Le Secret de l'Endurance

18

— Allô ?
— Allô Megan ? C’est toi ?
Cette dernière reconnut immédiatement la voix teintée d’un très mauvais accent anglais.
— Tiens ça faisait longtemps ! Une quinzaine d'années si je me trompe pas !
— C’est Rose qui m’a dit de t’appeler…
— u dois avoir une sacrée raison de m’appeler pour l’avoir écouté.
— Oui c’est vrai…
— Attends Gérard tu veux pas qu’on passe en français plutôt ?
Delseny fut heureux de reprendre sa langue maternelle pour la discussion qui devait suivre.
— Donc tu m’appelles juste quand t’as besoin de moi !
— Meg, je vais t’expliquer…
— Tu veux pas qu’on fasse comme si rien ne s’était passé !
— Meg… écoutes…
— Je te préviens j’ai toujours pas quitté mon poste à la NASA et je suis pas prête de le faire !
— Meg c’est vrai qu’au début j’étais pas très content que tu acceptes ce boulot juste après le drame…
— Pas très content ? Tu m’en as sacrément voulu, oui !
— Oui c’est vrai…
— Moi je regrette pas d’avoir accepté cette promotion après la mission. Je suis sûre que c’est ce qu’Anna aurait voulu !
— Meg…
— Et moi non plus j’étais pas d’accord avec ton choix d’abandonner complètement la bio marine ! Je pense que c’est pas ce qu’aurait voulu Michel !
— Megan ! Ecoutes moi s’il te plaît ! lança-t-il finalement.
Devant la voix ferme de Gérard, Megan se calma un peu et le laissa continuer.
— Ecoutes Meg… On a tous les deux pris des décisions différentes. Tu as raison, je pense qu’Anna aurait voulu que tu acceptes cette promotion et je sais que Michel aurait aimé que je continue la biologie. Mais j’ai pas pu, c’était trop dûr pour moi et j’en suis sûr Michel l’aurait compris.
— Et tu penses à ça maintenant que t’as besoin de moi !
— Megan on a jamais eu le courage ni toi ni moi de faire la paix. Alors pourquoi pas en profiter aujourd’hui ?
Delseny attendit la réponse de sa vieille amie pendant un temps qui lui sembla une éternité… De son côté Megan hésitait. Elle voulait en finir avec cette histoire mais son amour propre faisait obstacle
— D’accord, mais dans ce cas on revient pas sur le débat, concéda-t-elle finalement.
— Marché conclu !
— Alors dis moi, qu’est-ce que tu voulais me demander ?
— Eh ben… comment dire… c’est justement en rapport avec Michel et Anna… Je crois que si tu veux prouver ton amitié c’est le bon moment…
— Comment ça ?
— Tu te souviens de William et Sheila ?
— Bien sûr. Et alors ?
Megan commençait à s’impatienter. Gérard mettait trop de temps, pour son caractère impatient, avant d’arriver au bout de son explication.
— William a disparu il y a quelques mois… Il a été enlevé.
— Non !
Megan était abasourdie par cette nouvelle.
— Et donc, tu as besoin de mon aide pour le retrouver ?
— Oui Megan, parce que… parce que… il va falloir retourner au bateau !

Megan ne s’était pas encore remise de l’annonce du détective. Elle avait tout de suite compris de quoi son ami voulait parler.
— Quoi ?! avait-elle lancé presque en criant.
— Oui, on a de bonnes raisons de croire qu’il se trouve dans l’Endurance…
— Mais Gérard, tu sais bien que je pourrai jamais retourner dans ce bateau !
— Oui je sais… Mais juste une dernière fois… pour Anna…
Au fond d’elle Megan le savait elle n’avait pas le choix, pour la force de leur amitié…
— D’accord.
— Parfait ! Merci Meg ! Je te rappelles tout à l’heure pour t’expliquer comment on s’organise…
— Attends Gérard !
— Quoi ?
— J’ai juste une question… Comment Sheila a réagit quand tu lui as dit qui on était ? Enfin que tu étais le meilleure ami de son père et moi la meilleur amie de sa mère.
— Eh ben c’est à dire que…
— Me dit pas que tu lui as rien dit !
C’est justement pour cette raison que Megan avait posé cette question. Elle connaissait trop Gérard pour ça…
A l’autre bout de fil, celui-ci soupira.
— Elle doit le savoir maintenant…