Quelques heures plus tard…
Delseny ouvrit lentement les yeux. 4h47, il n’avait dormi que quelques heures et pourtant cela lui avait paru une éternité. Il bougea avec précaution ses articulations endolories par la mauvaise posture dans laquelle il avait néanmoins réussi à se reposer. Il se redressa quelques instants pour tenter de retrouver ses esprits. Il essayait surtout de chasser le passé et laisser la place au présent. En effet, la mission était tout sauf aboutie. Pourtant Rose et Sheila comptaient sur lui. Megan également ne manquerait pas de le questionner sur ses projets dès qu’elle les rejoindrait. D’un geste machinal, Delseny attrapa son téléphone. Cependant, l’ayant lâché maladroitement de sa main, le portable tomba son son siège.
— Manquait plus que ça ! grogna-t-il
Il se retourna, en même temps que son voisin assis sur le siège dos au sien, qui venait visiblement d’être surpris par le bruit. Lorsqu’il croisa le regard de celui-ci, un éclair passa soudain dans l’esprit du détective. Il était sûr qu’il avait déjà vu ce visage quelque part.
Après avoir ramassé son téléphone, Delseny entreprit de retrouver l’identité de ce personnage. Petit à petit l’image se fit de plus en plus claire dans son esprit. Il finit par retrouver trois ou quatre situations où il l’avait déjà rencontré : il y a quelques semaines dans l’angle de sa rue, l’avant veille dans une librairie de l’autre côté de Paris et encore tout à l’heure dans le rétroviseur de sa voiture. Tout cela était étrange. Une soudaine inquiétude traversa le détective. Et si… Mais oui ! Il aurait dû y penser plus tôt ! Comment avait-il pu être aussi imprudent ! Cela ne faisait aucun doute dans son esprit. Mais il fallait maintenant qu’il agisse vite, sans quoi la mission risquait de virer à l’échec !Rose sentit son téléphone vibrer au travers de son sommeil. Elle n’eut pourtant pas la curiosité d’ouvrir le message. Elle entrouvrit seulement légèrement les yeux comme pour voir si le monde autour d’elle n’avait pas subitement changé. Elle entraperçue alors le visage de son mari. Les sourcils légèrement froncés et les yeux grands ouverts, il semblait vouloir lui faire comprendre quelque chose. Sur le coup Rose ne comprit pas ce qui lui valait ce regard insistant, jusqu’à ce que Gérard agite discrètement son propre portable. Rose se redressa sur son siège et sortit son téléphone de sa poche. Elle trouva effectivement un message de son mari : « RDV porte 26. PS : discrétion ! » Rose fronça les sourcils : Qu’est-ce que ça voulait dire ? En guise de question, elle envoya deux points d’interrogation. « pas le temps. plus tard. » Au moins c’était clair ! Delseny lança un dernier coup d'œil vers Sheila endormie, puis se replongea dans son livre. Rose avait compris le message. Avec une agilité qui surprit le détective, elle réveilla rapidement Sheila et l’informa par une infinie discrétion de la demande de son mari. La jeune femme parue elle aussi surprise, mais elle suivit les directives de Delseny. A peine une minute plus tard, Rose et Sheila étaient parties, laissant seul le détective face à son… ou ses ennemis ! Celui-ci attendit encore une dizaine de minutes pour éviter d’éveiller les soupçons. Puis il quitta lui aussi le siège sur lequel il avait passé la nuit. Il traversa ensuite les immenses halls et couloirs vitrés de l’aéroport, tout en jetant régulièrement de rapides coups d'œil derrière lui. En quelques minutes, il rejoignit les deux femmes, assises l’une à côté de l’autre à la porte d’embarquement. Toutes deux le regardaient d’un air interrogateur, ce qui n’encouragea pas pour autant le détective à s’expliquer. Car Gérard n’était encore une fois pas un grand bavard.
— Alors ? demanda finalement Rose devant le mutisme de son mari. Qu’est-ce qu’il se passe ?
Gérard prit le temps de s’asseoir avant de soupirer puis d’expliquer :
— On était suivi !
— Non ! Par qui ? fit Sheila surprise.
— L’homme qui était juste derrière moi. Et aussi peut-être celui à côté de l'extincteur à incendie…
— Et donc tu veux qu’on change de vol ? réfléchit Rose
— Exactement, on fera un détour par New York.
— Mais t’as pas peur qu’ils nous retrouvent ?
— Normalement j’ai pas été suivi et… vous non plus. Pendant que vous dormiez tout à l’heure, je suis allé me renseigner sur les billets et j’ai demandé à ce que notre identité sur la liste des passagers reste cachée au public. On embarque dans très peu de temps, ils pourront sûrement pas nous retrouver avant ça.
— Et sinon ? s’inquiéta Sheila.
— Sinon… on verra.
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Le Secret de l'Endurance
Приключения12 janvier 2015. Paris. Sheila, 25 ans est orpheline et son seul frère vient de disparaître. Comme la police, elle est convaincu qu'il s'est enfuit de l'hôpital psychiatrique où il était soigné. Jusqu'au jour où un détective privé lui propose gratui...