Le Secret de l'Endurance

5

À sa sortie du commissariat, Delseny se rendit directement en direction de la station de métro la plus proche. Sur le trajet jusqu’à chez lui, dans le 19e arrondissement, il prit le temps de réfléchir à ce qui venait de lui arriver.
Tout avait commencé au moment où Sheila était entrée dans la pièce. Brahms était alors en train de lui donner des renseignements sur un important braquage qui avait eu lieu quelques semaines auparavant. Il lui avait fallu quelques micro-secondes pour revenir au présent, mais dès qu’il l’avait vu, il avait eu l'impression qu'il la connaissait. En particulier, ses yeux  lui rappelaient vaguement quelqu’un. Pendant que les rouages de son cerveau cherchaient à établir un lien entre cette fille et ses yeux, et toutes les autres personnes qu’il avait rencontré dans sa vie, Brahms avait fait asseoir la jeune femme et procédait aux présentations. C’est alors que deux mots prononcés par ce dernier avaient explosé dans sa tête : Sheila Delaire. Durant les quelques minutes qui avaient suivi, ce nom avait fait le tour de son esprit. Etait-ce bien elle ? Était-ce vraiment possible ?  Les trois dernières questions qu’il avait posées à Brahms n’avaient fait que renforcer ses suppositions. Il avait alors immédiatement rappelé Sheila pour lui proposer ses services.
— Mais tu es fou ! lui avait alors lancé Brahms.
— Ne t’en fais pas j’ai mes raisons.
— D’accord comme tu veux.
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, Delseny savait ce qu’il faisait. Brahms lui ne pouvait pas comprendre, mais sa femme, elle, comprendrait. Il arrivait justement devant chez lui. Montant quatre à quatre les escaliers, il imaginait sa réaction lorsqu’il allait lui annoncer la nouvelle. Il entra en trombe dans l’appartement.
— Gérard ? C’est toi ?
Elle arrivait en courant.
— J’ai quelque chose à te montrer. Tu devineras jamais Gérard ! 
— Ça tombe bien, moi aussi j’ai une surprise Rose !
Delseny lui tendit la carte de visite de Sheila, en même tant que sa femme lui montrait une capture d’écran sur son téléphone. C’était un article de journal sur lequel on pouvait lire en grosses lettres noires « Disparition du jeune William Delaire ». Delseny ouvrit de grands yeux puis parti en éclat de rire.

— Allo ?
Sheila se demandait qui pouvait bien l’appeler à cette heure avancée de la  soirée.
— Oui, allo Mlle Delaire. C’est Brahms à l’appareil. Je vous appelle avec mon  téléphone personnel. C’est à propos de la proposition de M.Delseny.
— Ah vous êtes au courant ?
— Oui j’étais avec lui quand il vous a appelé. J’imagine que son offre vous a quelque peu… comment dire… surpris ?
— Un peu oui.
— Écoutez, je ne sais pas pourquoi il vous a fait cette proposition mais suivez mon conseil, acceptez son offre, faites lui confiance.
— C’est que…
— Ne passez pas à côté de cette occasion mademoiselle. Je connais Delseny depuis presque dix ans et il est très sérieux et compétent.
— Et bien merci monsieur. Je vais y réfléchir.
— Avec plaisir. Bonne soirée !
— Vous aussi. Au revoir.
Sheila ne réfléchit pas plus longtemps. L’après-midi même elle avait regardé les avis sur internet et cet appel ne faisait que renforcer sa décision.
Elle le rappela immédiatement et le rendez-vous fut pris à son bureau, le lendemain à 17h30.