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le lendemain soir…

Le soleil venait de disparaître à l’horizon. Le ciel couleur de feu reflétait sa lumière sur l’immense étendue de neige. Il était 22h30. Delseny, Rose, Megan et Sheila se préparaient à partir. Jack, lui, resterait à la base météorologique. Pour l’occasion, il avait accepté de leur prêter le petit bateau à moteur qui servait pour ses expéditions scientifiques. Une fois que tout le monde fut équipé, le petit groupe monta dans le bateau et commença sa traversée vers l’Endurance.
Delseny paraissait calme, serein, sûr de lui, comme il était toujours sous sa fonction de détective. Avec une parfaite maîtrise de lui-même, il ne laissait paraître aucun des sentiments qui l’animaient à ce moment-là. Rose, quant à elle, ressentait beaucoup moins d’émotions à l’idée de retourner dans l’Endurance. Elle avait fait son deuil et elle était prête. Elle avait cependant beaucoup de mal à contenir son inquiétude. Certes, elle faisait confiance à son mari. Mais, elle était également consciente du risque qu’ils prenaient tous. Elle savait aussi que cette fois-ci, étant donné la situation, Gérard serait incapable d’agir avec un parfait sang-froid. Megan aussi était anxieuse. Malgré son tempérament endurant et fonceur, elle ne pouvait s’empêcher de tourner ses mains dans tous les sens. Pour chasser l’inquiétude de son esprit, elle se répétait mentalement toutes les formules physiques qu’elle pouvait connaître. Sheila, au contraire, n’était pas du tout inquiète. Ses cheveux volant dans le vent, elle était seulement animée par l’espoir de retrouver son frère. Elle savait qu’il s’agissait seulement d’une mission d’exploration qui avait seulement pour but de fournir des éléments fiables et convaincants à la police. Cependant, elle ne pouvait s’empêcher d’imaginer une fin plus victorieuse à cette expédition.
Alors que le petit bateau s’approchait à grand pas de l’Endurance, Delseny coupa le moteur. Avec de légères rames, ils avancèrent alors en silence jusqu’à rejoindre le bord de la banquise, le long de laquelle était amarré le navire. On entendait seulement le son doux des rames frôlant l’océan.

William attendait, allongé sur son lit. Il était 22h57. Dans trois minutes le veilleur passerait faire sa ronde. C’est seulement après cela qu’il pourrait mettre en œuvre son plan. Le temps serait compté. En effet, il avait décidé de profiter du passage de l’avion d’approvisionnement qui devait passer ce soir-là, pour s’échapper. Celui-ci se poserait normalement à 23h00 à côté de l’Endurance, sur la plate bande de neige, et reprendrait son envol un quart d’heure plus tard. Mais bien sûr avant de pouvoir rejoindre l’avion, il devait d’abord réussir à sortir de sa chambre. Pour cela, il y avait deux voies possibles. D’un côté la voie “classique”, autrement dit la porte, qui était totalement impossible à emprunter. De l’autre, la voie un peu plus “inhabituelle”, c'est-à-dire la fenêtre. Il s’agissait d’un hublot rond assez large pour y laisser passer un homme. Il donnait sur le sol enneigé, une dizaine de mètres plus bas. William avait par élimination choisi cette deuxième possibilité. En guise de corde, il avait réussi à rassembler six ou sept draps qu’il avait accroché les uns aux autres comme une chaîne. Tout était prêt, il ne restait qu’à attendre. William tourna la tête en direction du radio réveil. 22h59. Il ferma les yeux et écouta. Dans quelques instants, il entendrait les pas du gardien dans le couloir, puis le déclic du judas. Les secondes passèrent. Aucun bruit. 23h01. Toujours rien. Puis soudain le vrombissement d’un avion. Le cœur de William se mit à battre plus fort. Chaque minute perdue était maintenant une minute de moins pour rejoindre l’appareil.

Delseny et son équipe venaient d’arriver près de l’Endurance. Le petit bateau à moteur s'immobilisa juste en-dessous de la proue du bateau. En silence, le détective fit voler dans les airs, une corde épaisse et solide qui vint s’enrouler à la barrière du navire. Puis chacune leur tour, Rose, Megan et Sheila escaladèrent, appuyant leurs pieds le long de la paroi métallique. Pendant ce temps, Delseny tenait la corde bien tendue. Lorsque ce fut son tour, il planta un crochet en fer dans la glace, auquel il accrocha solidement la petite embarcation ainsi que la corde reliée à l’Endurance. Il pu ainsi grimper plus aisément jusqu’au pont du bateau.
Le pont était désert et sombre. Seul le silence semblait régner sur le navire. Ils furent alors surpris lorsqu’un vrombissement puissant brisa le calme. Delseny tourna la tête et remarqua un petit avion de ligne qui arrivait tout droit sur l’Endurance.
— Vite ! Cachez-vous !
Le petit groupe se rassembla derrière un canot de sauvetage. Puis soudain le bruit s’arrêta. L’avion semblait s’être posé tout près de l’Endurance. Ils purent donc sortir de leur cachette, et Delseny leur donna quelques dernières directives.  Puis le groupe se sépara chacun dans une direction opposée, munis de leur talkie-walkie. Le plus risqué était maintenant à venir…

Le Secret de l'Endurance Où les histoires vivent. Découvrez maintenant