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Quelques instants plus tôt…

— Tom, on approche, tu nous dis quand on est en vu !
La voix grésillait un peu.
— Oui pour l’instant vous…
Sous son casque, Tom avait l’impression d’entendre des pas s’approcher. Et puis d’un seul coup, la porte s’était ouverte.
— Mince !
Tom avait retiré son casque avec une telle rapidité que le câble s’était détaché de la radio. La communication était coupée.
Tom était un peu tremblant. Il ne s’attendait pas à être interrompu.  Mais une autre surprise l’attendait.
Lorsqu’il se retourna, il tomba nez à nez avec son père.
— Papa !
La manière dont il avait prononcé ce seul mot traduisait toute sa stupeur et son étonnement.
— Eh ben alors ? T’es surpris de me voir ! Qu’est-ce que tu fais ici ?
Tom ne savait pas quoi répondre. Il ne voulait pas mentir à son père. Il bafouilla un peu, puis soudain la lumière se coupa.
— Ah tiens ! Une coupure de courant ? Qu’est-ce qui se passe ?
Tom, lui, savait bien ce que cela signifiait : l’hélicoptère était en vue ! Et lui, il ne pouvait pas être à son poste pour les prévenir ! Il commençait à paniquer.
Heureusement, cette coupure soudaine du courant fit oublier à Bob Parks la question qu’il avait posé à son fils. 
— Je suis venu te voir parce que j’ai une proposition à te faire. Voilà, je suis en train de faire de nouveaux projets. Je ne pense pas que le trafic de voitures soit toujours aussi rentable, alors…
Tom l’écoutait à peine parler. On aurait pu croire qu’il le regardait avec attention, mais c’était en fait la fenêtre située juste à côté de la tête de son père qu’il ne cessait de scruter. Il avait vu passer l’hélicoptère. Il l’avait vu faire des signaux lumineux. Et il n’avait aucun moyen de rétablir la communication.

Gérard et les Delaire marchaient pour rejoindre l’avion. Il faisait froid, très froid, mais leur objectif n’était maintenant plus très loin.
— Mais qu’est-ce qu’il fait ?
Delseny grognait. Si Tom était parti à peu près en même tant qu’eux, comme c’était prévu, il aurait déjà dû les rejoindre.
L’hélicoptère passa presque au-dessus d’eux. Depuis plus de vingt minutes, il diffusait sans arrêt le même message, ce qui l’agaçait d’autant plus. 
— J’avais dit deux fois les coordonnées. Ils vont nous retrouver à la fin.
Le petit trio marcha encore quelques bonnes minutes jusqu’à arriver enfin au niveau de l’avion. Alors que pour Michel et Anna cela signifiait la fin de leur aventure, Delseny lui n’était pas du même avis.
Après avoir retrouvé sa femme, il repris aussitôt son rôle de détective.
— Où est Tom ?
— On sait pas. La communication a été coupée d’un coup.
De l’autre côté du fil William s’inquiétait.
— Megan, tout va bien ?
— Oui tes parents et Gérard viennent d’arriver ! Il manque plus que Tom !
William se sentit un peu soulagé. Mais tout n'était pas encore fini.
— Je comprends pas ! Pourquoi il répond pas ?
— Gérard te dit d’essayer de lui envoyer un message.
— Il comprend le morse ?
— Oui.
— Ok. Eliot, s’il te plait, dit à Tom qu’on l’attend. Et demande-lui de nous répondre.
Eliot s'exécuta, sans tarder. Il prit même le soin de ne pas utiliser le nom de Tom au cas où les bandits arrivent à décoder le message. Et en effet ce détail ne fut pas superflu. 

— William, on a un problème ! On nous a trouvé ! On doit décoller !
Celui-ci sentit son coeur s’emballer.
— C’est pas vrai ! Je sais plus quoi faire ! On va pas pouvoir rester comme ça longtemps !
Il sentait ses mains devenir moites sur les commandes et ne pouvait s’empêcher de trembler.
— On peut pas le laisser William !
La voix de Sheila le fit un peu sortir de son état de panique. Sheila avait tout entendu de la conversation et même si elle ne pouvait pas y participer directement, elle n’en pensait pas moins.
William demeura silencieux quelques secondes.
— D’accord ! On reste !

Les minutes passèrent. Ils étaient maintenant seuls au milieu des bandits. Seuls et démasqués !
Soudain, un bruit. Une sorte de voix qui semblait venir de très loin.
— Tom ? C’est toi ?
Pas de réponse. Mais d’étranges petits battements, comme si quelqu’un tapait doucement juste à côté du micro. Le rythme était inconstant, perturbant. Les silences particulièrement angoissants. William n’en pouvait plus. Ces petits coups dans son oreille mettaient ses nerfs, déjà fatigués, à rude épreuve.
— William ! Tu entends ?
La voix de Sheila rayonnait de bonheur et de soulagement. Son frère ne comprenait pas. Il fronça les sourcils.
— Tom est en train de nous envoyer un message !
La réaction de William fut immédiate :
— Eliot ! Vite, viens prendre la place de Sheila !
Le jeune garçon obéit sans traîner. Il était fier de pouvoir prendre place à l’avant.
— Dis nous ce que tu entends !
Eliot se concentra. Quelques secondes passèrent sans un bruit, sans compter bien sûr le vrombissement assourdissant de l’hélicoptère. 
— Pour l’instant, il arrête pas de demander si on l’entend.
William ne prit même pas le temps de réfléchir.
— Oui Tom ! On t’entend !
Puis ils se turent à nouveau. Les sourcils froncés, Eliot écouta longuement. A ce moment là, il n’avait rien du jeune garçon intrépide et rêveur que William et Sheila connaissaient. Il était sérieux, attentif… et terriblement doué ! Au bout d’une minute il se détendit.
— Alors ?
— C’est bon, il a fini. Il te demande si tu es d’accord.
— De quoi ?
— De descendre jusqu’à la station radio avec l’hélicoptère.
William resta silencieux quelques instants. Il était conscient du risque qu’il faisait prendre à toute son équipe s’il acceptait. Il sentait qu’il avait besoin d’aide.
— Megan, Gérard qu’est-ce que je fais ?
Pas de réponse. L’avion devait traverser une zone blanche. William se sentit soudain encore plus seul, encore plus désemparé. Il ne restait plus que Sheila et Eliot et il savait ce que tous les deux pensaient. Il prit une inspiration puis :
— D’accord ! On y va !
Et sans attendre une seconde de plus, il précipita l’appareil vers le camp. 

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