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Quelques heures plus tard…

La nuée de pigeons s’envola en un battement d’ailes, laissant passer Megan préoccupée. Elle venait d’annoncer à son chef son départ imminent et ça n’avait pas vraiment été le meilleur quart d’heure de son existence.
— C’est une blague Megan ! Avec tout le retard qu’on a, tu crois que tu peux te permettre de partir comme ça du jour au lendemain ?! Compte pas sur moi pour garder ta place !
Sur le coup elle se demanda si sa décision n’était pas irraisonnée, si elle ne prenait pas un risque démesuré. D’un autre côté, elle savait au fond d’elle que si elle ne prenait pas ce risque, elle le regretterait toute sa vie. Tout le long du trajet qui la menait à l’aéroport, son esprit ne cessa de douter. Jusqu’au dernier moment, jusqu’à se trouver enfin devant la porte automatique du hall de l’aéroport, elle hésita. Les portes glissèrent. L’aérogare était déjà en pleine activité. Une demi-seconde plus tard, Megan s'engouffra dans le bâtiment. Cette fois-ci elle ne pouvait plus revenir en arrière…

L’avion Paris-New York atterrit à l’heure prévue. Megan attendait. Elle ressentait en elle un mélange étrange de crainte et d’impatience. Revoir Rose et Gérard, mais surtout rencontrer Sheila ne provoquerait-il pas un retour du passé ? La blessure qui avait pris tant de temps à guérir allait-elle se rouvrir ?
C’est Rose qui passa la porte en premier. Avec son sourire chaleureux elle la rassura tout de suite.
— Ah Meg ! Ça fait plaisir de te revoir, lui dit-elle en l’embrassant.
— Oui ça faisait tellement longtemps !
Contrairement à Gérard, Rose n’avait jamais perdu contact avec Megan. Grâce à sa douceur et à sa patience, elle avait réussi à dompter le caractère de celle-ci qui avait plus d’une fois accepté de se confier à cette oreille attentive, particulièrement à la suite du drame. Megan n’avait jamais oublié cela.
La relation entre cette dernière et Gérard avait néanmoins été un peu plus complexe… Ayant coupé les ponts peu de temps après leur retour de l’Endurance, il ne s’étaient pas reparler pendant une quinzaine d’années. Ce n’était donc pas sans un certain malaise qu’elle retrouvait son vieil ami.
— Salut Megan ! Content de te revoir ! commença-t-il en souriant.
— Salut Gérard  ! répondit-elle seulement en lui serrant la main.
Sheila arriva la dernière. Megan ressentit alors une émotion étrange, indescriptible, une sorte de joie mêlée de mélancolie. Elle n’avait rencontré Sheila qu’une seule fois, juste avant le départ de l’Endurance quinze ans auparavant. Celle-ci avait bien changée depuis et ressemblait de plus en plus à sa mère.
— Bonjour Sheila. Je suis très heureuse de te rencontrer.
— Bonjour Megan. Moi aussi je suis contente de pouvoir vous rencontrer.
— Tu peux me tutoyer tu sais. Tu es quand même la fille d’Anna, ma meilleure amie.
Sheila fut tout de suite à l’aise en rencontrant Megan. Elle avait appréhendé ce moment toute la durée du vol. Mais dès le premier instant elle ne douta pas du choix d’amitié qu’avait fait sa mère. Elle fut d’ailleurs heureuse d’entendre prononcer ce nom, Anna, qui dans la bouche de Megan reflétait bien plus qu’un banal prénom. 
— Ça vous dit un café ? proposa immédiatement Gérard.
Et devant l’accord unanime, le petit groupe s’installa à la table d’un café de l’aéroport. A côté d’eux une famille avec deux jeunes enfants discutaient en anglais. A part eux, il n’y avait pas d’autres clients. Le serveur ne tarda pas à arriver. Les trois français commandèrent un café et Megan préféra un soda.
Tout le monde avait compris que le détective voulait leur parler. Les retrouvailles furent donc mises à plus tard et sans se faire prier Gérard exposa le plan qu’il avait élaboré pendant le trajet. L’objectif était de se rendre à Alert près duquel était amarré l’Endurance, en souvenir des deux scientifiques disparus. Ce n’était pas déjà une mince à faire car Alert était le lieu habité le plus au nord de la planète. Une fois là-bas, ils pourraient se rendre plus facilement jusqu’au bateau.
— J’ai pensé, expliqua Gérard, qu’on pourrait demander l’aide de Jack Sue. Si je ne me trompe pas, il travaille toujours à la base météorologique d’Alert. Peut-être qu’il pourrait nous loger…
— Il me semble qu’il y est toujours, répondit Megan à la question sous-entendue de Gérard. Je crois que j’ai son numéro d’ailleurs.
— Tu penses qu’il serait possible de l’appeler ?
— Oui pas de problème. Je te donne son numéro, comme ça tu peux tout lui expliquer.
— Merci beaucoup.
Sur ce, il s'éloigna pour passer son appel…
— Qui est Jack Sue ?  demanda alors Sheila.
— C’est un météorologue, lui répondit Rose, il a travaillé avec nous sur l’Endurance et depuis quelques années il a été basé sur la station météorologique d’Alert. Il est très gentil mais un peu… comment dire…
— Surprenant ! conclut Megan.

Le Secret de l'Endurance Où les histoires vivent. Découvrez maintenant