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Sheila ferma sa valise. Une fois de plus sa vie venait de basculer. Et cette fois, c’était grâce à Eliot qu’elle avait pu renouveler ses espoirs. Après l’avoir quitté, elle avait appelé Delseny sans attendre. Une réunion de crise avait alors été improvisée chez elle, au sixième étage d’un immeuble parisien. Sheila habitait dans l’un de ces appartements miniatures qui remplissent la capitale. Tous trois s’étaient installés à la table autour d’une tasse de café, éclairés par la lumière du soleil qui passait à travers la fenêtre du salon.
— Je pense savoir où est William, avait commencé Sheila.
Les Delseny la regardèrent d’un air interrogateur.
— Je crois qu’il est… dans l’Endurance, le bateau où se trouvaient mes parents lors de leur dernière mission en Arctique…
La réaction du couple fut soudaine. Rose lâcha malgré elle sa tasse de café qui vint se briser sur le carrelage. Delseny lui se leva d’un bon. Sheila n’en revenait pas. Pendant quelques secondes, elle ne sut plus ce qu’elle devait dire. C’est en voyant Rose s’abaisser pour ramasser les débris qu’elle retrouva ses esprits.
— Attends Rose, laisse moi faire…
Alors que Sheila s’occupait à nettoyer le sol, Delseny, le visage face à la fenêtre, faisant dos à la pièce, observait un petit objet sorti de sa poche, qu’aucune des deux femmes ne pouvait voir. C’est finalement Rose qui, d’une voix tremblante, brisa le silence :
— Alors qu’est ce qu’on fait maintenant ?
Delseny soupira et se détourna de la fenêtre.
— Sheila, tu es bien sûre de ce que tu affirmes.
— Oui presque.
Elle leur raconta alors comment Eliot avait réussi à surprendre cette phrase si riche de sens pour eux.
Delseny se contenta d’un « Mmh » qui pouvait signifier à la fois tout et n’importe quoi, puis deux longues minutes passèrent sans un mot, sans réaction. Il était plongé dans une profonde réflexion.
— Et bien… je crois, finit-il enfin par dire, je crois qu’on doit se rendre là-bas… au bateau… en Arctique. Si vous êtes d’accord bien sûr ?
Il les regarda d’un air interrogatif.
— C’est d’accord, répondit d’abord Rose.
— Alors je vous suis, renchérit Sheila.
— Tu ne veux pas informer la police, Gérard ?
— La police… elle ne nous croirait jamais. Non, on va encore agir tous les trois. En tout cas pour l’instant.
S’en était suivi une longue discussion sur l’organisation du voyage. Par chance ils avaient réussi à trouver un billet d’avion pour Ottawa au Canada qui partait le soir même. Là-bas ils aviseraient. 
Sheila s’était immédiatement affairé à la préparation de ses bagages et les Delseny avaient fait de même. Elle ne réalisait pas encore qu’elle allait bientôt devoir entrer dans la dernière demeure de ses parents. Elle pensait plutôt à son frère, car l’espoir revenait enfin en elle.
Cependant un léger détail vint de nouveau chambouler le cours de ses pensées. Alors qu’elle passait près de la fenêtre, elle remarqua un rectangle de papier posé sur le rebord. Elle s’approcha pour mieux l’examiner et comprit qu’il s’agissait en fait du verso d’une photographie. On pouvait y lire, écrit au stylo bic “20 novembre 1999”. Cette photo ne lui disant rien, Sheila pensa que Delseny avait dû la laisser tomber. Elle la retourna.
Dès la première seconde, son visage changea d’expression. Delseny était là avec son père, son père à elle, bras dessus bras dessous. Juste derrière eux, un bateau. Un bateau qui portait le nom d’Endurance.

Le Secret de l'Endurance Où les histoires vivent. Découvrez maintenant