Le Secret de l'Endurance

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1 semaine plus tard…

La nuit tombait à peine. Le soleil, qui venait de se cacher derrière les montagnes, laissait dans le ciel une traînée de couleurs vives et éclatantes. À contre jour, les montagnes paraissaient noires malgré le blanc de la neige qui les recouvrait. Une légère brume s'était levée et dessinait une ligne séparatrice entre montagnes et plaines désertiques où la neige fondue avait laissé derrière elle une couche d'herbe brûlée. C'est sur cette végétation cuivrée que l'hélicoptère était posé.
Sheila observait le décor, ce spectacle sans bruit, apaisant. Ça la calmait un peu.
Étrangement elle était plus inquiète que lors de l'exploration de l’Endurance. Était-ce parce que cette fois-ci elle allait s'élever dans les airs ? Ou alors peut-être était-ce juste de l'appréhension… l'appréhension de se rapprocher un peu plus de ses parents… Sheila ne voulait pas que William remarque son anxiété. Pour paraître tout à fait à l’aise, elle ne cessait de se réinstaller un peu mieux sur son siège, de remettre ses cheveux en place, ou d'ouvrir et de refermer la fermeture de son manteau. En un quart d'heure elle avait dû demander trois ou quatre fois à Eliot si tout allait bien, lui qui se trouvait au meilleur de sa forme.
Installé derrière le pilote, autrement dit derrière William, Eliot attendait avec excitation le décollage. Néanmoins, il avait parfaitement compris le sérieux de la mission et se tenait prêt à exécuter à la lettre toutes les tâches qu'on lui confierait. Contrairement à William et Sheila, il n'était pas directement en communication avec le reste de l'équipe. Il devrait donc essayer de reconstituer les événements grâce aux bribes de conversations qu'il réussirait à entendre.
William, quant à lui, attendait, concentré. D'une minute à l'autre, Tom leur donnerait le signal du départ depuis la station radio de la base. Il se tenait donc prêt au décollage. Prendre les commandes de cet engin à hélice ne lui faisait pas peur. Il avait une certaine expérience en la matière depuis les quelques années qu'il pilotait pour son plaisir.
— C'est bon, vous pouvez y aller !
— Bien reçu Tom !
William alluma le moteur et les hélices se mirent à tourner dans un bruit assourdissant, brisant le silence apaisant qui les entourait. Puis lentement l'hélicoptère s'éleva. Sheila ressenti une drôle de sensation dans son ventre comme à chaque fois qu'elle montait avec son frère. 
— C'est bon, on a décollé !
William était le seul dans l'hélicoptère à posséder un casque doté d'un micro. C'est lui qui transmettrait donc les informations aux autres membres du groupe.
— Nous aussi !
Megan pilotait le petit avion de Jack en compagnie de Rose. Jack qui n'avait lui-même pas pu participer à cette expédition, avait souhaité aider ses amis comme il le pouvait. La petite équipe profitait donc du fameux petit avion rouge et blanc qui récupérerait Gérard, Michel, Anna et Tom. L'hélicoptère, lui, ne servirait qu'à faire diversion. Car c'est parfois en faisant le plus de bruit qu'on se fait le moins remarquer.
Le plan établi par Delseny était assez simple mais demanderait une grande précision : Megan devait arriver en première, quelques minutes avant l'hélicoptère. Elle transmettrait ensuite les coordonnées de l'endroit où elle aurait pu se poser discrètement. Dès que Tom confirmerait que l'hélicoptère soit bien en vue, Eliot transmettrait les coordonnées à Delseny sous forme de signaux lumineux. Alors que le camp serait calfeutré par peur d'être repéré par des vigiles, Delseny et les Delaire se rendraient à l'avion où Tom les rejoindrait après avoir emprunté un autre chemin. 
L'opération ne devait durer que peu de temps, une heure maximum. Et l'hélicoptère ne devait en aucune façon traverser la vallée, auquel cas il risquerait d'éveiller les soupçons.
William se remémorait les étapes mentalement. Aucune d'elles ne devaient être oubliées. Il faisait maintenant nuit noire mais il parvenait tout de même à se repérer grâce au faisceaux lumineux qui éclairaient le sol. Il était un peu stressé, mais restait concentré. Un micro commença soudain à grésiller dans son casque, puis il entendit la voix de Megan :
— C'est bon on est posé ! Je vous donne les coordonnées !
— Parfait ! Eliot tiens toi prêt à noter !
Celui-ci était en position. Il nota soigneusement tous les chiffres transmis par William malgré les secousses de l'appareil.
— C'est bon William. J'ai tout !
— Super ! C'est bon pour nous Megan ! Tom, on approche, tu nous dis quand on est en vu !
— Oui pour l'instant vous… Mince !
Un bruit sourd puis plus rien.
William et Megan attendirent quelques secondes mais toujours le même silence…
— Tom ?
Megan commençait à s'inquiéter.
— Tom, tu nous reçois ?
— Il a dû se passer quelque chose Megan. C'est pas normal !
— Comment on fait alors ?
— Est-ce que tu nous vois avec l'hélico ?
— Non, j'arrive pas à voir de là où je suis et avec le casque j'entends rien. Ah… attends Rose me dit qu'on commence à vous entendre !
— Ah c'est déjà ça !
— Le bruit s'accentue, vous vous rapprochez…
— Le problème c'est qu'il faudrait pas qu'on s'approche trop non plus !
Le cœur de William commençait à battre de plus en plus vite. Il ne savait plus s'il devait avancer ou reculer.
— De toute manière on n'a pas le choix ! Envoyez le message ! leur conseilla Megan.
— T'as raison ! Eliot tu peux y aller !
À l'arrière de l'hélicoptère le jeune garçon s'exécuta. Grâce à un enchaînement de légers signaux bleus il transmit les coordonnés à Delseny. Ils se confondaient presque avec les faisceaux de l'hélicoptère mais pas assez pour les yeux aguerris du détective. Le fait qu'Eliot connaisse parfaitement le morse favorisait également l'efficacité de la communication. Pour lui c'était presque comme parler français ou anglais. Simple quoi !
— C'est bon j'ai fini ! Est-ce que je continue ?
— Oui recommence ! Il vaut mieux !
William ne savait plus vraiment quoi faire. Relancer le message, c'était prendre le risque que les bandits le décodent eux aussi. Mais Delseny avait-il pu relever les coordonnées ? Sa mâchoire se crispa. Il était perdu.