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Au même moment…

Eliot marchait d'un bon pas. Il ne se souciait pas de ce qui se passait autour de lui. Il était déterminé ! La semaine passée, il avait fait 12 ans. Maintenant il était grand, vraiment grand. Il avait pensé la même chose l'année précédente, mais là, ça n'avait rien à voir. À 12 ans, on a plus peur de rien ! Plus peur des chiens qui aboient dans la rue, plus peur de dormir dans le noir et plus peur des araignées qui pendent au plafond et qui vous regardent avec un air effrayant, comme si elles allaient vous manger tout entier. A 12 ans c'est fini tout ça ! On est presque un adulte quoi !
Toujours de son pas assuré, Eliot arriva devant l'immeuble qu'il cherchait et sonna à l'interphone. Une voix de femme lui répondit :
— Oui ?
— Bonjour ! C'est Eliot.
— Bonjour Eliot ! Je t'ouvre !
Quelques minutes plus tard, le jeune garçon frappait à la porte et entrait sans attendre dans l'appartement, comme il en avait l'habitude depuis quelques semaines.
— Bonjour !
— Salut Eliot ! Tu vas bien ?
Sheila, William et Rose devaient partir le surlendemain pour l'Alaska et terminaient donc de préparer leur expédition.
— J'aimerais venir avec vous !
Les trois amis s'arrêtèrent soudain.
— Comment ça ? demanda Sheila.
— J'aimerais vous accompagner en Alaska.
William soupira. Il cherchait les bons mots pour lui expliquer que ce qu'il demandait n'était tout simplement pas possible. Mais Eliot ne lui laissa même pas le temps de réfléchir.
— Mes parents doivent partir deux semaines avec mon frère, je me souviens plus où. Ma sœur va dormir chez des amies mais moi je sais pas où aller. Alors mes parents veulent que je reste chez une grande tante qui habite Paris. Sauf que moi j'ai pas envie. Elle doit avoir au moins cent ans et je la connais presque pas ! En plus j'ai envie de vous aider !
William allait dire quelque chose. Il avait vraisemblablement réussi à trouver les mots qu'il cherchait. Mais Sheila lui coupa la parole :
— Et tu ne peux pas accompagner ton frère et tes parents ?
Eliot secoua la tête.
— Parce que, tu vois, ça va être compliqué de t'amener. C'est plutôt une affaire de grandes personnes.
— Mais je suis grand moi aussi ! J'ai 12 ans maintenant !
— Écoute Eliot, ça risque d'être dangereux et on peut pas prendre la responsabilité de t'emmener. Tu comprends ? lui expliqua finalement William.
— J'ai pas peur ! protesta le jeune garçon.
Mais Sheila, William et Rose restaient sur leur position.
— Tu veux rester pour nous aider à tout préparer ? lui proposa Rose gentiment.
Celui-ci accepta et se mit au travail, ce qui atténua quelque peu sa déception.
Nos trois amis s'étaient bien gardés de lui dire qu’il était justement la personne qui leur manquait.

Eliot écoutait. Ses parents étaient en pleine discussion avec une personne par téléphone. Il n'écoutait pas aux portes ! Bien sûr que non ! Mais il avait entendu par hasard qu'il était le sujet de la conversation ! Comment voulez-vous, à partir de là, que son oreille ne soit pas attirée - contre son gré bien sûr - par cette discussion secrète ? Cette oreille d'ailleurs - oui c'est toujours la faute de son oreille - cette oreille donc, finit par se retrouver collée contre la porte de la chambre des parents Tessier !
C'est à ce moment-là que la discussion prit fin et que le père d'Eliot tira la poignée. Surpris, Eliot faillit tomber par terre.
— Tiens Eliot ! C'est drôle ! On allait justement t'appeler et tu te trouves comme par hasard devant, ou plutôt collé, à notre porte !
Eliot sourit d'un air gêné. Alors qu'il se frottait la tête, là où elle avait cognée l'encadrement de la porte, il se rappela qu'à 12 ans, on ne doit plus à avoir mal pour de simples bobos !
— Bon t'as entendu alors ? On a pas besoin de t'expliquer !
— Non j'ai presque rien entendu ! Dis-moi s'il te plaît papa !
Il avait les yeux grands ouverts et attendait avec impatience les explications de son père. Celui-ci rit un peu devant le visage si expressif de son fils.
— T'es un petit malin toi ! T'as réussi à pas aller chez la grande tante !
Eliot ouvrit ses yeux encore plus grands.
— C'est William qui a appelé. Ils veulent bien que tu partes avec eux.
Eliot exultait et sautait dans tous les sens au milieu du salon. Jusqu'au moment où il se rappela qu'il avait maintenant 12 ans… Avait-on le droit de sauter de joie à 12 ans ? Après mûre réflexion, il convint finalement que ce devait plutôt être à 13 ans, que les enfants arrêtent de sauter dans le salon. Il lui restait donc encore un an moins une semaine pour exprimer son bonheur d'une telle façon !

Le Secret de l'Endurance Où les histoires vivent. Découvrez maintenant