûs à un récent cambriolage, mais ça a continué et ça s’est accentué. Les médecins l’ont attribué à un stress post-traumatique suite à la mort de nos parents, il y a 15 ans.
— En 2000…
— Oui j’avais 10 ans et mon frère 12.
Sheila attrapa le collier autour de son cou. Elle se rappelait encore le jour où sa mère lui avait offert. Elle n’aimait pas parler de ces événements et Delseny, l’ayant sans doute remarqué, changea brusquement de sujet :
— Que fait votre frère comme métier ?
— Il est chercheur en biologie marine.
Cette fois c’est Delseny qui se senti soudain mal à l’aise mais il se reprit aussitôt.
— Beau métier. Et vous que faites vous au fait ?
— Je suis professeur de mathématiques. Mais je joue aussi du violon dans un orchestre.
— Ça doit être passionnant !
— Vous aussi j’imagine.
— Oui c’est vrai que j’aime beaucoup ce métier, mais…
— Oui ?
— Non rien, ce n’est pas important. J’y pense, votre frère devait avoir un téléphone portable.
— Oui mais on l’a retrouvé dans sa chambre d’hôpital. C’est M.Brahms qui doit l’avoir.
— Il a dû oublier de m’en parler. J’y jetterai un coup d'œil. Bon, eh bien, je vais réfléchir à tout ça et je vous tiens au courant.
— Merci.
— Et ne vous inquiétez pas, je ferai tout ce que je peux pour le retrouver.

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